Bonjour à vous qui, dans le maelström du net, êtes arrivés, par hasard? lassitude? erreur? sur ce blog. Vous êtes les bienvenus. Vous y lirez des extraits d'articles, de pensées, d'interviews, piochés ça et là, et illustrés de photos et dessins détournés, via un humour de bon aloi. Vous pouvez évidemment réagir avec le même humour, la même ironie que nous mettons, chaque jour, à tenter de respirer un peu plus librement dans une société qui se corsète chaque fois un peu plus.

jeudi 27 juin 2013

"La petite flamme qu'on voyait dans ses yeux éclairait sa pensée". Benoît Barvin in "Pensées pensées".

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Pensées pour nous-mêmes:

(LA MONTAGNE NE SE TRAVERSE PAS)

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LONG RÉCIT AU LONG COURS (1/50)
pcc Benoît Barvin et Blanche Baptiste


   Angélus Gabrielli, l'apothicaire, est en butte à des plaintes concernant ses onguents qui se révèlent, au final, pernicieux...

ANGÉLUS 
ou 
LES SECRETS DE L’IMPALPABLE 


CHAPITRE 20

   C’était un mois de juin magnifique. Angélus avait vu ces derniers temps sa clientèle particulière l’abandonner. Seuls les patients envoyés par le docteur Gleize se risquaient à franchir le seuil de la boutique, et encore se montraient-ils réticents à lui faire réaliser des préparations, préférant acheter des remèdes manufacturés, comme il en existait désormais sur le marché.

   Certains clients commandaient même leurs remèdes à Espigouze ou à Aubenac. A ce rythme-là, il était évident que la pharmacie allait faire faillite, et c’était ce que souhaitaient de tout cœur les Fontserannais.

   Angélus, cependant, goûtait une joie secrète, car tous voyaient leur santé péricliter. Ils recouvraient leur apparence hideuse, chaque jour un peu plus. Et cette fois, aucun onguent miraculeux ne pouvait les soulager. Ils en étaient tenus, pour pouvoir se venger de lui, à vivre dans des affres tellement insupportables que la tension avait monté d’un cran. Angélus, aux regards meurtriers que tous lui adressaient, avait compris qu’il valait mieux se trouver le moins souvent possible sur leur chemin. 

   Il continuait à se rendre au couvent le vendredi car c’était la saison où l’on herborisait le plus, et il donnait des conseils pour le séchage des plantes. Mais au lieu de n’y rester que quelques heures en début d’après-midi, il avait décidé de partir de bon matin, laissant pendant ce temps sa boutique close. Ce qui fut très mal pris par les Fontserannais, bien qu’ils aient reçu comme consigne de se passer de ses soins. 

   Eux le voulaient fidèle au poste, au service de leur bon vouloir. Jamais le Sieur Andrieu n’aurait laissé son officine fermée toute une journée ! D’ailleurs, il avait toujours un apprenti ou un commis pour l’aider, chose à laquelle Angélus s’était catégoriquement refusé, préférant travailler seul.

   - Vous êtes bien matinal, remarqua Sœur de la Miséricorde, lorsqu’il se présenta au parloir. Sœur Adèle, puisque vous partez donner classe, allez ouvrir l’herboristerie en passant.

   La Sœur s’exécuta. Angélus demanda à voir la Supérieure, mais ne pouvant la rencontrer en aparté sans éveiller de soupçons, il se contenta de donner une recommandation concernant la cueillette.

   - Pouvez-vous dire aux Soeurs qui iront herboriser ce jour de ne ramasser que des mauves et des boutons de coquelicots.

   Puis il rejoignit la petite salle où les moniales mettaient les plantes en sachet, entières ou réduites en poudre. Sœur Adèle était encore dans la pièce.

   - Je vous ai ouvert la fenêtre. L’air extérieur est si léger ce matin qu’il serait dommage de ne pas profiter de sa caresse.

   Angélus planta son regard dans celui de la jeune fille. Elle ne cilla pas. Ce n’était pas la première fois qu’il remarquait cette jeune religieuse. Il émanait d’elle une intelligence, une fraîcheur et une franchise si peu communes en de tels lieux qu’il trouvait regrettable qu’elle se soit consacrée à Dieu. 

   - Je vous remercie, lui dit-il. Il est en effet dommage de se priver des trésors que la Nature nous offre.

   - Je suis tout à fait d’accord avec vous... Oh, j’entends la cloche de huit heures! Je vais être en retard. A bientôt.

   Angélus ne resta seul que quelques secondes. Elaine vint frapper à la porte.

   - Bonjour, vous m’aviez dit que je pourrais venir vous consulter, vous vous rappelez ?

   - Cela ne date pas d’hier, Elaine, mais en effet, je m’en souviens. Je suppose que vous allez mieux, sinon vous m’auriez contacté avant, car j’ai souvenir que nous nous sommes croisés maintes fois. Je fais erreur, peut-être ?

