Bonjour à vous qui, dans le maelström du net, êtes arrivés, par hasard? lassitude? erreur? sur ce blog. Vous êtes les bienvenus. Vous y lirez des extraits d'articles, de pensées, d'interviews, piochés ça et là, et illustrés de photos et dessins détournés, via un humour de bon aloi. Vous pouvez évidemment réagir avec le même humour, la même ironie que nous mettons, chaque jour, à tenter de respirer un peu plus librement dans une société qui se corsète chaque fois un peu plus.

samedi 1 décembre 2012

"Chrétien jusqu'au bout des ongles, il les avait tous faits baptiser". Jacques Damboise in "Pensées à contre-pet".

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Pensées pour nous-mêmes:

(UN EGO QUI DOUTE
EST UN SAGE EN DEVENIR)

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"Oh, Mon Dieu, faites que nous ne soyons plus noirs et que...
- Hein? PAPY!
- Heu, pardon... Je me suis laissé aller...
Bénissez ce pain que nous aurions pu manger..."


The Thankful Poor, Henry Ossawa Tanner, 1894

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"Ce baiser est notre nourriture spirituelle"


petitpoulaillerornamentedbeing: Always Kiss Me Goodnight
1886 Auguste Toulmouche (French, 1829-90) ~ The Kiss
(via focalgirl)

Christian Bobin : 
"Les livres, certains livres ressuscitent 
ce que le monde dans son inconscience allègre efface "

   (...) (J)e ne sais pas pourquoi j'écris. Je sais juste que je ne peux faire autrement. Un premier mot lancé sur la page blanche - et c'est l'infini qui arrive à toute allure. J'ai une joie d'ogre à écrire. Le langage est un verre de cristal. J'aime le son qu'il rend lorsque je le heurte du bruit des doigts. Les mots sont la vibration heureuse du silence. Ecrire rafraîchit les atomes de l'air, ouvre le coeur comme au matin de Pâques. Pardonnez-moi de ne parler que par images. Je suis incapable de répondre raisonnablement à des questions sur cette manie d'écrire. 

   Je ne peux pas, comprenez-le, aller plus loin que la phrase imprimée: la commenter, ce serait l'étouffer. Somme toute, je fais confiance au lecteur : il en saura plus que moi, simplement en me lisant. Et peut-être découvrira-t-il aussi quelque chose de lui, dans le miroir de papier blanc. 

   Vous me dîtes que mon regard sur le monde est pessimiste. Je ne crois pas. Le constat est simple et nous le faisons tous dans le secret de nos lassitudes : l'humain s'éloigne du monde à bas bruit. L'humain est comme une bête sauvage et douce, blessée par nos manières. Elle se tient de plus en plus à l'écart de nos terribles réjouissances - et elle a bien raison.

   Ce que j'appelle l'humain c'est un visage en clairière, ouvert, fraternel, sensible. (...) Nos sociétés sont si possédées par le rien de l'argent et de la puissance que le visage de l'humain (...) baisse désormais les paupières. Une nuit monte de ces yeux baissés, qui ne veulent plus nous regarder. Est-ce du pessimisme que de parler ainsi? Non, sûrement pas. Il n'y a qu'une seule chance de vivre, et c'est de regarder ce qui vient, en face. Ecrire est cet essai de voir ce qui existe, le terrible comme le doux. Parfois, quand on le regarde longtemps en silence, le terrible se met à fleurir. Les fleurs sont des propositions du néant. Oui, même le néant aspire à la lumière, au coloré et au clair. (...)

   (...) Mais je reviens au monde : nos techniques ont supprimé le temps, en supprimant le temps, elles suppriment le coeur. Le coeur a besoin de lenteur, de secret, d'attention, de patience - toutes matières qui sont aujourd'hui plus rares que l'or, et enfouies bien plus profondément. Les livres, certains livres ressuscitent ce que le monde dans son inconscience allègre efface. 

   Les livres en papier et les lettres manuscrites ne sont pas du passé : ils sont l'avenir. Par eux la lumière concrète reviendra dans un monde que les écrans bleutés enténèbrent en douceur. Je ne sais qui lira cette lettre si vous la publiez. A cette personne sans visage connu - et pour que son visage s'éclaire, prenne forme et grâce, je recommanderais la lecture des féeriques récits de Jean Grosjean. On peut dire de lui ce qu'il dit d'Abraham : sa science était de ne pas savoir. (...)

Lire la lettre sur:


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(Portrait du voleur de casques
le jour de son arrestation)

Saverio Cardia 100 Faces Of 2011, Client Magazine Issue 03


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"J'ai racheté la dette de mes parents
en les mettant à la rue"




Occupy rachète les dettes
Enquête, par Christelle Gérand

   (...) On croyait les « Occupy » moribonds, mais ils renaissent plus forts que jamais. Depuis mai, leur cellule « dette » composée d’une centaine d’artistes, d’économistes et d’avocats de tous âges réfléchissaient au meilleur moyen de remettre à flot les personnes endettées, comme les Etats renflouent les banques en difficulté. Comment aider les 77% de foyers américains qui ont dû s’endetter suite à une maladie non-prise en charge ou à une perte d’emploi en l’absence de chômage ? Racheter et annuler leur dette. L’idée tournait dans les milieux activistes depuis quelques années. Il aura fallu la force de frappe d’Occupy Wall Street et l’aide de professionnels de l’industrie de la dette pour que le projet voie le jour.

   Vendredi à 20 heures, une journée seulement après le lancement officiel de « Strike Debt », les 99% avaient récolté près de 300 000 dollars de dons. Mais voilà : sur le marché de la dette des particuliers, avec 300 000 dollars, on peut acheter pour près de 6 millions de dollars de dette. « On veut que les gens se demandent pourquoi la dette est si bon marché pour tout le monde à l’exception du débiteur, explique Christopher, humanitaire le jour, membre actif d’Occupy la nuit. Notre initiative est un geste d’entraide, mais aussi un moyen de mettre en pleine lumière les dysfonctionnements de cette industrie rapace qui s’enrichit sur la misère humaine. »

   Dans un pays où la dette étudiante s’élève à elle seule à 1 trillion de dollars, le marché est florissant. Lorsque le créancier, que ce soit une banque, un hôpital ou un magasin, n’a pas recouvert son prêt au bout de 90 jours, le débiteur est alors en situation de défaut de paiement et l’entreprise est dédommagée. La personne qui a empruntée n’est quant à elle pas sortie du pétrin : sa dette considérée comme « pourrie » est alors généralement rachetée pennies for a dollar (quelques centimes – généralement 5 centimes- pour un dollar, ndlr) par des acheteurs de dette professionnels. 

   « Leur but est de rentabiliser leur investissement en obtenant par tous les moyens possibles cet argent que les gens n’ont pas, bout Christopher. L’une de leur astuce est de contacter des personnes qui ont changé d’adresse. Ils leur envoient un courrier les intimant de se rendre au tribunal. N’ayant pas reçu la lettre, ils ne s’y montrent pas. L’acheteur de dette gagne alors le procès et obtient le droit de ponctionner à la source, en prélevant sur le salaire ou les droits sociaux du débiteur. » (...)
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Luc Desle (et Jacques Damboise)

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