Bonjour à vous qui, dans le maelström du net, êtes arrivés, par hasard? lassitude? erreur? sur ce blog. Vous êtes les bienvenus. Vous y lirez des extraits d'articles, de pensées, d'interviews, piochés ça et là, et illustrés de photos et dessins détournés, via un humour de bon aloi. Vous pouvez évidemment réagir avec le même humour, la même ironie que nous mettons, chaque jour, à tenter de respirer un peu plus librement dans une société qui se corsète chaque fois un peu plus.

jeudi 29 novembre 2012

"Le Chat Botté, ses bottes il les gardait à la plage naturiste, ce qui faisait jaser". Jacques Damboise in "Pensées à contre-pet".

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pensées pour nous-mêmes:

( N'IMITE PERSONNE D'AUTRE
QUE TOI-MÊME)
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(Madame D..., Maîtresse des élégances,
faisant de la retape pour Notre-Dame-Des- Landes,
une future cathédrale, à ce qu'elle avait compris)


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(Ce nouvel aéroport était écologique...
et très silencieux)

Les mauvais arguments 
de Bruno Le Roux

   Bruno Le Roux, chef de file des députés socialistes, était l'invité de l'émission "Tous politiques" sur France Inter. Comme chaque semaine, les Décodeurs reviennent sur les déclarations de l'invité(e) de l'émission dont Le Monde est partenaire.

Notre-Dame-des-Landes, 'une infrastructure qui va profiter à l’environnement'

   - Ce qu'il a dit : Notre-Dame-des-Landes “c'est une infrastructure de transport, au bénéfice de la France, au bénéfice de la région, au bénéfice des habitants, qui va d'ailleurs profiter aussi à l'environnement, et je peux avoir le débat aussi sur l'environnement avec ceux qui le souhaitent”.

   Pourquoi c’est un argument douteux : Bruno Le Roux défend la décision gouvernementale de construire le fameux aéroport de Notre-dame-des-Landes, malgré la forte opposition des écologistes. Et pour ce faire, il va loin dans ses arguments, en expliquant que cette construction va “profiter aussi à l’environnement”.

   Sans revenir sur l'interminable génèse de ce projet controversé, ni sur les débats enflammés entre pro et anti-aéroport, on peut se reporter à la plaquette descriptive de la future construction, qui évoque la question.

   Elle avance plusieurs arguments : le fait que la construction soit HQE (haute qualité environnementale), ce qui est le cas de la très grande majorité des projets de cette ampleur lancés récemment. Mais aussi un “plan de gestion agri-environnemental concerté”.

   De quoi s’agit-il ? Selon une réponse à une question écrite d’un député, il s'agit de compenser auprès des agriculteurs dont les parcelles seraient incluses dans le projet les pertes de revenus et les modifications d’activité éventuelles, ainsi que “des mesures de protection générale, telles que la protection durable des zones agricoles, et l'impact du bruit sur les animaux”.

   Autre argument avancé par les promoteurs du projet : les pistes du futur aéroport, aménagées en parallèle, permettront de diminuer le temps de roulage des avions (qui donc émettront moins de gaz au sol avant de décoller), et limiteront le nombre de riverains exposés au bruit du décollage par rapport à l’actuel aéroport.

   Ces points théoriques établis, on peut tout de même contester cette logique. La construction d’un aéroport, de routes et autres points d’accès, sur une superficie de 2 000 hectares actuellement composée de champs et terrains agricoles en bocages ne peut pas, par définition, être plus bénéfique pour l’environnement que de laisser ces champs en l’état. Faire décoller des avions, même depuis des pistes parallèles, génère plus de nuisances sonores et de pollution qu’un champ.

   Les associations locales et les écologistes ont livré de nombreuses études sur l’impact environnemental de la construction. Ils évoquent notamment l’impact de sa construction sur l’alimentation locale en eau. Et même si cette construction est respectueuse de l’écologie, affirmer que l’aéroport va “profiter à l’environnement”, c’est à dire améliorer les choses par rapport à l’existant, semble pour le moins exagéré, pour ne pas dire mensonger.

Lire la suite édifiante sur:


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"Vous achetez la Presse pour la faire taire?

- Non, pour l'acheter.
- Et quelle est la différence?
- Il n'y en a pas."



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"Désolé... Pour une fois - hélas - vous vous trompez de Lévy"



Intouchable président-directeur général
Marie Bénilde

   Dans l’univers de la presse, M. Lévy est intouchable. Il sait pouvoir compter sur un faisceau d’amis et d’intérêts bien compris. Hormis Le Canard enchaîné et Marianne — qui dénonça sur une pleine page l’« outrance » d’un super-pactole —, bien peu de titres se risquèrent à mettre en cause le patron du troisième groupe publicitaire mondial, garant d’une part non négligeable de leurs revenus. « Prudence et modération des journaux sur le scandale des rémunérations de Maurice Lévy qui tient la pub », résuma le 28 mars Airy Routier, conseiller de la rédaction de Challenges, sur son compte Twitter. Le directeur de l’hebdomadaire, Pierre-Henri de Menthon, avait, lui, choisi d’interviewer M. Lévy sous le titre « La chasse aux patrons est ouverte » (28 mars 2012). Dans Le Figaro du 4 avril, Arthur Sadoun, le numéro 2 de Publicis, assura que Maurice Lévy était victime d’un« lynchage ».

