Bonjour à vous qui, dans le maelström du net, êtes arrivés, par hasard? lassitude? erreur? sur ce blog. Vous êtes les bienvenus. Vous y lirez des extraits d'articles, de pensées, d'interviews, piochés ça et là, et illustrés de photos et dessins détournés, via un humour de bon aloi. Vous pouvez évidemment réagir avec le même humour, la même ironie que nous mettons, chaque jour, à tenter de respirer un peu plus librement dans une société qui se corsète chaque fois un peu plus.

mardi 30 avril 2013

"Il traitait bien ses esclaves en les appelant mes employés". Benoît Barvin in "Pensées pensées".

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Pensées pour nous-mêmes:

(LE CHEMIN QUI MÈNE A
LA SAGESSE N'A PAS DE NOM)

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COURTS RÉCITS AU LONG COURS (88/3)
pcc Benoît Barvin

   Tom Drake, son collègue Duncan et leur patron, Eliot Ness, chef du FBI, se sont réunis avec les huiles de Chicago, sur les lieux même d'un massacre: celui des malheureuses danseuses d'une boîte, le "Blue Circle". Le FBI est officieusement chargé de l'enquête, malgré l'opposition du procureur.

Ace G-Man Stories [v 1 #1, May-June 1936] 
(Popular Publications, pulp, ...


   Ness nous donna ses instructions. Nous devions assister aux derniers interrogatoires, après que les flics nous eussent fourni les indices trouvés sur place. 

   Les ambulances s’étaient dispersées comme une volée de moineaux affolés, ainsi d’ailleurs que le commissaire, le procureur et le patron. Ne restaient plus que les inspecteurs et, derrière les barrières, une foule considérable de badauds qui, en dépit du froid, s’excitaient à la vue des flaques de sang et de l’ambiance de fin du monde qui régnait dans le quartier. 

   J’interrogeai à mon tour le portier. C’était un vieux noir qui tremblait de tous ses membres. Je ne recueillis aucune information supplémentaire. Il me répéta ce qu’il avait bégayé aux inspecteurs. 

   "Patron, j'ai rien vu... Rien..."

   Je rongeais mon frein. Dès le début, à la première seconde où, pénétrant sur la scène du crime, j’avais vu tous ces cadavres, quelque chose m’avait tracassé. Mais quoi ? Mon esprit, habitué à penser scientifiquement, pédalait dans la choucroute. Le nombre de morts ; le fait qu’il s’agissait exclusivement de membres du sexe dit faible ; la similitude avec le massacre de l’année précédente, tout se mélangeait dans mon crâne porté à ébullition. M'empêchant de penser de manière cohérente.

   - Duncan? Tu pourrais me dire si..., commençai-je en me tournant vers mon collègue… qui brilla par son absence. 

   Surpris, je cherchai sa silhouette parmi les flics qui m’entouraient, puis j’interrogeai quelques inspecteurs pour savoir s’ils l’avaient vu mais, au bout de dix minutes, je dus me rendre à l’évidence : Duncan s’était carapaté. Où était-il donc passé ? 

   C’est alors que mes neurones se remirent à fonctionner normalement. D’un seul coup. 

   J’avais à peine remarqué la fille avec laquelle mon collègue avait passé la nuit. Cependant, quelque chose avait attiré mon attention, du couloir où je me trouvais, mon regard plongeant dans la chambre: Il s’agissait d’une robe à paillettes, largement échancrée. Une robe qui avait été posée négligemment sur une chaise, près du lit de Duncan. Une robe qui appartenait sans l’ombre d’un doute à la fille qui se prélassait à côté de lui. 

   La robe d’une danseuse…

(A Suivre)

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"Moi-même un dollar par jour je vivre"


Dollars détournés par James Charles


Donner la parole à ceux 
qui vivent avec un dollar par jour

   (...) La crise économique mondiale génère des déficits qui se chiffrent à plusieurs milliards de dollars. Pourtant, dans les pays en développement, des hommes et des femmes travaillent au quotidien pour gagner quelques billets verts. C’est ce constat qui a conduit le réalisateur cambodgien Rithy Panh à proposer la création de One Dollar, une plateforme interactive construite à partir de portraits vidéo de ceux qui font la petite économie des pays en développement. Il s’agit d’interroger la relation entre le travail et l’argent, et la valeur travail. 

   "Ce projet est une passerelle qui reconnecte le monde virtuel et le monde réel. Les hommes et les femmes ne sont plus des indicateurs ou des statistiques dans des rapports d’institutions internationales, mais des voix, des regards, des corps qui nous ramènent à la réalité", écrit Rithy Panh dans sa note d’intention. 

   L’appel à participation, lancé en mars 2013, s’adresse aux réalisateurs, expérimentés ou débutants, aux geeks et aux membres d’ONG, séduits par la thématique. Ils sont invités à réaliser des courts-métrages de sept minutes racontant le quotidien de personnes qui vivent avec approximativement un dollar par jour. Les portraits seront mis en ligne sur une carte du monde qui servira de plateforme interactive. Ainsi, citoyens, artistes, chercheurs économistes pourront alimenter le site de leurs commentaires, une manière de générer une réflexion de fond sur des problématiques transversales. 

