Bonjour à vous qui, dans le maelström du net, êtes arrivés, par hasard? lassitude? erreur? sur ce blog. Vous êtes les bienvenus. Vous y lirez des extraits d'articles, de pensées, d'interviews, piochés ça et là, et illustrés de photos et dessins détournés, via un humour de bon aloi. Vous pouvez évidemment réagir avec le même humour, la même ironie que nous mettons, chaque jour, à tenter de respirer un peu plus librement dans une société qui se corsète chaque fois un peu plus.

samedi 12 novembre 2011

"Echange Résident ayant un peu servi contre nettoyant liquide pour bâtiment élyséen". Benoît Barvin in "Annonces déclassées"

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"Je regrette l'Y de l'ancienne 
orthographe du mot abîme. 
Car Y était du nombre de ces lettres 
qui ont un double avantage : 
indiquer l'étymologie et faire peindre 
la chose par le mot : ABYME."
[Victor Hugo] 

Extrait de Faits et croyances
(c) Crumb
"Ecrire le plus précisément possible...
pour que personne ne trahisse ma pensée...
Chercher les mots justes... 
quelle tragédie que la vie de l'écrivain..."

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Bruxelles subventionne 
du Kafka low cost

   (...) Avec Goethe, il fait partie du canon littéraire enseigné dans tous les lycées des pays germanophones. Mais aujourd'hui, Franz Kafka est victime de ce que la Frankfurter Allgemeine Zeitung qualifie d’"exécution subventionnée par l'UE". Le quotidien évoque ainsi le "véritable scandale" révélé par son confrère autrichien Kronenzeitung : une maison d'édition autrichienne a envoyé sans raison apparente quelque 2 000 exemplaires gratuits du Château à des lycées allemands et autrichiens. 
   Une générosité appréciable, si les livres n’étaient truffés de fautes d'orthographes "de la pire espèce", rapporte la FAZ. Célèbre pour son engagement quasi militant pour une bonne orthographe, le quotidien note que "la première page compte à elle seule neuf erreurs".
  Face aux nombreuses plaintes qu’il a reçues, l’éditeur, qualifié de "gonflé" (nous aurions d'autres termes moins aimables), a ajouté une note aux deux millions d’exemplaires publiés, expliquant qu’il "a fini par tolérer ces erreurs pour des raisons économiques d'une part, mais d'autre part parce que la littérature n'est pas un concours d’orthographe"
   Il reconnaît par ailleurs que l’opération a été "une bonne affaire", la Commission européenne ayant subventionné le projet "avec une somme à six chiffres" (on comprend mieux...). Pour sa part, Bruxelles indique "vouloir creuser en profondeur" sur l'utilisation de la subvention avant de réagir officiellement (on donne n'importe comment de l'argent... et on réfléchit ensuite...).


http://www.presseurop.eu/fr/content/news-brief/1135781-bruxelles-subventionne-du-kafka-low-cost

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"Si la cause est bonne, 
c'est de la persévérance. 
Si la cause est mauvaise, 
c'est de l'obstination."

[Laurence Sterne] 
Extrait de Tristam Shandy
"Tant que Dominique ne me touche pas,
je la lui soutiens...
mais de loin"

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DSK-ANNE SINCLAIR 
S’IL N’EN RESTE QU’UNE...
 (joli compte dû à la plume élégiaque de
Ghislaine Ribeyre)
   (...) En pleine tempête (de neige?), elle est partie. A la mi-juillet dernier, peu après la mise en liberté surveillée de DSK, à New York, Anne Sinclair a quitté son mari, direction le Canada. Quelques jours en pleine nature, dans le ranch de ses amis Jean et Daniela Frydman, pour oublier un mois d’un huis clos étouffant, au 153 Franklin Street : lui, elle, et les accusations de Nafissatou Diallo. Elle avait peuplé l’immense loft (mais quand même étouffant...) avec des centaines de photos de famille, y compris un immense portrait de sa première petite-fille, née fin mai. Il y avait aussi les visites des avocats, les séances de gym avec un coach (pour destresser, y'a pas mieux. Faut demander aux SDF ce qu'ils en pensent), les plats chinois livrés à domicile (Ah... c'est un stress? Parce que chinois?). Les courriels pour marteler aux amis parisiens sa foi en l’innocence de « Domi », pendant que lui passait des heures à jouer aux échecs sur son iPad (traduction: elle s'activait et lui glandait?). Et les cachets pour dormir, jusqu’à quinze heures par jour (y'avait rien d'autre à faire qu'à dormir... pauvre Anne qui ne voyait rien venir...)
   Ce qu’ils se disaient, une fois les visiteurs partis et les ordinateurs éteints, personne ne le sait: Anne Sinclair a voulu préserver jusqu’au bout les secrets de leur couple (et les engueulades qui allaient avec?) . En juillet, laissant Laurin, le fils de DSK, veiller sur son père (en l'empêchant d'aller sur certains mauvais sites?), elle est allée respirer ailleurs. Pour mieux revenir.
   « Avant », car il y eut un avant à la suite 2806 du Sofitel, à la plainte de Tristane Banon et à l’affaire du Carlton, quand on demandait à Dominique Strauss-Kahn ce que représentait pour lui Anne Sinclair, il s’en tirait par une formule charmante et anodine : « Tout. » Aujourd’hui, c’est vrai jusqu’à l’absurde. Elle est sa dernière alliée, son seul rempart, son ultime alibi. (...)

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"Il y a un but, mais pas de chemin ; 
ce que nous nommons chemin est hésitation."  
[Franz Kafka]
"Des allemands pauvres? Où ça, où ça, 
faut justement que j'm'entraîne!"

