Bonjour à vous qui, dans le maelström du net, êtes arrivés, par hasard? lassitude? erreur? sur ce blog. Vous êtes les bienvenus. Vous y lirez des extraits d'articles, de pensées, d'interviews, piochés ça et là, et illustrés de photos et dessins détournés, via un humour de bon aloi. Vous pouvez évidemment réagir avec le même humour, la même ironie que nous mettons, chaque jour, à tenter de respirer un peu plus librement dans une société qui se corsète chaque fois un peu plus.

mercredi 31 juillet 2013

"Son plaisir était de n'en avoir aucun". Benoît Barvin in "Pensées pensées".

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Pensées pour nous-mêmes:

(LE RIEN EST LE MEILLEUR
HABIT DE L'HOMME)

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(Crise oblige, les petits-déjeuners de l'Assemblée Nationale
n'étaient plus ce qu'ils étaient)


(spkdnatgdafから)


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"Juju, arrête! T'as plus besoin
de défendre ton carré d'herbes.
On n'a gagnéé!!"

priceminister.com

Le plateau du Larzac 
à l’abri des convoitises jusqu’en 2083
 SOPHIE CHAPELLE

   (...) Stéphane Le Foll, ministre de l’Agriculture, vient de signer la prorogation du bail entre l’Etat et la Société civile des terres du Larzac (SCTL) jusqu’en... 2083. La SCTL, qui compte environ 55 membres, assure la gestion de 6 300 hectares sur le plateau depuis 1985. Le 18 juillet, le bail emphytéotique a été porté de 60 à 99 ans, sa durée maximale. Une chance pour les futurs agriculteurs du plateau :« Cela va permettre aux nouveaux venus d’obtenir des baux sur toute leur carrière », estime l’eurodéputé José Bové, passé du collège des exploitants à celui des habitants de la SCTL.

   Ces terres, prévues pour l’extension du camp militaire du Larzac en 1971, furent l’enjeu d’un combat qui dura dix ans, mené d’abord par une centaine d’agriculteurs, rejoints par des dizaines de milliers de militants (voir le film Tous au Larzac de Christian Rouaud). Suite à l’abandon du projet militaire en 1981, les terres retrouvèrent leur vocation agricole. En 1985, l’Etat accorda un bail emphytéotique [1] de 60 ans à la SCTL qui favorisa l’installation de jeunes. Ce« laboratoire foncier », comme le présente José Bové, aurait permis d’augmenter de 20 % le nombre de paysans sur ce territoire. (...)

   (...) « Comment ne pas faire le parallèle avec l’aéroport inutile de Notre-Dame-des-Landes? », interroge la Confédération paysanne. « Tous les ingrédients sont en effet réunis : inutilité du projet, initiatives paysannes, mobilisation citoyenne, foncier détenu par les pouvoirs publics. » Des comités de soutiens aux opposants à l’aéroport, venus notamment de Millau et de Rodez, ont d’ailleurs cherché à interpeller le ministre avant la signature du bail.

   « À quelques centaines de kilomètres de là, à Notre-Dame-des-Landes, le gouvernement, en plein déni, persiste à croire qu’il pourra noyer 2 000 hectares de bonnes terres agricoles sous des milliers de tonnes de béton. Comment expliquer ces deux poids deux mesures ? », interrogent les comités. Pour ces derniers, la solution passe par le rejet du projet d’aéroport nantais et la collectivisation des terres sur la « zone à défendre ». Pour accentuer la pression sur les pouvoirs publics, un grand rassemblement festif et militant est prévu les 3 et 4 août prochains à Notre-Dame-des-Landes.

   Notes

   [1] Ce type de bail accorde tous les droits et devoirs d’un propriétaire au détenteur sauf celui de vendre le sol, avec l’obligation d’améliorer le bien en question. (...)
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(Question retape, ce chien videur savait y faire)


What are you looking at? A dog, a girl, a photo.

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Benoît Barvin (et Jacques Damboise)

mardi 30 juillet 2013

"Elle était ivre de bons maux, cette Maladie". Jacques Damboise in "Pensées inconvénientes".

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Pensées pour nous-mêmes:

(LE MAÎTRE EST UNE ILLUSION
QUI TE FERA GRANDIR)

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("Le nouveau test de Rorschach.
A votre avis, que signifie cette image?"
1: La Vie.
2:  La Liberté.
3: La Poursuite du Bonheur.
4: Heu... le Meurtre? la Répression? le Désespoir?
5: Et VOUS, qu'est-ce que vous voyez?)