   Cette plateforme interactive sert également de matrice à la conception d’une application de création vidéo pour smartphones et tablettes, libre de droits. Car l’ambition va au-delà de la mise en ligne des portraits. Les producteurs de One Dollar développent un outil permettant de concevoir en quelques clics des contenus pour les nouveaux supports numériques. C’est en observant des habitants de Phnom Penh victimes d’expulsions que le directeur de production du projet, Damien Sueur, s’est rendu compte de l’importance d’offrir une application. 

   "Les habitants de ce quartier étaient équipés d’une tablette qui leur permettait d’archiver le quotidien de la lutte militante de leur communauté, constate-t-il. Nous voulons donc créer un outil qui permettra de maîtriser toute la chaîne de production du tournage à la mise en ligne en passant par le montage. Cela sera utile aux créateurs, militants, journalistes citoyens." 

   La plateforme sera mise en ligne début 2014. Elle offrira une photographie de l’extrême pauvreté quelques mois avant l’échéance des objectifs du millénaire fixée par les Nations unies, dont le premier était de réduire de moitié le nombre de personnes qui vivent avec moins de un dollar par jour. (...)



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(Jeunes, les célèbres frères Bogdanoeuds pensaient déjà
différemment que tout le monde)



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"Si j'ai besoin d'un générique?
Heu... D'une dizaine
au moins, peut-être plus, plutôt..."

SIDA, ne plus considérer les médicaments 
comme des marchandises
Sophie Courval

   (...) « Les produits pharmaceutiques sont considérés comme des produits commerciaux. Ils tombent sous le coup des règles de la propriété intellectuelle, sans qu’on s’interroge davantage sur les conséquences pour les malades, s’insurge Céline Grillon, chargée du plaidoyer international à Act Up Paris. Il faut arrêter de considérer les médicaments comme des produits du commerce et les envisager comme des biens communs. » Considérer les médicaments comme des biens communs, qu’est-ce à dire ? Tout simplement les libérer du joug des brevets qui entravent leur fabrication et leur circulation, autrement dit encourager la production des médicaments génériques. Une bataille rude qui oppose les lobbies de l’industrie pharmaceutique contre les partisans de ce qu’on appelle plus communément aujourd’hui le « libre ».

   Or la guerre du libre est souvent une guerre de l’ombre qui se mène dans différents champs, de l’audiovisuel aux médicaments, peu médiatisée (sauf Hadopi) car très technique. Difficile de rendre compte des combats sans se perdre dans les méandres du droit international. Accords de libre échange, ACTA, CETA, TAFTA…Autant d’accords internationaux tortueux qui régissent les droits de propriété intellectuelle. Rien de virtuel au regard des enjeux qui, eux, sont très concrets. Si Act Up figure parmi les organisations en lutte sur le front de la propriété intellectuelle, c’est pour permettre l’accès aux soins des personnes séropositives, et ce à l’échelle mondiale. Oui, les traitements existent, oui les anti-rétroviraux sont une arme efficace, mais malheureusement les pharmacies des pays en développement ne sont pas aussi garnies que celles des pays riches. Et ce, pour cause de brevets, donc de gros sous.

   Alors qu’en juillet dernier, le parlement européen rejetait la ratification de l’Accord commercial anti-contrefaçon (ACTA), une victoire gagnée de haute lutte, Barack Obama, Herman Van Rompuy, président du Conseil européen et José Manuel Barroso, président de la Commission européenne lançaient le 13 février 2013 le début des négociations d’un nouvel accord entre l’UE et les USA : le Transatlantique Free Trade Agreement, autrement appelé TAFTA. La guerre du libre est une guerre sans fin et… sans transparence. Car la particularité de ces accords est qu’ils se négocient dans le plus grand secret. Les militants recueillant ça et là les « fuites » pour pouvoir réagir. 

   « Officiellement, TAFTA n’a pas vocation à remplacer ACTA, mais en fait TAFTA est en quelque sorte le spectre d’ACTA, confie Céline Grillon. Le lobby industriel pousse tellement fort, qu’on s’y attendait un peu. On ne sait pas exactement encore de quoi il retourne, mais nous réclamons dores et déjà plus de transparence, et Nicole Bricq, la ministre du Commerce extérieur, semble aller dans notre sens, mais nous restons prudents car l’actuel commissaire européen au commerce, Karel De Gurcht, a fait d’ACTA un échec personnel. Il a la volonté de finir son mandat avec un autre résultat. »

   Pour Act Up, la bataille se mène sur le front des génériques, c’est-à-dire la possibilité pour des industries pharmaceutiques des pays du Sud de fabriquer et de commercialiser des médicaments à moindre coût. Et dans le domaine du SIDA, les génériques sont la planche de salut de nombreux malades. 80% des médicaments utilisés pour traiter le VIH dans les pays en développement sont produits en Inde. Or, en ce moment même, la commission européenne fait pression sur l’Inde pour qu’elle accepte de signer un accord de libre échange qui renforcerait les droits de propriété intellectuelle des industries pharmaceutiques des pays du Nord et compromettrait gravement l’accès aux soins des malades séropositifs. 