   - Pas du tout, répondit Elaine gênée par le regard inquisiteur du jeune homme. Mais j’ai des questions à vous poser. Sœur Adèle, la jeune novice qui sort à l’instant d’ici, m’a dit un jour que vous étiez un génie. J’aimerais bien savoir ce qu’elle entend par là. Avouez que dans la bouche d’une future religieuse, ces paroles sont bien étranges.

   - Le terme de génie est peut-être un peu fort, pourtant Adèle me semble être la plus sensée des personnes vivant dans ce couvent. Et pour le peu que je sache d’elle, mon impression est qu’elle n’est pas à sa place parmi ces religieuses.

   - Le couvent est pour beaucoup un refuge, une bulle à l’écart du monde, une protection. Vous-même n’y trouvez-vous pas le calme nécessaire à vos recherches ? 

   Angélus ne releva pas le sous-entendu, se contentant d’un geste vague et d’un demi-sourire. Elaine entra alors dans le vif du sujet.

   - Vous semblez avoir un idéal qui vous porte et j’avoue que, depuis la mort de mon fiancé, je ne sais comment reprendre goût à la vie. J’ignore si la religion pourra m’aider à sortir de ce vide intérieur.

   - Ce qui est vécu avec passion peut combler l’âme de quiconque, répondit Angélus d’une voix douce. La tiédeur affadira votre existence si vous la laissez prendre le pas sur votre volonté, votre engouement ou votre désespoir. Quel que soit le sentiment dont vous serez submergée, allez jusqu’au bout de ce qui est juste et bon pour vous… et pour vous seule. J’ai toujours agi ainsi, et je me sens parfaitement en paix avec moi-même.

   Elaine sentit ses joues s’empourprer sous la colère et ne put s’empêcher de provoquer Angélus.

   - Ainsi, vous iriez, si j’ai bien compris, jusqu’à faire fi de la vie des autres pour atteindre votre but ?

   - Si ce but-là sert à nourrir une Oeuvre qui dépasse de loin les éléments en présence… J’irai jusqu’à sacrifier toute personne qui se mettrait en travers de mon chemin, oui, très certainement.

   Une lueur passionnée brillait dans les yeux d’Angélus. Elaine se dit qu’elle avait à faire à un fou plutôt qu’à un génie, et la peur la reprit.

   - Et quelle est donc cette œuvre qui mérite tant de sacrifices ? demanda-t-elle, d’une voix tremblante.

   - Pouvoir atteindre et toucher la transparence. Pouvoir créer plus doux, plus diaphane que la bise du matin, plus chaud et léger que le rayon de soleil printanier, voilà mon but, Elaine.

   - N’est-ce pas cela qui a contribué à la mort de mon Adrien ?

   Angélus marqua un temps d’arrêt.

   - Peut-être recherchait-il une beauté trop terre à terre, qu’en pensez-vous ?

   - Vous ne répondez pas à ma question, Monsieur Gabrielli.

   - La réponse est en vous, Mademoiselle. En tout cas, tous les hommes sur cette terre ont été, un jour ou l’autre, responsables de près ou de loin de la chute de quelqu’un. Votre Adrien comme les autres. Vous ignorez sans doute que, dans ce bourg même, il y a de cela bien longtemps, avec des jeunes de son âge, il a contribué à la mort d’un des leurs... Nous sommes tous ange et démon suivant les moments, les intérêts ou l’envie.

   Les larmes aux yeux, Elaine s’écria :

   - Mais qui êtes-vous donc pour vous permettre de juger ainsi des êtres qui vous sont totalement étrangers ? A moins que l’on ne vous ait chargé de venger quelqu’un ? Peut-être...

   Sœur de la Miséricorde interrompit cet échange de plus en plus passionné en entrant sans frapper dans la pièce.

   - Hé bien Elaine ? Je vous cherche partout. Vos compagnes vous attendent pour aller herboriser.

   Angélus se détourna et fit semblant de s’occuper. La jeune femme s’efforça de cacher ses larmes et, serrant les poings, elle passa rapidement devant la religieuse. 
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(A Suivre)

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"Mon Dieu! Toutes mes données personnelles
ont disparu de mon passeport!"



http://bulgarie1.zigo.over-blog.com/categorie-12446026.html

Les Bosniens pleurent un bébé mort 
à cause d'un vide juridique

   (...) Environ 2 000 personnes se sont rassemblées dimanche 16 juin à Sarajevo, la capitale bosniaque, pour rendre hommage à un bébé mort en raison d'un vide juridique qui a empêché des milliers d'enfants nés depuis février d'être soignés et de pouvoir quitter le pays. Les participants au rassemblement ont allumé dans le silence des centaines de bougies sur le parvis du Parlement. Des enfants ont posé à même le sol leurs jouets à la mémoire de Berina Hamidovic, un bébé d'un mois mort jeudi dans un hôpital à Belgrade, en Serbie voisine.