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"Comment ça...
COMMENT CA A-U-S-T-È-R-E?!
Qu'est-ce que l'austérité a à voir avec
tes pannes sexuelles, hein?
 - Ben..."

CULTURE :
La crise n’a pas la langue dans sa poche
Raphael Minder
INTERNATIONAL HERALD TRIBUNE PARIS

   (...) Les Portugais ont un nouveau mot, grandolar, né de la crise de l’euro. Il veut dire : “soumettre un ministre à une manifestation où l’on chante un hymne révolutionnaire”. Mais aujourd’hui, au bout de trois ans d’austérité, même les enfants portugais sont capables de “grandoler” leurs parents quand ils ne veulent pas prendre leur bain.

   Les Italiens, qui suivent désormais l’écart entre le rendement des obligations allemandes et italiennes avec une passion dont seul le football faisait autrefois l’objet, balancent des néologismes comme laspreaddite (“l’écartite”), définie non sans humour par le quotidien romain La Repubblica comme “l’intensification des souffrances causées par un spread [l'écart entre les taux d'intérêts allemand et ceux des autres pays] croissant”.

   En Grèce, les conversations dans les cafés, au bureau et dans le métro sont truffées de phrases elles aussi issues de la crise. Elles ont en particulier recours, de façon ironique, à des expressions ou des slogans proférés par les dirigeants politiques. Comme quand, en 2009, George Papandréou, alors Premier ministre, avait affirmé qu’il y avait de l’argent, alors que ce n’était clairement pas le cas. “Ne vous inquiétez pas, c’est pour moi", a ainsi dit un Grec qui fêtait son anniversaire dans un bar d’Athènes à ses amis qui se préparaient à sortir leurs portefeuilles. "Eh, il y a de l’argent, vous vous souvenez ?”(...) 

   (...) La crise économique qui n’en finit plus en Europe est la cause d’un chômage record et de manifestations turbulentes, mais il existe aussi bien d’autres façons plus subtiles d’en jauger les effets. Pays après pays, elle a également engendré une langue à part entière, faisant entrer des termes financiers exotiques dans le langage commun pour donner naissance à un argot qui est le reflet de l’humour noir auquel beaucoup ont recours pour faire face à leurs difficultés incessantes. (...)

   (...) L’argot de la crise transparaît même dans le discours de ceux qui se trouvent au sommet du gouvernement et de la société. D’aucuns redoutant que l’Espagne, comme la Grèce, n’ait besoin d’un renflouement international, Cristobal Montoro, le ministre espagnol du Budget, a promis l’an dernier à ses concitoyens tendus que los hombres de negro — ou les “men in black” (hommes en noir), comme l’on surnomme dorénavant les responsables de l’Union Européenne — n'allaient pas arriver.

   Ces nouveautés linguistiques ont été assez nombreuses pour qu’en juin l’Académie royale espagnole, gardienne de la langue espagnole, mette la touche finale à une version modernisée du dictionnaire contenant 200 mots nouveaux ou ayant pris un sens différent. On y trouve entre autres l’inquiétante prima de riesgo (prime de risque), avec cette phrase en guise d’illustration : “La prime de risque de notre dette souveraine a augmenté de plusieurs points.”

   Les Espagnols, dont beaucoup n'avaient jamais entendu de tels termes avant la crise financière de 2008, les emploient maintenant avec une telle régularité qu'ils ont tout autant de chances de surgir dans la conversation avec un chauffeur de taxi qu'au journal télévisé. Du point de vue linguistique, on peut distinguer entre poukou, le mot qu'utilisent les Grecs pour désigner la période d'avant la crise, et aujourd'hui.

   De même, plusieurs termes ancrés dans la crise économique font partie des 5 000 mots ajoutés à la nouvelle version mise à jour du Duden, la référence en matière de dictionnaires allemands, parue en juillet. On y trouve schuldenbremse, littéralement frein à la dette, ou encore eurobond, une référence aux propositions de l'Union européenne d'émettre des obligations pour couvrir la dette des pays de la zone euro ; les Allemands craignent que de telles obligations ne grèvent leur propre économie. Même si le mot existe, la chancelière Angela Merkel a tout mis en œuvre pour que les euro-obligations n'existent pas.

   Pour ne pas être en reste, un sociologue français, Denis Muzet, a récemment publié un livre, Les Mots de la crise, où il analyse les termes entrés dans la langue depuis le début de la crise. Y sont notamment répertoriées des expressions comme “perte du triple A”, “suppressions d'emploi” et “choc de compétitivité” — des mesures associées au réveil brutal qu'a constitué la crise. “La manière dont on parle de la crise contribue à la panique, cela contribue au dépressionnisme national”, assure M. Muzet, utilisant un néologisme à lui. (...)

