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mardi 4 mai 2010

Franz von Stuck

“En opposant la haine à la haine, on ne fait que la répandre, en surface comme en profondeur” a dit le Mahatma Gandhi.
   Et pourtant, parfois, la mise en scène de la guerre, de la violence, du désastre, sont capables de produire de grandes œuvres.

Franz von Stuck en est un exemple parfait.

"Mort d'une Amazone" (1905) par le peintre allemand Franz von Stuck (1863-1928).

   Il s'agit d'un bel exemple d'Art Nouveau, avec de la couleur franche, une mise en scène grandiose et un curieux nu qui, tout en se protégeant des dards ennemis, se soutient un sein, pour on ne sait trop quelle obscure raison. L'érotisme de la guerre est ici un des soutènements philosophiques de l'artiste dont on peut discuter la pertinence. Mais quelle force et quelle sensualité! Les centaures et les guerriers se lardent de flèches alors que le bouclier, qui occupe pratiquement tout l'espace, par son rouge flamboyant, décrit un monde de violence et de rut.


   Franz von Stuck  (1863/1928)  est un peintre allemand symboliste et expressionniste. Il a également été sculpteur, graveur et architecte.
   Il est né à Tettenweis, en Bavière,  et a suivi des cours à l'académie de Munich.

   .Il a commencé à se faire un nom avec des illustrations pour le Fliegende Blätter et la création de vignettes pour la décoration des livres. Il ne se consacra à la peinture qu'à partir de 1889, où il obtint un succès avec son premier tableau "The Warder of Paradise" (voir ci-dessous).


    Son style en peinture est basé sur une grande maitrise de la composition et serait plutôt sculptural que pictural. C'est particulièrement vrai de "La mort d'une amazone", mais dans le tableau ci-dessus, on voit que le peintre fait surgir le visage et les mains de son modèle comme s'il s'agissait d'un bas-relief. Les couleurs sont particulièrement bien choisies, avec toujours ce rouge carmin pour les lèvres et cette beauté hellénique dont les artistes de l'époque étaient friands. 

   Les sujets favoris de Franz von Stuck sont de nature mythologique et allégorique. Mais son traitement de sujets classiques est généralement peu conventionnel. La statuette d'une athlète, dont des exemplaires en bronze se trouvent à Berlin, Budapest et Hambourg, montre son talent plastique.

    Parmi ses tableaux les plus connus, on peut citer "Le péché et Guerre", à la Pinakothek de Munich, "Le Sphinx", "La Crucifixion", "Les Rivaux," "Paradis perdu," "Oedipe," "Tentation", et "Lucifer".

    Bien qu'il fut un des acteurs majeurs de la "Sezession de Munich," - un courant munichois de l'Art Nouveau - il fut aussi professeur à l'Académie. En 1914, il fut hélas un des signataires du "Manifeste des 93". 
 

   Ce qui allait être la Première Guerre Mondiale  venait de commencer. Le premier choc fut l'offensive allemande lors de la première bataille de la Marne  en septembre 1914.  Elle se voulait courte, conquérante et victorieuse mais se solda par une défaite et la communauté internationale s'était émue des  atrocités allemandes en Belgique lors de l'invasion de ce pays. Ce manifeste fut destiné à montrer au monde entier le soutien sans équivoque des intellectuels allemands au kaiser Guillaume II, à la cause de l'Empire allemand et à l'armée allemande. Elle niait, bien évidemment, les dites atrocités.




   Mais laissons la polémique de côté pour admirer le tableau suivant, "Judith et Holopherne", dans lequel l'épée à double tranchant de la jeune femme semble plus grande qu'elle. Regardez l'air à la fois triomphant, cruel et presque sadique avec lequel cette jeune fille nue s'apprête à trancher la tête du terrible guerrier endormi. Son sommeil est-il celui des amants repus ou celui d'un mâle, sûr de sa force, qui va payer ainsi sa méprisable assurance?

   Du rouge, encore, discret, mais qui enserre les protagonistes, comme la préfiguration de la mort sanglante... La nudité de Judith est ici presque innocente, en tout cas peu érotique, vue l'expression terrible peinte sur son visage. Quant au soldat couvert d'une soie violette, signe d'une puissance indestructible, le voilà à la merci de son "amante", bras ouverts, ce qui préfigurerait peut-être sa mort prochaine...

Blanche Baptiste.

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