Bonjour à vous qui, dans le maelström du net, êtes arrivés, par hasard? lassitude? erreur? sur ce blog. Vous êtes les bienvenus. Vous y lirez des extraits d'articles, de pensées, d'interviews, piochés ça et là, et illustrés de photos et dessins détournés, via un humour de bon aloi. Vous pouvez évidemment réagir avec le même humour, la même ironie que nous mettons, chaque jour, à tenter de respirer un peu plus librement dans une société qui se corsète chaque fois un peu plus.

dimanche 14 juillet 2013

"Ce clarinettiste qui jouait du piano était un sacré pipeau". Jacques Damboise in "Pensées à contre-pet".

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Pensées pour nous-mêmes:

(LES YEUX DE L'ENFANT
SONT LE MIROIR DE TON ÂME)

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Long Texte au long cours (2/9). 
Blanche Baptiste

   Les souvenirs remontent et Lucie renoue les fils de l'intrigue, le noeud du problème avec tous les noms-dits que sa famille a soigneusement cachés...

HAUTES DILUTIONS

crime-du-pere-amaro-2002

*** 

   - Mais je suis là. Tais-toi ! Je ne t’ai pas abandonnée ! 

   Aurore hurle à nouveau. Elle est souillée et cela doit la gêner. Lucie la nettoie, change le slipad. Elle en a marre de ces cris dans les oreilles. 

   - Voilà, tu es propre maintenant, calme-toi ! Je vais te remettre un disque. 

   Rien n’y fait. Les plaintes redoublent. Lucie perd patience et se dit qu’il vaut mieux qu’elle la laisse seule, qu’elle sorte un moment sinon elle va l’assommer. 

   Le soleil est encore haut. Elle va marcher vers le stade. Autrefois, il devait y avoir des jardins maraîchers par ici. Il ne subsiste que quelques serres et un vieux mas. Si elle avait plus de temps et d’argent, elle aurait une voiture plus spacieuse et aménagée pour aller promener sa fille. Ca les sortirait toutes les deux. Au lieu de cela, elle en est réduite à faire le tour du pâté de villas en poussant Aurore dans son fauteuil. Ca tourne en rond. Elle ne supporte plus cette routine stérile. 

   Les hirondelles frôlent le bitume. C’est donc ça qui énerve la petite, cet orage qui menace. Ceux qui vendangent vont être contents ! Encore qu’ils s’en fichent maintenant, bien à l’abri dans leurs machines. Cela dit, ils vont s’embourber. Ce sera toujours moins pénible que de se traîner avec des bottes lourdes de terre. Elle essuie une larme sur sa joue. Elle en viendrait presque à les regretter ces moments de corps à corps avec cette terre, et surtout de corps à corps avec son Tonio. 

   Vingt-deux ans après, il lui revient des bouffées de ces moments-là, c’est incroyable. Elle se demande si c’est vraiment bon de remonter comme ça dans son passé. A quoi cela va-t-il la mener ? Mais c’est plus fort qu’elle. Tout lui revient. 

*** 

   A midi, ils s’étaient tous retrouvés pour les grillades. Les sarments étaient encore humides et la fumée leur piquait les yeux. Lucie, bravant ses parents, s’était assise auprès de Tonio. C’est alors que Camillo s’était penché vers ce dernier et lui avait dit assez fort pour que les jeunes l’entendent. 

   - Alors, comme ça, tu veux chanter Ramona à la fille de notre ramonet? 

   Le visage cuivré de Tonio avait pâli. Il avait regardé Lucie, incrédule. 

   - C’est vrai, tu es la fille de Mirales ? Mais pourquoi tu ne me l’as pas dit? 

   - Je ne pensais pas que cela avait un quelconque intérêt. 

   - Evidemment, avait répondu Tonio. Tu ne peux pas comprendre. Après le repas, je te dirai. 

   Il ne voulait pas se faire remarquer et il avait fallu attendre que les côtelettes soient grillées. Et faire semblant d’y trouver plaisir. En fait rien ne passait. Tonio était mal et Lucie commençait à avoir un pressentiment. 

   Puis tous s’étaient couchés sous les arbres qui bordaient la vigne et ils avaient pu se mettre à l’écart dans un large fossé, à l’abri des roseaux. 