   (...) Le climat d'austérité est si généralisé que le mot “austérité” lui-même s'applique à tout et n'importe quoi. Si une Portugaise porte une mini-jupe, un admirateur pourra lui demander si c'est l'effet de l'austérité, si elle fait des économies de tissu.

   La crise en Europe dure depuis si longtemps qu’elle a sa propre génération : les “ni-ni” en Espagne, c’est-à-dire ces jeunes qui n’ont ni travail ni diplôme, ou encore, la “geração à rasca” au Portugal, cette génération fauchée et au bout du rouleau. “Malheureusement je connais bien les ni-ni : j’en ai une à la maison,” explique Carmen Blanco, 43 ans et au chômage, et dont la fille de 20 ans a abandonné les études et vit avec elle. “Je lui ai dit que sans diplôme, elle risquait de rester ni-ni toute sa vie,” poursuit-elle.

   La nomenclature qualifiant les désespérés ne touche pas que les jeunes. En Grèce, les baisses de salaire et le chômage qui touche 27% de la population ont conduit à l’émergence d’une nouvelle classe sociale : lesneoptohi, autrement dit les nouveaux pauvres, une expression calquée sur celle des nouveaux riches.

   Le vocabulaire pour définir les types de manifestations et les manifestants est lui aussi d’une grande richesse. En Espagne, on les appelle les indignados, les indignés. Les retraités qui manifestent sont les yayoflautas, les vieilles flûtes. La marea blanca, la marée blanche, évoque le raz-de-marée de médecins et d’infirmières qui ont défilé en blouse blanche dans les rues du pays pour protester contre les coupes budgétaires dans le secteur de la santé.

   Le mot que presque tout le monde partage en Europe est “troïka” qui désigne le FMI, la Banque centrale européenne et la Commission Européenne, ces trois organismes internationaux accusés par les citoyens européens, de Lisbonne à Athènes, d’être à l’origine de tous leurs maux. (...)



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"Allez... Tous ensemble... Avec le chakra du ventre dur...
On-Do-You-Ga...
- Et ça veut dire quoi?
- Va-t-en immédiatement tout de suite,
méchante Troïka capitaliste..."



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Luc Desle

lundi 29 juillet 2013

"Le fourré aux asticots était le plat préféré de ce gourmet de Mort-Vivant". Jacques Damboise in "Pensées à contre-pet".

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Pensées pour nous-mêmes:

(LE SAGE N'EST LE SAGE
QUE SI LE SAGE EXISTE)

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"Y s'est pas lavé les dents,
Hihihi..."


Illustration par Ed Vebell. 1954.

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"Che aimer beaugoup le
gapidalisme gui préfèr
l'archent à la sdupide
fraternidé humaine"


"Hitler n'aurait pu prendre le pouvoir 
sans la complicité d'élites bourgeoises"

   (...) / Une question obsède l'Allemagne et l'Europe depuis quatre-vingts ans : comment un peintre raté, sans fortune ni éducation, un marginal désaxé, incapable d'entretenir une relation humaine stable, a-t-il pu prendre le pouvoir dans l'un des Etats les plus avancés du monde ? Sans la complaisance puis la complicité d'une partie de l'élite allemande, écrivez-vous dans votre monumentale biographie de Hitler, rien n'aurait été possible. Pourquoi ?

   - A plusieurs étapes cruciales de son ascension, Hitler a bénéficié de protections en haut lieu. Cela n'explique pas tout, évidemment. L'humiliante défaite de 1918, l'hyper-inflation de 1923, la grande crise économique de 1930, le rejet de la République de Weimar, les talents d'orateur de Hitler et bien d'autres facteurs ont concouru à cette prise du pouvoir. Mais celle-ci n'était pas inéluctable. De 1919, quand tout a commencé, à 1933, nombre de responsables politiques, judiciaires ou militaires auraient pu stopper la carrière du futur dictateur. Mais la plupart n'ont même pas essayé. Pis, beaucoup l'ont favorisée pensant qu'ils pourraient en tirer profit.

   / Vous dites qu'il aurait pu être stoppé dès 1919...

   - Oui. Hitler ne serait sans doute jamais apparu sur la scène politique allemande, si, en mai 1919, un officier allemand ne s'était pas intéressé à lui. Le capitaine Karl Mayr commandait la section de renseignement de l'armée bavaroise. Après l'écrasement de la « République des Conseils », ce pouvoir révolutionnaire qui, pendant quelques semaines, a tenté d'instaurer une dictature communiste à Munich, Mayr fut chargé de recruter des agents sûrs. Leur mission : "rééduquer" les soldats dans une ligne antibolchevique et nationaliste. Le caporal "Hittler [sic] Adolf" figure sur la liste des premières recrues.