   En 2012, on comptait 34 millions de personnes vivant avec le VIH contre 33,5 millions en 2010. Dans les pays d’Europe centrale et orientale, en Afrique du Nord et au Moyen-Orient l’épidémie a repris. En Afrique subsaharienne, ce sont près de 69,1% des personnes qui sont atteintes du VIH. « Seules 50% des personnes séropositives vivant dans des pays à revenus faibles ou intermédiaires ont accès à un traitement, déclare la militante d’Act Up. Sans compter que ce n’est pas parce qu’on a eu accès une fois à un traitement qu’on est sous traitement. »

   De fait, on ne soigne pas de la même façon un malade au Bénin ou en France. Pour exemple, une des conditions du bon fonctionnement des anti-rétroviraux est l’observance, à savoir le respect des horaires fixes pour la prise du traitement. « Au Bénin, la difficulté de l’accès aux médicaments empêche les malades de suivre une bonne observance, raconte Céline Grillot. Il faut parfois faire des kilomètres pour avoir un traitement et revenir le lendemain parce qu’il y a une rupture de stock, ce n’est pas toujours possible. » Or qui dit mauvaise observance dit à terme traitement inefficace. 

   Dans la pharmacopée des anti-rétroviraux, il existe des médicaments de première, deuxième et troisième ligne. Lorsqu’un traitement 1ère ligne devient inefficace on passe à la catégorie au-dessus. Les médicaments de 1ère ligne étant considérés comme éminemment toxiques, ils ne sont plus distribués en France mais constituent les principaux traitements des pays pauvres, qui en revanche, brevets obligent, n’ont pas accès aux médicaments de 3ème ligne. Donc si on résume, les malades séropositifs des pays du Sud sont plus nombreux, leurs pharmacies sont moins remplies, ils ont accès à des traitements plus toxiques, moins efficaces. Et lorsque ceux-ci ont cessé de faire effet, ils n’ont pas de plan B. De l’importance de soustraire les médicaments aux règles du commerce et de les envisager comme des biens communs. La bataille du libre doit sortir de l’ombre.



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Luc Desle

lundi 29 avril 2013

"Ils se marièrent et eurent beaucoup de disputes". Jacques Damboise in "Pensées inconvénientes".

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Pensées pour nous-mêmes:

(SOIS LE DISCIPLE QUE TU N'AURAIS
JAMAIS CRU ETRE)

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COURTS RÉCITS AU LONG COURS (88/2)
pcc Benoît Barvin

   Nous sommes à Chicago en 1931. Tom Drake et Peter Duncan, deux agents du FBI, nouvellement créé, sont appelés par leur chef, Eliot Ness. Ils doivent rejoindre les lieux d'un massacre. Il s'agit d'un club, le "Blue Circle", qui a été ravagé par une violente explosion. Les deux agents constatent sur place que les seules victimes de cet attentat sont les malheureuses danseuses du club.

Ace G-Man Stories [v 1 #2, July-August 1936] 
(Popular Publications, 10¢, ...


   Notre quartier général était basé dans le bar d’en face, réquisitionné pour l’occasion. Ness était assis en face de moi. Près de lui le procureur Davidson et Stanton. A mes côtés se tenait Duncan qui, coup sur coup, venait d’avaler deux verres de schnaps. Malgré la prohibition, le patron de l’endroit avait eu ordre de nous servir un vrai remontant. Je dégustai mon propre verre, heureux de me réchauffer car j’étais maintenant glacé jusqu’aux os. Je remarquai du coin de l’œil que le procureur avait commandé une mixture qui ressemblait à de la tisane. 

   - Bon, si nous récapitulions ce que nous avons, dit soudain Davidson, en avalant précautionneusement une gorgée de son breuvage. 

   Le divisionnaire posa son verre, s’essuya la bouche avec un mouchoir, remisa le carré de toile dans sa poche, avant de dire. 

   - D’après nos premières constatations, il s’agit d’une expédition punitive d’un des groupes mafieux de la ville. Le portier – un certain Soames - a noté la présence d’une Oldsmobile roadster 2 portes, couleur violet, vers les cinq heures. Mais il n’a pas fait attention aux deux types qui étaient à l’intérieur. Le « Blue Circle » était sur le point de fermer. Il n’y avait plus aucun client. Les danseuses s’étaient rhabillées et s’apprêtaient à partir. Le portier les a saluées alors qu’elles sortaient, par groupe de trois, par la grande porte, puis il est rentré dans la boîte. C’est à ce moment-là que l’explosion a retenti. Une belle charge… Quelques kilos de TNT, je suppose, qui a tout soufflé sur quelques mètres. Le portier et le personnel ont été projetés en avant, mais sans bobo particulier, hormis les contusions d’usage. C’est la façade qui a tout pris… 

   - Et les filles, le coupai-je, sur un ton lugubre, m’attirant ainsi un coup d’œil furieux de sa part. 