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Ces autres 1 % 
que les invités du G20 ne verront pas
(n'ont pas vus...)
Annika Joeres . Die Zeit
   Angela Merkel ne sera pas la seule Allemande présente sur la Riviera ces jours-ci. Nombre de ses compatriotes, devenus SDF, luttent pour survivre sur la Croisette.

   (...) De nombreux SDF sont originaires d’Allemagne, attirés notamment par la douceur du climat. En octobre et novembre, on peut encore dormir dehors à Cannes, il y fait 15 °C la nuit. Mais des agents de sécurité veillent devant les commerces. Au milieu des années 1990, dans la ville voisine de Nice, le maire de droite, Jacques Peyrat [1995-2008], avait fait ramasser les mendiants dans la rue pour les conduire en bus à 20 km de là, au mont Chauve, à 800 mètres d’altitude. Il a fallu attendre que l’un de ces sans-abri s’effondre et meure, sur le chemin du retour, sous le soleil accablant de juillet, pour que cessent ces déportations. 
   Cet été, la ville de Cannes a voulu inciter les habitants à “donner utile”, à travers une campagne d’affiches et de prospectus : au lieu de donner aux mendiants dans la rue, il leur a été conseillé de faire des dons aux organisations caritatives. A l’origine de l’opération, le président du Palais des festivals, David Lisnard, parle de “charité bien ordonnée". Andreas Jachmann s’en remet toujours à ses connaissances personnelles. Le matin, un banquier lui offre son café quotidien, et le soir, un employé de Leader Price lui donne un sac rempli de produits périmés. “Cela fait longtemps que je n’ai pas eu faim”, confie-t-il d’un air satisfait.
   Mais il y a aussi cette jeune femme d’Osnabrück, Jasmina. Elle marche pieds nus, dans des claquettes ornées d’une fleur en plastique. A la suite d’un chagrin d’amour, elle a quitté le nord de l’Allemagne en stop pour le sud de la France. Arrivée à Cannes, elle a envoyé une carte postale représentant des palmiers à son ex-petit ami. Depuis plusieurs mois, elle dort sur la plage avec une amie hollandaise. 
   Elle fait les poubelles. Dans l’une d’elles, derrière une boulangerie haut de gamme, elle déniche un sac rempli de croissants, mais une odeur pestilentielle l’assaille : le bon boulanger a pulvérisé du poison sur ses invendus. (...)

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"Mais ma rose est sans épine!
- M'en fous. Casse-toi!"
«Le viol est le seul crime 
où la victime se sent coupable»

/ Pourquoi manifester ?
   Clémentine Autain : D’abord pour lutter contre le tabou. Une femme peut raconter dans un dîner qu’elle a été cambriolée, victime d’un attentat, de la perte d’un proche. Elle ne peut pas dire qu’elle a été violée. Elle sait le malaise, la gêne qu’elle va provoquer, elle a intériorisé la honte, elle a trop peur que le regard des hommes sur elle se modifie. Le viol est le seul crime dans lequel la victime se sent coupable.(...)
   (...) Finalement, j’ai eu la «chance» d’être violée sous la menace d’une arme, un couteau sous la gorge ! Cela évacue les questions du type : Pourquoi je ne me suis pas débattue davantage, pourquoi je n’ai pas réussi à partir ? Ces questions hantent beaucoup de femmes violées, les font sombrer dans la culpabilité. Alors même que, contrairement à ce que disent certains, dans l’écrasante majorité des viols, il n’y a pas d’arme. Ce qui fait la contrainte, c’est l’autorité, la domination physique, les menaces, le chantage affectif. On ne peut pas comprendre le viol si on ne comprend pas la sidération. Cette paralysie liée à la peur de mourir qui fait que, par exemple, une femme ne va pas mordre le sexe de l’homme lors d’une fellation imposée. (...)

/ L’affaire DSK a révélé la persistance de discours archaïques, peut-elle aussi faire avancer les choses ?
   C.A. : La bonne nouvelle, c’est que le débat est mis à jour. Cette minoration de ces violences, cette parole réactionnaire, est maintenant dans le débat public, sur un terrain politique. On a tout à gagner à ce que ce genre de réflexions sorte du secret, de l’intime. L’enjeu est qu’il ne faut pas que le couvercle se referme. Il faut que cette question soit présente dans les débats de la présidentielle.

/ Vous dites que le combat contre les violences aux femmes est miné par les stéréotypes, lesquels ?
   C.A. : L’idée, par exemple, que le viol n’est qu’une histoire de sexualité. Il y a des conséquences sur la vie intime, bien sûr, mais pas seulement, car le viol touche beaucoup plus que la sexualité. La violence, elle est d’abord dans le fait de nier l’autre. Les conséquences vont de la boulimie à la dépression, aux tentatives de suicide, à l’autodévalorisation permanente. Et l’ampleur du traumatisme n’est pas uniquement définie par les faits commis, mais aussi par l’histoire de chaque femme, sa possibilité d’en parler, d’être aidée…

/ Il y a aussi la confusion entre liberté sexuelle et agression…
   C.A. : Je suis scandalisée par l’association entre féminisme et puritanisme. Ce sont les féministes qui se sont battues pour la contraception, pour dissocier le plaisir de la procréation. Dire que l’on veut sortir la sexualité d’un rapport archaïque de domination masculin-féminin, cela n’enlève rien, au contraire ! Cela ouvre le champ à l’imagination, cela libère le plaisir. Favoriser l’expression du non, c’est consacrer plus de valeur et de saveur au oui.

Lire l'interview entière (avec réponses également de Tristane Banon) sur:

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