Bonjour à vous qui, dans le maelström du net, êtes arrivés, par hasard? lassitude? erreur? sur ce blog. Vous êtes les bienvenus. Vous y lirez des extraits d'articles, de pensées, d'interviews, piochés ça et là, et illustrés de photos et dessins détournés, via un humour de bon aloi. Vous pouvez évidemment réagir avec le même humour, la même ironie que nous mettons, chaque jour, à tenter de respirer un peu plus librement dans une société qui se corsète chaque fois un peu plus.

samedi 8 juin 2013

"Le roi du monde était l'empereur des tocards, d'après sa femme". Jacques Damboise in "Pensées inconvénientes".

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Pensées pour nous-mêmes:

(TES PENSÉES NE TIENNENT PAS
DANS TA MAIN FERMÉE)

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LONG RÉCIT AU LONG COURS (1/31)
pcc Benoît Barvin et Blanche Baptiste

   Elaine Cantagril est partagée sur la conduite à tenir. Doit-elle avertir la maréchaussée de ses soupçons concernant l'apothicaire, ou va-t-elle continuer son enquête seule?

ANGÉLUS 
ou 
LES SECRETS DE L’IMPALPABLE


   Un peu avant de prendre son repas, Elaine fut mandée par la Mère Supérieure. La jeune femme se demanda bien ce que lui voulait la religieuse. Elle en avait, par avance, la chair de poule. Tremblante, elle frappa à la porte du bureau de la Supérieure. Sur une sèche invitation à entrer, elle fit quelques pas dans la pièce et tressaillit. Se tenaient là, outre la religieuse assise derrière un vaste bureau en bois vernis, le père Grangeais, debout, immobile et le regard sombre.

   « C’en est fait de Moi, songea Elaine. Le prêtre a parlé et la Mère Supérieure va me faire un sermon et me chasser sur le champ de l’enceinte du monastère.» Pas une seconde elle ne songea que c’était à la religieuse de craindre que l’on découvrît son honteux secret. De toute façon, même si elle était obligée de quitter le couvent, n’étant pas novice, elle pourrait toujours se réfugier dans un autre monastère. Il n’en manquait pas dans la région. 

  - Le père Grangeais, ici présent, commença la religieuse d’une voix lasse, m’a dit grand bien de vous, Ma Fille. Il souhaitait que nous nous rencontrions car il voit en vous une fidèle servante de Notre Seigneur Jésus. Après le deuil qui vous a frappée, il estime qu’un séjour plus long dans ce lieu vous ferait le plus grand bien. Qu’en pensez-vous ?

   - Je... Je ne sais que répondre, dit Elaine, abasourdie.

   - Mon Enfant, s’interposa le curé d’une voix lénifiante. Vous êtes ici chez vous, puisqu’il s’agit de la maison de Dieu. Comme vous l’a appris Notre Révérende Mère, ce monastère vous est entièrement acquis. Vous pourrez y séjourner comme bon vous semble, eu égard aux lois internes, bien entendu, qui vous font défense de participer à toutes les activités de la collégialité et, surtout, de rester discrète quant à la vie interne à la communauté. Je suis sûr que vous me comprenez...

   - Je… vous remercie, balbutia la jeune femme d’un ton hypocrite. Etre ici me fait le plus grand bien. Ce monastère est un lieu béni entre tous et il transfigure quiconque y demeure un moment.

   La Supérieure tiqua et se tourna brièvement vers le prêtre qui fronça aussitôt les sourcils et répondit, sèchement.

   - Nous sommes donc bien d’accord... Nous vous demanderons de respecter strictement les règles qui régissent notre communauté. Les sorties, le soir, sont interdites car elles contreviennent aux lois divines qui veulent que la nuit soit faite pour méditer et dormir. Me fais-je bien comprendre ?

   Il y avait une menace voilée dans ces paroles et Elaine baissa la tête. Du coin de l’œil elle ne cessait pourtant d’observer la Supérieure qui, nerveusement, croisait et décroisait ses doigts. 

   Il sembla à Elaine que ces mains étaient moins belles que la première fois où elle les avait vues. La peau en était tavelée et partiellement ridée. Les articulations paraissaient avoir gonflé, et les doigts semblaient déformés, comme atteints par un soudain rhumatisme.

   - Me fais-je bien comprendre ? répéta le prêtre.

   La Supérieure tressaillit et, pendant quelques secondes, son regard croisa celui d’Elaine. Dépourvu d’aménité, il la traversa comme si elle n’existait pas, tout occupé qu’il était par une inquiétude intérieure.

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(A Suivre)
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(La Justice aveugle désirait être sourde et muette)


"The sword and scales of justice" Geraldine Arata


Une énorme erreur judiciaire, 
et la mort en prison
Rana Tanveer 
The Express Tribune 

   (...) Singh a été condamné à la peine capitale en 1990 pour avoir commis des attentats à la bombe qui ont fait 14 morts à Lahore et à Faisalabad. Dans un ouvrage intitulé Sarabjit Singh : A Case of Mistaken Identity (Sarabjit Singh : un cas d'erreur sur la personne), Me Sheikh affirme que son client [indien] était entré au Pakistan par erreur et qu'il a été accusé à tort.

   Son livre de 199 pages détaille les erreurs commises dans l'enquête, le procès et les recours en appel et reproduit des lettres que le détenu a reçues en prison ou qu'il a envoyées à sa famille en Inde ainsi qu'aux gouvernements indiens et pakistanais pour demander sa mise en liberté.