   / Comment se retrouve-t-il là ?

   - Mayr l'a sans doute repéré parce que Hitler fait alors partie d'une commission qui enquête sur le comportement de ses camarades durant le gouvernement révolutionnaire. Et, juste avant, il a été élu représentant adjoint de son régiment. C'est donc une figure de la caserne.

   / Quel a été son rôle pendant l'éphémère République des Conseils ?

   - L'épisode est mal éclairci. Il est resté dans l'armée régulière et n'a donc pas combattu par les armes le pouvoir communiste. Certains supposent qu'il a été choisi comme délégué adjoint pour représenter ses camarades opposés à la révolution. Quoi qu'il en soit, l'important pour Hitler, qui n'avait ni métier ni perspective, et tout juste 30 ans, c'était de pouvoir demeurer dans l'institution militaire. A propos de sa première rencontre avec le futur chef du IIIe Reich, le capitaine Mayr écrira : "On aurait dit un chien perdu fatigué en quête de maître prêt à suivre quiconque lui témoignerait quelque bonté..."

   / Qu'est-ce que Mayr va faire faire à Hitler ?

   - Hitler est d'abord envoyé pendant une semaine à l'université de Munich suivre les premiers "cours d'instruction antibolchevique". Il s'initie notamment à la finance internationale auprès d'un certain Gottfried Feder, un "économiste" qui prétendait distinguer le capital "productif" du capital "rapace", qu'il associait aux juifs. Feder deviendra l'"expert" économique du jeune parti nazi. Mayr dépêche ensuite Hitler dans une caserne comme instructeur politique auprès d'anciens prisonniers de guerre jugés peu fiables. Là, tous - Hitler le premier - découvrent les talents d'orateur hors du commun du caporal. "C'est un tribun-né qui, par son fanatisme et son style populiste, captive l'attention et oblige à penser comme lui", est-il écrit dans un rapport militaire. Il attire aussi l'attention par son antisémitisme particulière-ment virulent. A un auditeur de sa conférence qui voulait des détails sur la "question juive", il plaidera, dans une lettre du 16 septembre 1919, pour l'"éloignement de tous les juifs". C'est le premier texte connu de Hitler sur ce thème qui sera au coeur de sa pensée politique jusqu'à la fin.

   / Cet antisémitisme extrêmement virulent ne gêne-t-il pas son mentor militaire, le capitaine Mayr ?

   - Pas le moins du monde. Il fait même de Hitler son bras droit et, toujours en septembre 1919, il lui demande de surveiller les activités d'un groupe ultranationaliste comme il en existe des dizaines à l'époque, le Parti ouvrier allemand. En fait, Mayr assurera plus tard qu'il avait demandé à Hitler de faciliter en sous-main, grâce à des fonds secrets gouvernementaux, l'essor de ce mouvement qui deviendra le Parti national-socialiste. En tout cas, c'est comme infiltré de l'armée que Hitler prend sa carte du futur parti nazi. Il continuera d'émarger à la section de renseignement pendant six mois, jusqu'en mars 1920, le temps de s'imposer comme l'orateur vedette du parti dans les brasseries munichoises. Le capitaine Mayr fut donc, dans l'ombre, l'un des « accoucheurs » de la carrière politique de Hitler.

   / Mais, selon vous, Hitler serait resté un "vulgaire agitateur de brasserie" s'il n'avait, au début des années 1920, bénéficié d'autres puissants soutiens en Bavière.

   - A l'évidence. Plusieurs personnalités de la grande bourgeoisie l'ont aidé à faire son entrée dans les salons respectables de la capitale bavaroise, en particulier le poète Dietrich Eckart, qui publiait un hebdomadaire violemment antisémite et possédait une fortune. C'est grâce à lui, et à un certain Lüdecke, playboy et "homme du monde", que Hitler pénètre dans des milieux où, normalement, il n'aurait pas été admis. Son style rugueux, son chapeau mou et sa cravache surprennent mais font merveille. Au nombre de ces riches convertis de la première heure, on trouve un diplômé de Harvard, rejeton d'une grande famille de marchand de tableaux, un éditeur en vue ou un célèbre fabricant de pianos - des mécènes qui feront les fins de mois du parti pendant plusieurs années.

   / Ernst Röhm, le futur tout-puissant patron des SA, joue aussi un rôle crucial durant ces premières années...

