Bonjour à vous qui, dans le maelström du net, êtes arrivés, par hasard? lassitude? erreur? sur ce blog. Vous êtes les bienvenus. Vous y lirez des extraits d'articles, de pensées, d'interviews, piochés ça et là, et illustrés de photos et dessins détournés, via un humour de bon aloi. Vous pouvez évidemment réagir avec le même humour, la même ironie que nous mettons, chaque jour, à tenter de respirer un peu plus librement dans une société qui se corsète chaque fois un peu plus.

mercredi 2 janvier 2013

"Ce chapeau melon mûrit subitement sur le crâne chauve de ce gentleman, très surpris". Jacques Damboise in "Pensées à contre-pet".

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Pensées pour nous-mêmes:

(N'ES-TU PAS AUTRE CHOSE
QUE L'IMAGE RENVOYÉE PAR LE MIROIR?)


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COURTS RÉCITS AU LONG COURS(62)
pcc Benoît Barvin


Humain 

   Quand il se réveilla, après un étrange sommeil/cauchemar dont il n’arrivait plus à se souvenir, il fut immédiatement surpris par le silence. Certes, habitant dans une maison à l’extérieur de la Ville, il bénéficiait d’un espace sonore des plus agréable. Cependant, il ne pouvait empêcher le ronronnement insistant des automobiles, des camions, des bus, des pétrolettes de venir jusqu’à lui. L’aéroport, lui-même, distant d’une vingtaine de kilomètres, envoyait tous les quart d’heure, au-dessus de sa demeure en vieille pierres de taille, un gros bourdon empli de passagers qui s’en allaient, aux quatre coins de la Terre, pour des voyages au long cours et aux petites idées. 

   Là, en cet instant, il n’entendait rien. Rien d’autre que le vent qui soufflait doucement, contrairement à l’habitude, dans les arbres alentour et qui léchait les murs de sa demeure. D’ordinaire, c’étaient des rafales qui, venues des montagnes, vous collaient sur le dos de méchantes gifles glacées, mauvaises pour les articulations. 

   Il porta la main à une oreille pour vérifier qu'elle n'était pas obstruée, se rendit à l'évidence que le calme soudain était bien réel. Comme si la vie trépidante de la Ville faisait un break. Il ouvrit les volets, observa le paysage de la vallée, l’étendue grise de la Ville avec, au loin, l’aéroport, donc, étrangement sombre lui aussi. Il alluma l’écran de la télé, mais rien ne vint. Il n’y avait d’ailleurs plus d’électricité dans la maison. Il râla, lui qui n’était en contact avec la Civilisation qu’à travers le Net qui lui fournissait toutes les relations dont il avait besoin. Aujourd’hui, il allait devoir s’en passer. 

   Il se rappela que, la veille, l’année ancienne avait disparu, noyée sous un déluge de flonflons et de feux d’artifice. Il avait regardé d’une fesse distraite quelques émissions qui fêtaient le passage rituel du 31 décembre au 1er janvier, puis il s’était réveillé et… Oui, déjà, il était plongé dans le noir. Il se souvient s'être couché en s’aidant d’une lampe torche mécanique. C’était à ce moment-là que la lumière avait disparu. Bah, il avait une gazinière et de nombreuses bonbonnes pleines à ras bord. Au pire, avec les rondins de bois qu’il avait amassés toute l’année, il pourrait se chauffer et même, utiliser la cheminée comme nouvelle cuisinière… 

   Il songea à ses ancêtres ; à leur vie, certes rude, mais si proche de la Nature; des ancêtres souvent respectueux – par nécessité – du cycle des saisons ; de leur apparente dureté mâtinée d'une indéniable chaleur humaine… Il comprit que s’il s’était réfugié dans cette masure, retapée au cours de deux longues années, c'était pour se réconcilier avec sa branche familiale. L’écriture, ce n’était qu’un prétexte et un moyen de gagner sa vie, dans cette Société qui ne pensait plus qu’en terme de réussite friquée. 

   Il prit un déjeuner frugal, fait d’un morceau de pain épais comme la cuisse sur lequel il avait étalé une couche de miel qui valait tout l’or du soleil. Quand il ouvrit la porte d’entrée, il eut un sursaut de surprise, puis il recula, un rien paniqué. 

   Face à lui, se trouvait une foule d’animaux qui attendaient, sagement assis. Il y avait là énormément de couples – chats, chiens, dindons, poules, coqs, vaches, béliers, cochons, truies, chevaux, etc – qui, lorsqu’il s’avança sur le pas de la porte, se levèrent calmement. 

   C’est un vieux chien – celui de ses premiers voisins, distant de deux bons kilomètres, en bas de la vallée, qui s’adressa à lui en le saluant d’un : « Bonjour, Noé, nous voilà au rendez-vous », un rien pompeux. Il ne s’étonna pas de sa soudaine capacité à comprendre le langage du canidé, ni d’ailleurs de celui de chacun des autres animaux qui le regardaient avec une intensité jamais vue chez aucun des humains rencontrés au cours de sa vie. Il se rappelait à présent le rêve/cauchemar au cours duquel, devenu le seul homme vivant de la vallée, il prenait en charge le sort de toutes les bêtes domestiques ou non, qui venaient à lui, confiantes, sachant déjà qu’il allait les conduire en Terre Promise. 

   Bien que n’ayant jamais été croyant, il comprit qu’il n’y avait rien d’autre à faire. La Centrale distante d’une cinquantaine de kilomètres allait répandre chaque jour un peu plus son poison dans l’atmosphère. D’après le rêve – mais rêvé par qui, réellement ? – il avait une chance de sauver tous ces couples d’animaux, les seuls amis qu’il n’ait jamais eus sur Terre, du moins depuis qu’il avait emménagé ici. 

   Il s’inclina donc devant  eux et dit, d'une voix nouée par l'émotion, qu’il n’en avait pas pour longtemps à réunir les affaires indispensables à leur long périple…


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"Alors, ce Premier de l'An?
- Pfff... Fatiguant, éreintant, épuisant, 
exténuant, claquant et...
- N'en rajoute pas. Pareil pour moi..."


EMBRACE #62 BYEIKOH HOSOE, 1970

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(Elle avait beau réduire sa dose de caféine,
les troubles persistaient...)

(via mudwerks)

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"Miroir, dis-moi, quelle est la plus belle?
- La plus belle, je ne sais pas, 
mais la plus cruche, ça...
Tu es sûre que ton miroir 
n'est pas sans tain?
- Sans teint?
- Oh, laisse tomber, va... 


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(La pauvre Nouvelle Année
enchaînée aux bénéfices financiers futurs)


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Jacques Damboise

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