   L'avocat souligne que la procédure n'a pas été régulière, que des problèmes juridiques essentiels n'ont pas été réglés et que les enquêteurs ont fait appel à de faux témoins. "Sarabjit a été victime d'une condamnation injuste, qui l'a obligé à passer toute sa vie d'adulte en prison", écrit-il [en février, soit deux mois avant son passage à tabac à coup de briques]. (...) 

   (...) Pour commencer, le formulaire de rapport d'enquête des autorités de Lahore fait mention d'un certain Manjit Singh, fils de Mehanga Singh. Or, l'avocat précise que son client se nommait Sarabjit Singh et qu'il était le fils de Salakhan Singh.

   Le 8 septembre 1990, Sarabjit Singh a été présenté devant le juge par un officier du renseignement militaire. Le magistrat a jugé l'affaire de Manjit Singh et "n'a pas écouté Sarabjit, qui ne cessait de répéter qu'il n'était pas Manjit Singh. Il n'a pas pris la peine de vérifier le nom du prévenu traduit devant son tribunal". Ce problème d'identité n'ayant pas été réglé, "toute la procédure est illégale et ne correspond pas aux faits", observe Me Sheikh.

   A cette époque, Sarabjit Singh n'avait pas d'avocat. Il lui était impossible de contacter sa famille en Inde pour la mettre au courant de son arrestation. Et le gouvernement pakistanais ne l'a pas informée non plus, en violation du droit international. (...)

   (...) Selon Me Sheikh, les supposés aveux de son client, sur lesquels repose sa condamnation, ne portaient ni sa signature ni son empreinte. Devant le juge du Tribunal spécial, le prévenu a nié les accusations portées contre lui et affirmé que Manjit Singh avait été arrêté puis libéré et que lui-même avait servi de "remplaçant". Le seul témoin de l'affaire, Shaukat Ali, a déclaré avoir été forcé à témoigner contre Singh.

   Dans une lettre, Singh écrit qu'après son arrestation, il a été présenté devant le commandant Ghulam Abbas. "'Vous êtes Manjit Singh', m'a dit-il dit abruptement. J'ai nié. Il a fait un signe aux soldats. Ils ont commencé à me frapper. [...] Mes cris et mes lamentations n'ont eu aucun effet. Finalement, on m'a fait passer pour Manjit Singh, et même si je n'ai pas été accusé, on m'a condamné pour les explosions."(...)

   (...) Dans une autre lettre, Singh critique le juge. "Tous les témoignages et interrogatoires étaient en ma faveur. Le juge aux affaires de terrorisme, Aslam Shami, a invalidé les interrogatoires." Dans un autre courrier, il se plaint de la manière dont il est traité en prison. "J'ai été psychiquement torturé en 2006 et 2007. On m'a enlevé mon crayon, mon papier et d'autres affaires. Ils continuent à utiliser les vieilles tactiques. Mon voisin de cellule, Karpal Singh, est une véritable peste. Il donne de fausses informations sur moi aux gardiens." Et aussi: "On ne m'autorise pas à m'asseoir au soleil. Je ne vois la lumière du soleil qu'une heure par jour. "

   Invoquant un jugement de la Cour suprême, Me Sheikh estimait que, puisque Singh avait déjà passé 22 ans en cellule d'isolement, sa peine devait être commuée en détention à vie. "J'espère que le président examinera les recours en grâce qui lui ont été adressés", écrivait-il [deux mois avant le meurtre de son client]. (...)


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(Fille de capitaliste trouvant que la vie est belle)


sergey - ballet

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(Morts cultivant leur jardin)


Spéculation sur la mort aux États-Unis
Bernard GENSANE

   (...) Le capitalisme financier a décidé de tout acheter et de tout vendre : l’eau, l’air, le génome humain, les recettes de grand-mère, les contrepoisons amazoniens à base de plantes. Il achète maintenant les vies et les morts, en s’attaquant aux plus faibles. C’est ce que nous a expliqué tout récemment le magazine de France 3 “Pièces à convictions”.

   Outre-Atlantique, des personnes âgées revendent leur assurance décès, pour pallier au plus pressé, c’est-à-dire pour se payer des soins qui ne sont pas gratuits parce qu’elles ne disposent pas de la couverture sociale adéquate. Ces assurances sont rachetées à des malades aux abois par des épargnants privés ou, mieux encore, par des fonds d’investissement. Cela peut se passer dans de véritables foires, où il est proposé aux chalands du cancer de la prostate ou du pancréas (une valeur sûre), des problèmes respiratoires, du diabète etc. Dans cette forme de viager moderne, si la personne meurt, l’acheteur touche l’argent de l’assurance.

   Lorsque le risque a été « réalisé », les bénéficiaires peuvent être informés en ces termes : « Aujourd’hui, nous avons le plaisir de vous informer que la police 7200490 a expiré plus d’un an avant l’échéance pronostiquée ! »

   Les spéculateurs proviennent du monde entier, d’Europe, de France. Des banques comme le Crédit Agricole ou Paribas proposent à leurs clients ces produits sur la mort à l’intérieur de portefeuilles divers et variés.

   Pour le capitalisme, l’imagination est au pouvoir. On a récemment appris qu’un anonyme avait déboursé près de 500 000 euros pour pouvoir prendre un café avec Tim Cook, le patron d’Apple. À des fins caritatives, cela va sans dire.


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Benoît Barvin 

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