   - Oui, on peut même dire qu'après Mayr et Eckart il est le troisième "accoucheur" de la carrière de Hitler. En 1919, quand il adhère au futur parti nazi, cet ancien officier est une figure centrale des groupes paramilitaires ultranationalistes qui pullulent alors en Bavière. Grâce à lui, Hitler réussira en quelques années à fédérer ces forces éparpillées sous sa bannière, ce qui lui donnera une puissance formidable. Röhm, qui a de très bons contacts dans la Reichswehr, aidera aussi le parti nazi à acheter son propre journal grâce à des fonds de l'armée allemande. Fort de tous ces soutiens, le mouvement de Hitler [le NSDAP, selon son sigle allemand] croît vite et compte plus de 50.000 adhérents en 1923, la plupart en Bavière.

   / Cette année-là, profitant de la crise politique causée par l'hyperinflation et l'occupation de la Ruhr par la France, Hitler fomente à Munich un putsch contre le gouvernement central. L'affaire se solde, le 9 novembre 1923, par la mort de vingt personnes, dont quatre policiers. Pourtant Hitler bénéfice d'une grande mansuétude de la part des autorités bavaroises. Pourquoi ?

   - Trop de personnalités locales, dont un membre de la Cour suprême de Bavière, avaient vu d'un bon oeil la tentative de coup d'Etat. L'armée bavaroise s'était associée à la formation des groupes paramilitaires qui, derrière Hitler, avaient essayé de prendre le pouvoir. Et des responsables politiques de premier plan étaient mouillés. Les autorités font donc tout pour limiter les dégâts et, en particulier, pour que le procès de Hitler se tienne à Munich et non ailleurs dans le pays, comme cela aurait dû être le cas.

   / Comment se déroule ce procès ?

   - C'est une mascarade. Le juge est de tout coeur avec Hitler. Il lui laisse la parole pendant quatre heures, et l'accusé peut interroger ses coïnculpés lui-même. La sentence, incroyablement légère, fait bondir jusque dans les milieux conservateurs : malgré la mort de quatre policiers et d'importants dégâts dans Munich, le juge condamne Hitler à cinq ans de prison seulement. Et encore se garde-t-il bien de rappeler que, sous le coup d'une condamnation avec sursis en 1922 pour troubles à l'ordre public, Hitler devrait purger une peine plus longue. De même le juge n'expulse-t-il pas le chef putschiste en Autriche, que Hitler a pourtant fuie en 1913 pour éviter le service militaire. Ce n'est pas tout. Hitler est libéré très vite, au bout de treize mois seulement, d'une captivité des plus agréables pendant laquelle il a pu écrire le premier tome de "Mein Kampf". Eût-il été contraint d'accomplir toute sa peine, près de quatre ans de plus, l'histoire aurait fort probablement suivi un autre cours.

   / Dans "Mein Kampf", la doctrine extrémiste dévoilée par Hitler dessine un projet politique radicalement nouveau, n'est-ce pas ?

   - Aussi détestable soit-elle, la "vision" de Hitler est très originale pour l'époque. Elle combine des idées qui courent depuis plusieurs années dans les milieux ultranationalistes allemands, mais que personne n'a encore fédérées. Hitler est ainsi le premier à établir un lien entre la prétendue nécessaire "élimination des juifs", une vieille rengaine, et la lutte contre le bolchevisme, maître mot de la droite depuis la révolution d'Octobre. Pour lui, ces deux combats à mort n'en font qu'un. Il parachèvera cette doctrine dans le tome 2 de "Mein Kampf", en y intégrant une idée en vogue chez les pangermanistes depuis la fin du XIXe siècle : le Lebensraum, cet "espace vital" qui manquerait aux Allemands. Selon Hitler, il faudra aller conquérir ce Lebensraum à l'est, justement dans les terres "judéobolcheviques". Voilà donc le système idéologique nauséabond mais cohérent qui sera le sien jusqu'à la fin.

   / Et c'est avec cet homme-là, porteur de cette idéologie-là, qu'une partie de la droite allemande va faire alliance en 1933. Pourquoi ?

   - De l'échec du putsch à la crise de 1929, la droite n'a plus du tout besoin de Hitler. Il a quasi disparu du paysage politique. La République de Weimar ayant réussi à stabiliser la situation économique et sociale du pays, le NSDAP ne récolte que 2,6% des voix aux élections législatives de 1928. Mais, après le krach de Wall Street et la montée exponentielle du chômage, le mouvement de Hitler en rafle huit fois plus en 1930 (18,3%). Et deux ans plus tard, après une campagne électorale extrêmement efficace, il devient le premier parti du Parlement avec 37,4% des suffrages. Au début de l'été 1932, Hitler se retrouve donc chef du mouvement le plus important au Reichstag.