   - Bien entendu, bien entendu… Elles se sont trouvées là au mauvais moment… 

   - Ou, justement, au bon moment, intervint Ness en ôtant son chapeau et en le posant soigneusement sur la table, à côté de lui. 

   - Que voulez-vous dire ? grogna le procureur, en fronçant les sourcils. 

   - Les types qui ont causé l’attentat savaient ce qu’ils faisaient, expliqua Ness. Ils surveillaient le « Blue Circle ». Il leur aurait été facile d’attendre qu’il n’y ait plus aucun client pour actionner leur machine infernale. Or ils l’ont faite sauter juste au moment où les girls se pointaient… 

   - Vous pensez que c’était voulu ? demanda Stanton. 

   - C’est une hypothèse qui n’est pas à exclure. 

   - Pourtant cet attentat a quelque similitude avec celui qui a eu lieu l’année dernière, non ? Un massacre où Capone était partie prenante. 

   Le commissaire n’avait pas tout à fait tort. Le 14 février 1929, Capone avait mis en place une opération destinée probablement à éliminer un de ses concurrents, George Moran. Dans un garage, via ses affidés déguisés en policiers – un comble ! -, il avait fait assassiner 7 personnes, toutes appartenant au gang rival. Sans réussir à dessouder Moran. On avait mis le vieux renard en prison, mais il venait d’en ressortir, deux mois plus tôt.  Pour «bonne conduite»(1)… 

   - Depuis qu’il est dehors, nous surveillons Capone, dit Ness d’une voix sèche. J’ai interrogé mes hommes pour savoir où il se trouvait pendant la nuit. Il n’a pas quitté une « cache », à cinquante kilomètres d’ici. Quant à ses hommes, ils étaient tous autour de lui comme de fidèles toutous. 

   Stanton ricana et, pointant un doigt accusateur vers Ness, il rétorqua. 

   - Cette ordure se moque éperdument de la police et des autorités en général. Qui vous dit qu’il n’a pas commandité cet attentat, en souvenir de l’année dernière ? Il en serait bien capable… Même si le patron de la boîte, Dogson, entérine l’alibi de ce gredin. Quant à des truands capables d’exécuter ce genre de mission, aujourd’hui on en ramasse à la pelle à la soupe populaire ! 

   Je vis passer un éclair dans le regard sombre d’Eliot Ness. Puis il plissa les yeux et c’est d’un ton très calme qu’il répondit. 

   - Je vous répète, Monsieur le divisionnaire, que nous gardons un œil – et le bon - sur Capone. Depuis sa sortie de prison, il n’a pas eu le temps de réorganiser ses réseaux contre lesquels, vous ne l’ignorez pas, nous nous sommes acharnés, profitant de son temps de détention. Non, à mon avis il s’agit d’une histoire bien différente. Et certainement aussi dangereuse… 

   Le procureur se massa lentement le lobe de l’oreille droite. Il avait l’air de quelqu’un qui réfléchit intensément. Ou qui s’ennuie ferme. Il demanda enfin, avec une pointe de raillerie. 

   - Vous avez peut-être déjà une théorie, Monsieur Ness ? 

   - Pas encore, évidemment, mais mes hommes vont en trouver une. Si vous me le permettez, Monsieur le procureur, nous prenons maintenant l’affaire à notre charge. Mais en sous-main, bien entendu. Officiellement, ce sont les services du commissaire divisionnaire qui enquêteront. 

   Stanton chercha bien à tergiverser, mais il dut finalement se plier aux ordres du procureur Davidson qui approuvait Ness. Quant à moi, enquêter sur cette affaire ne me disait rien. Je sentais, derrière ce massacre, une histoire bien sordide que je n’avais pas envie de renifler. J’avais l’odorat très délicat, vous comprenez…

(1) authentique.

(A Suivre)
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(Le monstre électromagnétique ricanait dans le noir...)

(c) Joshua Hoffine
Le débat sur les ondes 
électromagnétiques se poursuit

   (...) Une nouvelle étude viendrait confirmer certains effets des ondes électromagnétiques sur l'organisme, selon Top Santé. À tout le moins sur celui des rongeurs, car l'effet démontré ne l'a été que sur des rats, et non sur des humains. Perte de sommeil ou insomnie et prise de poids feraient partie des «symptômes», des phénomènes observés chez les rongeurs-tests.

   Plus précisément, certains rats ont démontré des baisses de température, une faim supérieure, un sommeil fractionné et une certaine anxiété. Plus encore, la queue de certains rats a carrément été modifiée!

   Les chercheurs tiennent mordicus à ce que d'autres études sur le sujet soient produites, afin de voir si cette corrélation peut s'étendre et s'appliquer à l'humain.

   Si la France parle des antennes-relais, il en va de même au Québec, avec nos fameux nouveaux compteurs d'électricité, en plus de tous les appareils émetteurs d'ondes retrouvés dans nos maisons.