   Ce mariage de raison ne date pas d’hier. En 2003, déjà, L’Express publiait un portrait qui dépeignait le personnage tantôt comme un« colosse de belle allure », tantôt comme « un de ces géants par ténacité ». S’il y avait une hésitation, c’était pour savoir si le patron de Publicis était davantage un « rebouteux ourlé de talents », un « orfèvre en meccano d’entreprises » ou un « médiateur véloce (...), impressionnant par les réseaux qu’il actionne ». En tout cas, « inutile de dire que l’énergie du chef force l’admiration », tranchait l’hebdomadaire (3 avril 2003). En septembre 2010, le secrétariat de rédaction de Libération ne trouva pas inopportun de mentionner que Publicis détenait la moitié de sa régie publicitaire quand le journal fit paraître un portrait cruellement intitulé… « Le roi lion » (11 septembre 2010). Le lecteur y apprenait que le patron de Publicis était un « conformiste audacieux » qui « tend la main à ceux qui, dans le business, connaissent les fortunes de mer » et qui « aura passé sa vie au chevet des éclopés de l’économie ».

   Sans doute ému par tant de sollicitude, Le Monde n’hésita pas à lui confier une tribune pour expliquer que « le capitalisme d’après crise sera éthique ou ne sera pas » (28 mai 2010), avant qu’une interview ne lui permette de légitimer sa longévité à la tête de Publicis lorsqu’il décida, à 68 ans, de prolonger son mandat : « C’est une situation classique où un conseil de surveillance voit que le capitaine tient toujours la barre de manière très active et n’a pas envie de le voir partir. Il y a une pression considérable pour que je reste »(3 juin 2010).

   Un autre entretien, un an plus tard, fournit l’occasion de mettre en avant l’audace et la vertu de son système de rétribution : « A partir de janvier 2012, je n’aurai plus de rémunération fixe »(30 novembre 2011). L’homme qui prodigue la publicité à la presse souhaitait en effet « hyper-mériter » sa rémunération, en l’indexant sur les résultats de son entreprise, elle-même « hyper-performante ». Il oubliait toutefois de préciser qu’il renonçait à la seule part fixe de son salaire, soit le quart de ses revenus annuels, et qu’une coquette somme de bonus cumulés depuis 2003 l’attendait... Quant au quotidien, il omit de mentionner le fait que Publicis est actionnaire (à 49 %) de la régie du groupe Le Monde, M Publicité. Les dirigeants successifs du journal entretiennent des relations privilégiées avec M. Lévy, au point que l’un d’entre eux, M. Eric Fottorino, a reconnu avoir renoncé, sur les conseils de cet « ami », à un éditorial dénonçant les pressions de M. Nicolas Sarkozy dans le processus de recapitalisation du groupe de presse, en 2010 (4).

   « Heureusement, j’ai Maurice Lévy », disait l’ancien président de la République à la fin de son mandat, lorsqu’il comptait ses soutiens médiatiques (Lettre A, 27 janvier 2012). Dès le 13 mars 2012, un colloque de l’AFEP sur « Les défis de la compétitivité », organisé en partenariat avec Le Monde, réunissait trois candidats à l’élection présidentielle : M. François Bayrou, M. Sarkozy et M. Hollande. Objectif affiché — sur RTL — par le président de l’AFEP : « Nous attaquer avant toute chose aux dépenses publiques. » « Avec Elisabeth Badinter, Simon et Jean-Yves Naouri, ex-conseiller de Dominique Strauss-Kahn au ministère de l’industrie, Maurice Lévy saura sans peine retrouver le chemin de l’Elysée si François Hollande y accède »,prédisait la Lettre A (Ibid.). L’homme, il est vrai, était déjà un proche de M. Dominique Strauss-Kahn, l’ancien homme fort du PS avec lequel il cofonda le Cercle de l‘Industrie, selon lui injustement maltraité par la presse (« Quel besoin de charrier à longueur de journée des anecdotes invérifiables qui participent à l’instruction à charge d’un homme à terre ! », L’Express, 31 mai 2011).

   On trouve dans les archives électroniques du Monde cinq cent sept articles sur le patron de Publicis : c’est presque deux fois plus que les occurrences des noms de M. Christophe de Margerie, président de Total et première capitalisation du CAC 40 (289), ou de M. Franck Riboud, patron de Danone, l’une des plus importantes multinationales françaises (268). Sur le site du Figaro, le score (392) dépasse aussi celui de MM. Margerie (124) et Riboud (285). (...) 

(1) Lire « Publicis, un pouvoir », Le Monde diplomatique, juin 2004. Lire également « Les dernières astuces publicitaires », Le Monde diplomatique, décembre 1998.

(2) « La vérité sur le super bonus de Maurice Lévy », Challenges, 24 mai 2012.


(4) Mon Tour du “Monde”, Gallimard, Paris, p. 489.

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Luc Desle (avec le concours de Jacques Damboise)

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