   / Doit-il automatiquement devenir chancelier ?

   - Non, la Constitution ne stipule rien de tel. C'est au chef de l'Etat, le maréchal Hindenburg, de désigner le chancelier de son choix. D'ailleurs, le 13 août 1932, au cours d'une rencontre très tendue avec le chef nazi, le vieux président propose à Hitler un poste de ministre, mais refuse catégoriquement de le nommer au poste suprême. D'après les notes de son secrétaire, le maréchal ne veut pas prendre le risque, "devant Dieu et les Allemands", de donner tous les pouvoirs à un dirigeant et à un parti aussi intolérants. Il choisit un autre chancelier, pariant sur le fait que le NSDAP a fait le plein des voix et qu'il est condamné à refluer.

   / Et c'est ce qui va se passer ?

   - Effectivement. En novembre 1932, après de nouvelles élections anticipées, le parti nazi ne recueille plus "que" 33% des voix. En six mois, il a perdu 2 millions de suffrages, surtout parmi les classes moyennes, qui commencent à le déserter. Pourtant, un groupe composé d'hommes politiques, de militaires et de propriétaires fonciers décide de faire alliance avec lui. Lassés par la démocratie, ils veulent imposer le retour à un autoritarisme "traditionnel", cher à la haute société allemande.

   C'est un aristocrate ambitieux, époux de la fille d'un important industriel, Franz von Papen, qui négocie avec Hitler : le chef nazi sera chancelier, von Papen vice-chancelier, et la plupart des ministres seront issus de la droite traditionnelle. Hitler accepte le marché. Aidé par la camarilla qui gravite autour de Hindenburg et par le fils de celui-ci, von Papen convainc le vieux maréchal de passer outre ses réticences et de nommer Hitler à la chancellerie. L'aristocrate assure qu'il ne faut pas s'inquiéter de la prise du pouvoir par ce petit-bourgeois de Hitler : "Il est sous notre coupe", dit-il, sûr de son fait. Ce fut l'une des plus grandes erreurs de l'histoire. Six mois après sa nomination, Hitler aura installé une dictature totale. Il aura emprisonné des milliers d'opposants, supprimé les libertés publiques et réduit von Papen au rôle de potiche qui lui était réservé... (...) 

Lire la suite sur:

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"Ah, enfin! Quelqu'un qui va nous indiquer
le chemin à suivre!"

Ed Vebell

(Ce quelqu'un n'était autre que le célèbres bandido
Peligroso qui leur indiqua, effectivement, le chemin
à suivre pour se débarrasser de leur argent)

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Luc Desle

dimanche 28 juillet 2013

"Echange Maître en Sagesse contre Sage Maîtresse". Jacques Damboise in "Pensées à contre-pet".

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Pensées pour nous-mêmes:

(TA VOLONTÉ NE TE CONDUIRA
QU'A L'INCONSTANTE PUISSANCE)

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(Contrairement à ses frères de misère des siècles précédents,
les esclaves modernes ne portaient pas, directement
dans leur chair, les stigmates du capitalisme)


(... il n'en souffraient pas moins)


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"Pourquoi tu danses pas?
- Y'a pas d'musique!
- Si, celle de mon coeur 
qui ne bat que pour toi...
- Tu sais y faire, poupée!"

"Casino"
fr.gdefon.com

Cher Casino, 
merci pour le silence
Blandine Grosjean 

   Dans le Ve arrondissement de Paris, il existe un endroit où l’on entend le cliquetis des cuillères sur les tasses de café et le bruit du beurre qui grésille dans la poêle. Quand le patron dit « bonjour », ça résonne, et on est obligé de lui répondre. Les habitués sont habitués et ne lèvent plus les yeux de leur livre.

   La première fois, on ne comprend pas tout de suite ce qui cloche. Certains clients ne supportent pas et s’enfuient. Ici, il n’y a pas de « sonorisation ». Les gens boivent, mangent, parlent dans le silence. (...)

   (...) C’est là que j’ai célébré la meilleure nouvelle de la semaine, lue dans Le Parisien. L’enseigne de grande distribution Casino a décidé de couper la diffusion de la radio d’ambiance dans 450 de ses supermarchés. Par souci d’économie, et plutôt que de virer du personnel.

   Deux bonnes actions en une, merci Jean-Charles Naouri (le patron du groupe). « Cette mesure s’inscrit dans un plan de réduction des coûts », explique Casino. « Pour chaque diffusion de morceau, nous payons des droits à la Sacem [Société des auteurs, compositeurs et éditeurs de musique, ndlr] ».