   Donc, ces appareils producteurs d'ondes dans notre environnement peuvent-ils avoir un effet sur notre santé? Oui, répond l'équipe de chercheurs de l'Université d'Amiens et de l'INERIS.

   Les chercheurs, dont les conclusions sont publiées dans le magazine Environnement Science and Pollution Research, croient qu'on peut parler d'effet sur l'équilibre énergétique, ce qui pourrait mener à certains problèmes de santé. (...)


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(La bunny girl se demandait si ses grandes oreilles
pouvaient lui servir d'antenne)

Irish McCalla  Bunny Girl

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("Difficile de décrocher" songea l'ex golden-boy à qui il ne
restait plus que 345 euros et 15 centimes 
pour acheter sa nouvelle tablette)


La pureté de l'esprit
@mlarsenault

   (...) «Les sages de l'Inde ancienne disent que bonheur et souffrance, enfer et paradis, sont essentiellement des créations de l'esprit.» Voici, tirée d'une lecture de vacances, (un livre de philosophie d'inspiration bouddhiste datant des années soixante-dix), une phrase que je m'applique à méditer, quelque part sur une île tropicale.

   Alors que j'observe mes semblables, occupés à pratiquer toutes sortes d'activités dites de vacances comme la voile, la plongée sous-marine ou la consommation d'alcool à partir de 10 heures le matin, je réalise que voir et être vu, deux créations de l'esprit, devenues composantes dominantes de l'attitude virtuelle, qui passent désormais par l'usage systématique des médias sociaux, même agglutinés sur une plage ensoleillée, même en maillot de bain, même en vacances, ces besoins relativement neufs dans l'histoire de l'humanité, voir et être vu, rythmant désormais les journées de beaucoup d'êtres humains.

   Ainsi, le fameux repos de l'esprit, pour lequel on était prêts à payer très cher jadis et qui consistait à se couper des autres et du monde dans lequel on évolue normalement, n'a semble- t-il plus la même valeur, alors que la majorité des vacanciers déambulent maintenant armés d'un ordinateur portable ou d'une tablette électronique, branchés en permanence sur le reste de leur monde, la plupart d'entre eux affichant d'ailleurs un poids bien au-dessus des normes médicales, ce qui, en passant, ne peut pas être une coïncidence.

   Sur la Toile Hier matin, sur la terrasse de l'hôtel, une jeune fille d'environ 13 ans était totalement absorbée par l'écran de son ordinateur, où elle utilisait à la fois Facebook, Twitter et un site de conversation instantanée, passant d'une fenêtre à l'autre au gré de ses besoins, de ses envies ou de ses rencontres virtuelles, tapant sur les touches de son clavier à une vitesse vertigineuse, digne représentante de cette génération rompue aux médias sociaux, qui a appris à exister au travers des regards rassurants de cette ère virtuelle, en même temps(ou presque) qu'elle a maîtrisé l'usage de la bicyclette. La jeune fille d'aujourd'hui (et ses parents avec elle), prostrés en permanence sur la toile, présence continue qui prend plaisir à donner de ses nouvelles et à entretenir un dialogue avec tout le monde et même, fournir des images, est devenue, c'est une évidence, une créature qui ne prend plus jamais de vacances.

   "Faites en sorte que votre esprit n'attende rien des plaisirs du monde», dit encore le livre d'inspiration bouddhiste. Pour cela, il faudrait un monde totalement privé d'internet, et cela, c'est devenu carrément impossible. (...)


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Luc Desle

dimanche 28 avril 2013

"Ancré sur ses certitudes, il resta à quai". Benoît Barvin in "Pensées pensées".

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Pensées pour nous-mêmes:

(POUR T’ALLÉGER, DÉLIVRE-TOI
DU JUGEMENT)

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COURTS RÉCITS AU LONG COURS (88)
pcc Benoît Barvin

G-MEN PULP Art pinup Detective FBI Gangster ...


"SANGLANTE SAINT VALENTIN "

-1- 

14 février 1931. Chicago. Tôt le matin. 


   Il s’agissait d’un carnage. D’une boucherie. Il y avait au moins dix morts sur le carreau, voire plus… 

   C’était Eliot Ness qui me l’apprenait. Son coup de fil avait été expéditif ; les informations ayant été lâchées comme à regret par sa voix froide qui, désormais, faisait partie de mon environnement quotidien. 

   - Venez vite, Drake. On a affaire à un vrai massacre. Sûrement un coup de la mafia. Prenez Duncan avec vous. 

   Peter Duncan était un de mes collègues du tout nouveau FBI. Un type costaud, peu causant, avec lequel je m’entendais bien. Je le réveillai en cognant méchamment contre la porte de son appartement. J’étais aussi en rogne que lui qui m’ouvrait, une arme dépassant de sa pogne. La différence entre nous, c’était qu’il avait de meilleurs raisons que moi d’avoir la rage : Je le tirais des bras d’une fille aux formes alléchantes. 