   - Tu vois Lucie, il a suffi de quelques jours… Quelque chose en toi m’a attiré… 

   - Et moi aussi, Angélito! 

   - Eh bien, si tu es la fille de Mirales, il faut arrêter tout cela. Tiens regarde! 

   Il avait sorti de la poche de son blouson, une carte d’identité, la vraie. 

   Lucie la prit et lut les premières rubriques : 

   « Angel Mirales », « 11.07.1937 », « Carretera del Monte, n°3, Murcia » 

   - Ce n’est pas possible ! C’était donc vrai ? Et ça tombe sur nous? 

   Elle n’osait plus le regarder soudain. 

    - Tu étais au courant ? 

   - Vaguement. A vrai dire, je faisais tout pour ne pas y croire. Ce n’est jamais agréable de s’avouer que son père puisse être un salaud. Je le déteste !.. Mais, je ne veux pas que cela change quoi que ce soit entre nous… Je m’en fous de leurs histoires! 

   Lucie s’était jetée dans ses bras et elle se disait que rien ne pourrait l’en arracher. 

   - Ce n’est plus possible. Tu le sais bien. Entre frère et sœur. 

   - Je m’en fiche de ces interdits, ça ne veut rien dire pour nous. 

   Tonio ne pouvait pas résister, du moins pas en l’ayant là contre son corps, pleine d’amour pour lui. 

   Ils n’entendirent pas arriver le père qui s’en venait pisser par là. 

   - Nom de Dieu ! Mais qu’est-ce que tu fais là, toi, avec ma fille ? Saligaud, sors de là! 

   Lucie était partie en courant vers la ferme, poussée par une haine pour ce père qui, décidément gâchait la vie de tout le monde. C’était un homme bourru, toujours taciturne, ne se faisant entendre que pour opposer son veto aux demandes des uns et des autres. Un caractère de cochon! 

   Tonio, lui, avait fait front. Mais quels arguments pouvaient-ils trouver? Ce n’était pas le moment de lui décliner sa véritable identité. 

- On ne faisait que discuter, monsieur Mirales. 

   Il avait eu du mal à calmer le vieux. Mais comme ce dernier voulait ne pas faire d’esclandre devant les autres et que c’était l’heure de la reprise, il avait rentré sa colère. 

   - La petite n’est pas là ? s’inquiéta la mère. 

   - Elle était mal, elle est partie au mas. 

    -  Elle aurait pu me le dire, tout de même! 

   - Tu devais te reposer, elle n’a pas voulu te déranger. 

   - Ce n’est pas grave au moins? 

   - En fait, les vendanges, c’est pas fait pour elle. Vaut mieux qu’elle étudie. 

   Et la discussion en était restée là. Josefa était étonnée que son homme soit devenu aussi compréhensif envers sa fille. L’effet de l’âge, peut-être? A moins qu’il ne lui cache encore quelque chose. Ils avaient dû se disputer pendant la pause 

   Sur ce, Marcel était arrivé de la cave. 

   - Hé, Mirales ! Faut les faire activer la manoeuvre ! Ce serait bien que Josefa mène un peu l’équipe parce que la Matilda, elle a perdu le rythme. 

***
(A Suivre)

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"Alors il me dit qu'il adore lécher ma f...
et qu'à ce stade, ce n'est plus de l'appétit qu'il a,
mais un terrible besoin qu'il ressent très
bas, dans sa b... et que...
- Tais-toi, tu nous fais languir!
Quand est-ce qu'on le voit?"


Pleasant Letter, Alfred Stevens

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"Oui... Oui, c'est ça... A tout à l'heure...
Mais ne vous dépêchez pas trop...
On a tout le temps, nous trois, hein?"


The Flirtation (1885), Georges Croegaert

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"Tu comprends ça, Coco? Il me dit qu'il va me
faire ma fête... Mais c'est même pas mon anniversaire et...
Comment? Mais non, idiot que tu es, je n'ai
jamais été blonde..."


Girl with Parrot (1876), Hans Canon
Vienna, Austria

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"Mais... Mais ne serait-ce pas l'amant de ma sixième femme?
Hum... Si je ne me retenais pas... Mais il est vrai que je suis
moi-même l'amant de sa cinquième, alors..."


The Barber of Suez - Leon Bonnat 1876
(Source: fleurdulys)

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Blanche Baptiste (conseillée par Jacques Damboise)

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