   Casino dit aussi : « Les gens viennent surtout chez nous pour faire leur courses. » En tout cas, les gens ne vont pas à Casino, ni dans les 300 000 commerces et autres lieux publics qui diffusent le répertoire de la Sacem, pour y écouter de la musique. Enfin, musique, il faut le dire vite. (...) 

   (...) Skyrock à fond les tympans dans les boutiques de vêtements bon marché, Michel Delpech sur Nostalgie au Franprix, de la salsa dans les rues de Carpentras, des sons inclassables sur la plage de Deauville pendant le triathlon, Radio Classique dans les toilettes d’une brasserie chic de Chatelet, Radio Nova dans celles d’un resto de tapas à la mode, des chants supposés sacrés dans une église romane de la côte chalonnaise. Et dans tous les cafés, troquets, kebab... même chez la manucure, BFM-TV ou I-télé.

   Coupez le son, et, affirment les tenanciers de ces lieux, les clients arrêteront de consommer, n’auront même pas envie de franchir la porte. Imaginez le Carrefour de Chalon-sur-Saône sans « musique ». Flippant. Comme une église sans bande-son. Pire, comme un café où on vous entendrait faire pipi. (...)


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"Y'a quelqu'un?
Je vous préviens, je suis armé..."


(Source: from89)

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Benoît Barvin

samedi 27 juillet 2013

"Il chantonnait faux dans cette douche qui devint rapidement brûlante, par représailles". Benoît Barvin in "Pensées pensées".

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Pensées pour nous-mêmes:

(PENSE AVANT D'AGIR
MAIS N'AGIS PAS PENDANT
QUE TU PENSES)

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(Le cheval du Capitalisme allait dépasser celui de la catastrophe...)


On sugar mountain by Valerie Anne Kelly



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"Ce que je fais là?
Je choisis des morceaux de choix
pour mon employeur..."


McDonald's apprend à ses salariés 
à gérer leur budget
Ruben Curiel

   (...) Malgré l'annonce d'une hausse de 2,4% à 7,08 milliards de dollars de son chiffre d'affaires trimestriel,  le leader du fast-food McDonald's refuse d'accéder aux revendications de ses salariés new-yorkais. Ainsi, les demandes d'augmentations salariales sont ignorées. A la place, McDonald's lance, en partenariat avec Visa, un site apprenant aux salariés à faire des économies. Le site Practical money skills.com permettrait aux employés de disposer de conseils pour «franchir le premier pas pour prendre le contrôle de leur argent». McDonald's ajoute que «savoir où va leur argent et comment faire un budget est la clé de l'indépendance financière des salariés».

   Cette initiative censée prouver que le salaire moyen de McDonald's peut permettre de joindre les deux bouts a l'effet inverse. Dans le budget que McDo fournit en exemple, certains chiffres sont irréalistes et des postes majeurs de dépenses comme la nourriture et l'essence sont même oubliés. (...) 

   «Vous pouvez avoir presque tout ce que vous voulez si vous vous organisez et économisez de l'argent», peut-on lire sur le site. Dans l'exemple donné à ses salariés, McDonald's mentionne pourtant une ligne «second emploi». Endossant le rôle de donneur de leçons, le géant du fast-food américain semble avouer à demi-mot que le seul salaire moyen de McDonald's (1105 dollars par mois pour un temps plein) ne peut permettre d'avoir un budget équilibré. Si l'on se fie au tableau, McDonald's considère que ses employés doivent gagner 2060 dollars par mois. 

   D'où la nécessité de cumuler un second job. Ce dernier doit être payé 955 dollars par mois et correspondrait à 32 heures de travail en plus, le salaire minimum fédéral aux États-Unis étant de 7,25 dollars l'heure. Des conditions de travail insoutenables pour les salariés du géant du fast-food.


   Autre anomalie, certaines dépenses comme la nourriture et l'essence sont tout simplement absentes du budget donné en exemple. Aussi, la ligne «santé» comprend-elle seulement 20 dollars par mois, ce qui permet d'acheter au mieux «une boîte d'aspirine et de payer quelques jours d'assurance santé» comme le souligne leDaily Beast. La ligne «chauffage» a, elle, été ajoutée après un article du site américain Think Progress faisant état des irrégularités de ce budget-type. Ce site montre aussi que le budget alloué au loyer est surréaliste: McDonald's prévoit 600 dollars par mois pour le loyer… quand le loyer moyen à New York atteint les 3000 dollars par mois.