   En me reconnaissant, il esquissa une grimace qui transforma son visage en masque grotesque, mais il s’habilla en quatrième vitesse. Il me suivit sans un mot – après avoir donné une tape amicale sur les fesses rebondies de la silhouette féminine. Celle-ci, pour toute réponse, lui grommela quelques vérités bien senties. En toute autre circonstance, j’aurais plaisanté à propos de la verdeur du vocabulaire de la dame. Mais là, je me tus. 

   Dans l’ascenseur, Duncan s’essaya à sourire. Il avait le visage chiffonné – suite à une nuit certainement aventureuse - et ses taches de rousseur, héritées de parents Irlandais, me parurent avoir doublé de volume. Je lui tendis une cigarette qu’il s’empressa de glisser entre ses lèvres. Après l’avoir allumée, il aspira une longue bouffée, avant de demander, la voix rogue. 

   - Alors ? De quoi il s’agit ? 

   Je lui répondis ce que je savais, c’est-à-dire pratiquement rien. Comme à son habitude, Ness n’avait dit que le strict minimum. Nous nous glissâmes dans mon véhicule – une Ford de 1928, Model A Standard Roadster - et je conduisis, sans appuyer sur le champignon car, bien qu’il soit sept heures du matin, le trafic était déjà dense. 

   « Saloperie de boulot », grommela mon collègue, alors que je garai le véhicule derrière une voiture de Police. En sortant, je notai que les flics grouillaient près d’une dizaine d’ambulances, comme les mouches autour du miel. Bien que nous soyons en février, le temps était relativement clément. Il faisait certes un froid vif, mais le ciel était dégagé. Au loin, la lune ronde s’estompait. 

   En m’approchant, je me rendis compte que Ness n’avait pas menti : l’affaire avait amoché un certain nombre de personnes, si j’en croyais les nombreux chariots auprès desquels s’empressaient médecins et infirmiers. 

   - Bon sang, fit Duncan, qu’est-ce qui s’est passé ici ? C’est la guerre ? La fin du monde ? 

   Je ne répondis rien à la plaisanterie qu’il avait lancée, d’une voix faussement ironique. Je jetai ma cigarette à terre, l’écrasai sous le talon de ma chaussure, la gorge serrée, alors qu’un flic levait la main pour nous empêcher d’avancer. 

   - Halte ! Cet endroit est interdit aux civils. 

   - Mais pas à nous, répliqua Duncan, en brandissant son insigne sous les yeux de l’agent. 

   Je crus l’entendre ajouter une insulte, mais celle-ci s’évanouit dans le brouhaha ambiant. Le flic – un petit gros moustachu d’un certain âge qui ressemblait à un acteur comique – verdit, mais ne répondit rien. Il s’écarta précipitamment, alors que Duncan et moi nous repoussions les légères barrières de sécurité pour pénétrer plus avant. 

   Il y avait foule sur la scène du crime. Nous nous dirigeâmes vers un groupe où, engoncés dans leur pardessus, se pressaient des officiers de police, l’imposant commissaire divisionnaire Stanton, ainsi que Ness, reconnaissable à son allure flegmatique. Quand le chef nous aperçut, il nous fit signe d’avancer, d’un geste impatient. Duncan et moi nous franchîmes la foule des flics et des ambulanciers affairés. 

   Quelques coups d’œil jetés ça et là me renseignèrent sur l’étendue du carnage qui avait eu lieu. A vue de nez, près d’une dizaine de corps sans vie étaient allongés sur des brancards. A même le sol, des médecins tentaient d’empêcher quatre nouvelles victimes de s’ajouter au décompte. A voir la face de carême des blessés, la partie était perdue d’avance. 

   - Alors, qu’est-ce que vous pensez du spectacle ? me demanda Ness. 

   A côté de lui, Stanton souleva son chapeau. En dépit de la fraîcheur du petit matin, il suait abondamment et essuya plusieurs fois sa face congestionnée à l’aide d’un énorme mouchoir. Près de lui je remarquai alors le procureur Davidson. Comme à son habitude, l’homme était tiré à quatre épingles et semblait choqué par la vue du sang qui maculait les sauveteurs, les blessés et avait éclaboussé une partie du trottoir. 

   - Ils n’y sont pas allés avec le dos de la cuillère, constata Duncan à ma place. Vous avez idée de qui a fait le coup, chef ? 

   Ness haussa les épaules : 

   - Je ne piétine les lieux que depuis une demi-heure. Ces Messieurs – il désignait la cohorte d’agents qui s’excitait le long des trottoirs – en sont aux premières constatations, alors…. 

   - Mais pourquoi nous avoir appelés si vite ? demandai-je, en jetant un œil par-dessus le groupe formé par le patron et les autres pontes. 

   Je constatai alors que nous nous trouvions devant une boîte de nuit, le « Blue Circle », renommée pour ses spectacles de danseuses nues. La devanture avait pratiquement disparu, certainement soufflée par une violente explosion. Ne restait plus que l’enseigne, tout en haut, qui clignotait encore, nous faisant de l’oeil. D’où je me trouvais, j’avais une vue malaisée sur l’intérieur de l’établissement. Nul doute, cependant, qu’il était sens dessus dessous. 