   (...) Cet enfant n'a pas pu être soigné en Bosnie et les médecins locaux ont recommandé son transfert vers une clinique à Belgrade. Mais le bébé ne pouvait pas obtenir un passeport car il ne disposait pas de numéro personnel d'identification, et le transport ne pouvait pas se faire sans entraves, a expliqué à la presse le père de Berina, Emir Hamidovic. "L'Etat a refusé de nous délivrer un passeport pour Berina. On s'est débrouillés pour franchir la frontière avec l'aide de la police frontalière. Mais ensuite l'hôpital de Belgrade nous a demandé de leur verser un millier d'euros, que nous n'avions pas et que l'assurance-maladie bosnienne a refusé de payer. Mais il était déjà trop tard pour tout", raconte M. Hamidovic, larmes aux yeux.(...) 

   (...) Plusieurs manifestations ont eu lieu devant le Parlement à Sarajevo depuis début juin pour exiger l'adoption d'une loi sur le numéro personnel d'identification pour les enfants nés depuis l'annulation, en février, de la précédente réglementation. "C'est la première victime d'une situation politique dont on ne voit pas l'issue. Que faire quand on a une telle élite politique ? Nous pouvons seulement prier pour la santé des enfants qui naissent ici", a déclaré Nela Djenisijevic, une actrice, elle-même mère d'un enfant né récemment et qui n'a pas pu obtenir de numéro d'identification personnel.

   Faute de ce sésame bureaucratique, il n'est en effet pas possible pour ces enfants de bénéficier de l'assurance-maladie et d'avoir un passeport. Les élus musulmans, serbes et croates qui représentent au Parlement les trois principales communautés de ce pays ethniquement divisé, campent sur leurs positions et n'arrivent pas à parvenir à une solution de compromis. (...) 




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(Le fils de ce capitaine d'industrie
avait la tête de l'emploi)


(Source: winnersusedrugs)

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"Je n'exporterai pas mon savoir-faire 
dans d'autres maisons! Pas question!"


Le Masque d'or [The Mask of Fu Manchu] de Charles Brabin (1932 )



La fragmentation du monde 
et les futurs malheurs de la Chine
Eric Le Boucher

   (...) Les tensions montent: panneaux solaires, pneus, aciers spéciaux, télécoms... Washington et Bruxelles ont décidé de ne plus fermer les yeux sur les pratiques «déloyales» de la Chine. Et Pékin, en rétorquant par des menaces brutales sur le vin et les berlines allemandes, aggrave son cas. L'empire du Milieu qui a vécu deux mille ans tourné sur lui-même et manque de ce fait de savoir-faire diplomatique, se trompe pour les îles Senkaku comme pour ses exportations: ni les différends territoriaux ni le commerce ne se règlent jamais à coup d'escalades.

   Pour Pékin, l'erreur est plus fondamentale. La Chine risque beaucoup plus gros que de perdre quelques marchés de matériels. Elle a été la grande bénéficiaire de la mondialisation. Après le Japon, la Corée du Sud, elle a pu appuyer son développement sur l'exportation et obtenir une ahurissante hausse de son niveau de vie en trente ans. Elle peut maintenant, elle doit, basculer son mode de croissance vers la consommation interne. Mais pour le faire sans explosion, il lui faut du temps, elle a donc encore besoin d'exporter beaucoup et longtemps.

   Or, entre-temps, la mondialisation a changé et la mégafragmentation qui vient ne va pas lui être favorable. De quoi s'agit-il? De deux modifications radicales. D'abord, l'éparpillement des chaînes de production (supply-chain). Au lieu de fabriquer tout un produit dans une usine, on répartit les éléments dans des lieux spécialisés différents, à l'étranger souvent, et le montage final dans un autre. Ce phénomène est devenu considérable: les produits intermédiaires représentent 60% du commerce mondial. Le «contenu en importations des exportations» est passé de 20% il y a vingt ans à 40% aujourd'hui et, calcule Pascal Lamy, directeur général de l'Organisation mondiale du commerce, à 60% dans vingt ans[1].

   La conséquence est de renforcer la dépendance réciproque des économies. La mondialisation ne se replie pas, bien au contraire, le commerce international est devenu crucial, la crise n'a pu provoquer ni une chute de ses volumes ni un véritable regain du protectionnisme. Hausser une barrière douanière et pénaliser des importations qui rentrent dans ses propres exportations, c'est se tirer une balle dans le pied. «Le protectionnisme est devenu du destructionnisme», résume parfaitement l'économiste Richard Baldwin. Dans ce contexte du commerce des chaînes (supply-chain trade), les entreprises ne feront plus «tout» en Chine. Ses salaires élevés sont un appel à des sous-traitances en Asie du Sud-Est. Il faut donc que Pékin trouve une harmonie régionale. Elle ne pourra pas la construire dans la confrontation.(...)

[1] L'OMC entre deux mondes. «La Revue des deux mondes», avril 2013. Retourner à l'article

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Luc Desle

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