   Si ce budget peut correspondre aux dépenses d'étudiants vivant encore chez leurs parents et n'ayant aucune obligation financière, il ne peut s'appliquer au 28% de salariés américains de McDonald's qui élèvent une famille et qui n'ont qu'un seul travail.

   Plutôt que d'augmenter les salaires de ses employés, McDonald's leur donne une leçon d'économie bien mal préparée. Nul doute que le géant du fast-food risque de s'attirer les foudres de ses salariés new-yorkais (risque simplement?).


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"Découvrez ce sein que j'aimerais tant voir:
Par de pareils objets les âmes sont alléchées,
Et cela fait venir de délicieuses pensées."
(d'après: Le Tartuffe,
Acte 3, Scène 2)



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Benoît Barvin

vendredi 26 juillet 2013

"La Reine des ébats était souvent peu vêtue". Jacques Damboise in "Pensées inconvénientes".

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Pensées pour nous-mêmes:

(TA MOITIÉ EST EN TOI,
PAS EN L'AUTRE 

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(Ces étranges infra-terrestres nautiques
allaient-ils nous sauver?)


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"Et je sers à quoi, Moi?
- A illustrer élégamment un article
sur la crapulerie du monde capitaliste,
Très Chère...
- Tu m'en diras tant..."


Le monde se dévoile
Ahmed HALFAOUI

   (...) Tous les "économistes", imposés par un contrôle pointilleux, sur la pensée économique et sociale, des institutions au pouvoir et de la machine médiatique mondialisée, n’accordent aucune place aux rapports de production impulsés dès le XIXe siècle, qui configurent la planète en deux mondes distincts. Un Nord industrialisé et développé, représenté par le Groupe des 8, et un Sud voué au sous-développement et à une dépendance multiforme de ce Nord. De ce fait les incommensurables inégalités de potentialités, les immenses disparités en termes de rapports de forces technologiques, économiques et militaires, sont évacuées du champ du discours.

   Alors que ces facteurs pèsent de tout leur poids dans un système où seul le profit est le moteur, où la concurrence commerciale féroce est la règle et le moyen privilégié et où la domination, voire l’hégémonie politique, est une donnée déterminante. Sont omises de même, par les "analystes", les mécanismes d’élaboration des règles qui régissent le commerce mondial et celle des politiques et stratégies de gouvernance en vigueur au Sud. Sont par contre mises en évidence, les panacées, les directives libérales qui dictent encore plus de soumission aux "forces du marché", par l’ouverture sans conditions des espaces nationaux à la déferlante de la production des pays industrialisés, en mal de débouchés, et à la libre-entreprise, notamment la spéculation financière.

   Au moins, depuis deux décennies, ce processus fait valeur de religion et, en tant que tel, est posé comme impératif incontournable, malgré la mise en faillite de nombreuses économies et malgré les gravissimes signes d’effondrement visibles au sein des bastions du libéralisme. Ceci étant, l’aggravation du sous-développement est imputé non pas aux causes réelles, puisqu’occultées, mais paradoxalement à la gouvernance locale, dont les termes sont élaborés à Washington sous la dictée de Wall-Street et de ses représentants institutionnalisés, le Fonds monétaire international et la Banque mondiale, "conseillers" omnipotents des gouvernements. 

   Heureusement que la crise actuelle qui ravage les certitudes et étale, à souhait, les résultats des préceptes prescrits, a ouvert des brèches qui mettent à mal les thèses des "économistes". De plus en plus de pays se rebiffent et rompent le rang, pointant du doigt la nocivité de l’ordre en vigueur. En réaction le climat sécuritaire international connaît une dégradation manifeste et la paix mondiale est menacée. D’autant que, dans le même temps, le marché s’est rétréci et que de nouveaux prétendants de poids bousculent mortellement les mainmises commerciales traditionnelles.

   Les bruits de bottes s’intensifient, exprimant la volonté des États-Unis et de leurs satellites de maintenir leur suprématie et de préserver l’état des lieux, au mieux de leurs intérêts, pudiquement appelé "american way of life". Signifiant par-là, qu’il ne serait pas question que la première puissance mondiale accepte de renoncer à son niveau de consommation, en faveur d’une redistribution moins inique des ressources planétaires. La décennie à venir sera, ainsi, marquée par un affrontement plus ou moins violent autour de cet enjeu. Les peuples plus que les États pèseront dans l’arène. (...)


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"T'as vu, ils sont encore là!
- Qui?
- Les gens de Tu Quoque...
- Y z'en ont pas marre de faire
les marioles?
- Faut croire que non..."

Two legs between us by Steven Ward


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Benoît Barvin