   - Vous avez noté le grand nombre des victimes, je suppose ? me répondit Ness en désignant les corps sur les brancards. Les types qui ont agi n’ont pas fait dans le détail. Cette affaire est donc de notre ressort. 

   Je hochai gravement la tête, la gorge toujours aussi sèche. A cet instant Duncan remarqua quelque chose. Il poussa une exclamation et, se précipitant vers la première victime, il souleva le drap recouvrant le cadavre. 

   - Nom de Dieu, jura-t-il, le visage blême. 

   En dépit des exclamations de colère des ambulanciers, il alla à la victime suivante, souleva là aussi le drap la recouvrant et jura une seconde fois. Il réitéra son manège à chaque nouveau cadavre. Je le regardai faire, en allumant une nouvelle cigarette. J’avais déjà compris ce qui, en dehors du nombre de morts, transformait ce carnage en une redoutable énigme : toutes les victimes étaient de sexe féminin. 

   A croire que les tueurs avaient délibérément choisi d’éradiquer la troupe entière des danseuses nues du « Blue Circle ». 

(A suivre)

***

N.C. Wyeth

   (...) Newell Convers Wyeth (Né le 22 octobre 1882 et mort le 19 octobre 1945), connu sous le pseudonyme N.C. Wyeth, est un artiste et illustrateur américain. Élève de l'artiste Howard Pyle, il devint l'un des principaux illustrateur de son époque.

   Durant sa vie, Wyeth produira plus de 3 000 peintures et illustra 112 livres, 25 d'entre eux pour Scribner's, pour lesquels il est principalement connu.

   Wyeth est un peintre réaliste. Parfois considéré comme mélodramatique, ces illustrations sont pensées pour être comprises rapidement. Wyeth, était un peintre et un illustrateur, il nota bien la différence, lorsqu'il dit en 1908, "Painting and illustration cannot be mixed-one cannot merge from one into the other." (La peinture et l'illustration ne peuvent pas être mélangées ou fusionnées, l'une ne pouvant faire partie de l'autre).

***

"Du haut de ce monticule, trois jours de grimpette 
me contemplent..."


***
"Heu... Vous êtes sûre, ma Chère,
que c'est avec ce rustre que vous voulez
faire bombance, ce soir, pendant que
j'irai voir les filles de petite vertu?"


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"Bon, Lady Marianne, elle va l'ôter sa robe, oui ou...
- Chut, Robin, elle va t'entendre!"


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"Alors elle me dit: Monsieur, j'adore les barbus.
- Et pourquoi cela? lui demandai-je.
- Parce qu'ils sont... Heu... Vous comprenez?
- Vu les regards qui se portent vers le haut de
mes chausses, je crois en effet entendre ce
que vous me dites..."


(Le Capitaine Danfert adorait les livres d'amour)

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Blanche Baptiste

samedi 27 avril 2013

"Elle était scandaleusement belle, cette somme d'argent". benoît Barvin in "Pensées pensées".

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Pensées pour nous-mêmes:

(NE PASSE PAS TA VIE
A CHERCHER LE MAÎTRE)

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"J'ai rien programmé, Nom de Diou...
Y'a qu'cette machine, elle me pompe
le ciboulot depuis un bon moment..."

Bientôt une loi pour lutter 
contre l’obsolescence programmée ?
KARINE LE LOËT

   (...) Ce mardi (23 avril), le Sénat sera appelé à discuter d’une proposition de loi sur l’obsolescence programmée. En clair, la planification délibérée, par les industriels, de la mort d’un objet. Et ce, afin d’inciter les consommateurs à en acheter un nouveau, plus beau, plus à la mode. Déposée par le sénateur Jean-Vincent Placé (Europe Ecologie – Les Verts) le 13 mars, le texte vise à augmenter la durée de vie des produits. Mais comment donc ? 

   En augmentant graduellement la durée légale de conformité des produits établie par le Code de la consommation de deux ans à cinq ans d’ici à 2016. « La plupart des produits sont fiables pendant au moins cinq ans, les fabricants ne devraient donc pas être particulièrement pénalisés par cette mesure. L’allongement de la durée de garantie peut même constituer un avantage concurrentiel », souligne le texte. La proposition de loi propose aussi une mise à disposition de pièces détachées pendant une période de dix ans et une meilleure information sur les possibilité de recyclage du produit usagé.

   Et si c’était un mythe ? Il était temps. Car la mort planifiée se décline sous de multiples formes, comme le souligne le Centre européen de la consommation (CEC) – une association franco-allemande qui œuvre pour la protection des droits des consommateurs en Europe – dans son étude (PDF). Là, il répertorie les différentes formes d’obsolescence : technique (un appareil tombe en panne et est irréparable), par péremption (des produits alimentaires affichés comme bons à jeter alors qu’ils sont encore consommables), esthétique (c’est la mode qui rend l’objet caduc), ou encore écologique (on envoie au garage sa titine pour une nouvelle voiture qui consomme moins). 

   Conclusions du rapport : pour chaque appareil acheté, le consommateur devrait pouvoir connaître « la durée de vie de l’appareil », « la réparabilité de l’appareil et la durée de disponibilité des pièces détachées et accessoires », « l’impact environnemental du produit » et recevoir « une incitation au recyclage de l’ancien appareil ». Une transparence que promet en partie la proposition de loi de Jean-Vincent Placé.

   Mais responsabiliser les industriels ne fera pas tout. Le citoyen a aussi sa part à accomplir, assurait en novembre dernier dans nos colonnes, Damien Ravé, le fondateur du site Commentreparer.com : « En fin de chaîne, l’acte d’achat est toujours accompli par le consommateur. Il peut évoquer la manipulation, la dissimulation, l’absence de choix, mais est-il prêt à croire qu’il n’a aucune responsabilité dans la qualité des produits qu’il achète ? (…) L’obsolescence programmée est peut-être bien un mythe affirme même l’économiste Alexandre Delaigue On peut expliquer la durée de vie réduite de nos appareils beaucoup plus simplement : par leur faible prix. » (...)



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"Qu'est-ce que tu fais?
- Je m'aère la tête"


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"Je cherche des citoyens prêts à m'aider...
En connaissez-vous?"


La République
JANET-LANGE
(1815-1872)

La proportionnelle a bon dos. 
Roger Martelli répond à Jacques Julliard
 Roger Martelli

   (...) Dans le dernier numéro de Marianne, Jacques Julliard se lance dans une diatribe contre Mélenchon et le Front de gauche. « Une stupidité, la VIe République », assène-t-il en titre. Pourquoi ? Parce qu’elle réintroduirait la représentation proportionnelle. Il a tort. Ce qui est stupide est de laisser les institutions en l’état. Ou de penser que l’on peut les améliorer en respectant leur esprit. Jacques Julliard se trompe doublement.

   Il se trompe d’abord sur le constat historique. Ce qui a tué la Quatrième République, ce n’est pas la représentation proportionnelle. Ce sont les guerres coloniales et, plus encore, la guerre froide. Pour une raison toute simple : la guerre froide tend à substituer, au conflit de la droite et de la gauche, celui de l’Est et de l’Ouest. À gauche, le Parti communiste est durablement isolé ; à droite, le parti du général de Gaulle, le Rassemblement du Peuple français, refuse toute alliance avec le « régime des partis ». Or le total des deux partis « hors système » approche alors la moitié du corps électoral. Pour constituer des majorités, il semblait alors qu’il n’y avait pas d’autre solution que de rassembler une partie de la gauche et une partie de la droite. Comment, sur cette base, les majorités peuvent-elles être stables, quel que soit le mode de scrutin ? 

   La République n’a pas souffert d’un mode de représentation qui empêchait la formation de majorité, mais de ce que les majorités du centre tuent la gauche dans ses valeurs et donc dans sa dynamique. De quoi peut mourir la gauche aujourd’hui ? De ce qu’elle se positionne au centre, au nom des contraintes de la « gouvernance ». De quoi peut mourir la République ? De ce que la droite est trop à droite pour la respecter et de ce que la gauche n’est pas assez à gauche pour la défendre.

   Julliard se trompe par ailleurs sur le constat présent. Si la crise est à la fois économique, sociale, politique et morale, c’est que nous subissons les effets d’une trentaine d’années dominées à la fois par la logique économique de l’ultralibéralisme et par la méthode technocratique de la gouvernance. Le pouvoir de décider s’est concentré, la représentation s’est affaiblie, les citoyens se sont sentis écartés. Or c’est l’esprit même des institutions, son présidentialisme et son tropisme bipartisan qui ont généré cette dépossession. 

   Si l’on veut se sortir de la crise, il faut se sortir de cette logique-là. Si la Cinquième République se limitait au changement de mode de scrutin, je comprendrais à la rigueur les doutes qui s’expriment. Mais qui propose de s’en tenir à cela ?

   Le fond de la crise est dans le gouffre qui sépare désormais la société et les institutions politiques. Les citoyens ont le sentiment qu’ils ne sont pas représentés ; ils ont le sentiment que les choses leur échappent de plus en plus. Comment combler ce gouffre ? En améliorant la représentation tout d’abord : en rendant possible une correspondance visible entre les représentants et les représentés, en n’écrasant pas les opinions minoritaires jusqu’à les nier, en déprofessionnalisant la politique, en accélérant la rotation des responsabilités publiques, en élargissant la citoyenneté. Les citoyens se sentent mis à l’écart ? 

   Multiplions les occasions de les associer, de les solliciter, de les impliquer directement, dans l’élaboration de la loi, dans la gestion des biens communs, dans les choix les plus décisifs, nationaux ou supranationaux. Améliorons la représentation et ouvrons la voie à une démocratie d’implication, à la fois politique, économique et sociale. (Les technocrates de Bruxelles sont-ils d'accord?) (...)

Lire sur:

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Luc Desle