Bonjour à vous qui, dans le maelström du net, êtes arrivés, par hasard? lassitude? erreur? sur ce blog. Vous êtes les bienvenus. Vous y lirez des extraits d'articles, de pensées, d'interviews, piochés ça et là, et illustrés de photos et dessins détournés, via un humour de bon aloi. Vous pouvez évidemment réagir avec le même humour, la même ironie que nous mettons, chaque jour, à tenter de respirer un peu plus librement dans une société qui se corsète chaque fois un peu plus.

mardi 9 juillet 2013

"Cet homme des cavernes était également bas de plafond". Jacques Damboise in "Pensées à contre-pet".

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Pensées pour nous-mêmes:

(L'ACTION N'A PAS DE SENTIMENT)


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Long Texte au long cours (2/4). 
Blanche Baptiste


   La jeune Lucie, lors de joyeuses vendanges, aime tomber amoureuse de certains travailleurs espagnols. Mais "son" Ricardo, lors de cette saison, est absent, hélas... 

HAUTES DILUTIONS



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   En passant sur le pont de la Têt, Lucie regarde le lit du fleuve presque à sec. Des relents nauséabonds montent jusqu’à elle. Comme on dit dans son quartier sous forme de boutade : « On se prend trop la Têt ces temps-ci ! » De fait, avec ses souvenirs qui remontent en elle, elle ressent un arrière goût désagréable dans la bouche et une lourdeur dans les tempes.

   Enjamber le parapet, elle y a souvent pensé, mais elle est attendue chez elle.
 
   Un petit pavillon, à l’écart, au fond d’une impasse d’où s’échappent les plaintes d’un animal aux abois. Elle commence à les entendre pas plutôt passé l’angle de la rue, et bien qu’elle y soit habituée, cela lui fait toujours l’effet d’un coup de poignard. Et la question lancinante revient, quoi qu’elle fasse, pourquoi tout cela ?

   - Tu en as mis du temps ! lui reproche sa sœur Pepita. Il t’a gardée plus longtemps que d’habitude…

   Non, son RDV avec le psy n’a duré que trois quart d’heure. Après elle a flâné. Elle a réfléchi à son passé.

   - Vaï, tu as raison. Il y a peut-être de quoi se poser des questions. Té ! avec tous ses cris, j’ai la tête comme une pastèque. Bon, je te laisse. Tu n’as besoin de rien d’autre ?

   - Non, ça va, je te remercie. Je te mettrai encore à contribution vendredi. Ce sera la dernière séance.

   Sa sœur doit se demander à quoi lui ont servi toutes ces consultations, ces stages de numérologie, de tarots, de généalogie et autre fadaises. Elle est bien avancée maintenant ! Pour sa famille, elle réfléchit trop. Il n’y avait qu’une seule solution, deux, en fait. Et Lucie en a choisi une troisième qui n’est pas la bonne aux yeux de ses proches. Envers et contre tous, elle s’obstine à garder sa fille de dix-huit ans chez elle.

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   Quand Aurore était née, elle avait tout de ces nourrissons que l’on voit dans les contes de fée, entourés de bonnes marraines dans des berceaux drapés de vaporeux voilages. Tout allait donc pour le mieux et du jour au lendemain tout alla pour le pire. Occlusion intestinale. Affolement général. Précipitation. Intervention et anesthésie trop lourde. Au sortir de l’opération, le bébé ne tarda pas à présenter des convulsions, des crises d’épilepsie à répétition dont les médecins ne mesurèrent pas les conséquences. Deux mois plus tard, le diagnostic d’un spécialiste fut formel. Le cerveau avait été gravement lésé. 

   On se rendit compte, les mois passant, que la petite Aurore était aveugle et quasiment sourde, les membres en partie inefficaces et l’entendement dans un si profond brouillard que personne, pas même Lucie, n’arrivait à le dissiper. Cette dernière se retrouva alors seule pour élever cette enfant dont plus personne ne voulait, pas même son père qui, dépassé par la situation, avait immédiatement déclaré forfait en quittant le domicile, préférant verser une pension plutôt que d’avoir sous les yeux cette blessure constante.

   Lucie refusa de placer Aurore en centre spécialisé. Elle voulait assumer le problème, s’occuper au mieux de sa fille. Elle opta donc pour un mi-temps au laboratoire et prit une aide à domicile pour garder la petite en son absence.

   - Tu t’empoisonnes trop la vie, avait fini par lui dire sa mère quand elle avait compris que tout progrès ou retour à la normale était bel et bien impossible. Tu devrais la mettre dans un institut.

   Mais Lucie s’obstinait. Elle savait que la petite la reconnaissait, qu’il existait un dialogue entre elles deux, quelque chose de basique et subtil à la fois, auquel les autres ne pouvaient avoir accès.. Elle seule sentait cet échange. Et qui pouvait lui affirmer qu’ailleurs, on allait la traiter aussi bien ? Depuis un an, elle la laissait déjà une fois par mois dans un centre d’accueil. Le GIHP venait la prendre le vendredi soir et la lui ramenait le mardi matin. Aurore était alors dans un état d’énervement extrême. Les éducateurs avaient fini par lui avouer qu’elle ne dormait pratiquement pas et qu’elle passait son temps à hurler ! Qu’est-ce que cela donnerait à plein temps ? N’allait-on pas la surmédicamenter, commettre une seconde erreur médicale qui la tuerait cette fois ?

   - Pour elle ce serait la mort assurée et vous le savez tous fort bien !

   - Ecoute, Lucie, ouvre les yeux une bonne fois, lui avait répondu sa mère excédée. Après tout, ce serait la meilleure solution, et pour elle, et pour toi. Vous vous empoisonnez mutuellement, alors que, toi, tu dois te sauver.

   Lucie avait préféré faire semblant de ne pas avoir compris. Combien de fois, lui avait-on suggéré d’en finir avec ce petit animal handicapé ?

   Dernièrement, une de ses collègues, une nouvelle laborantine, était venue prendre le thé chez elle. Aurore était sur le divan, en tailleur, se balançant de gauche à droite, en secouant convulsivement la tête d’avant en arrière, en hululant des sons aigus.

   - C’est ta fille ?… Oh, que je te plains !… Et tu me dis qu’elle a dix-sept ans… On dirait encore une fillette… Tu en as de la patience.

   - Elle aussi, avait répondu Lucie. J’aurais dû te prévenir.

   L’autre avait immédiatement ajouté qu’à sa place… au laboratoire c’était facile de se procurer des produits, des seringues… Personne ne viendrait faire d’enquête…

   Lucie avait blêmi et avait dit à la fille dont elle avait cru un moment pouvoir se faire une amie qu’il valait mieux en rester là, et à une simple relation de travail.

   En règle générale, elle avait toujours évité de faire venir des gens chez elle, en présence de la petite. Leurs regards étaient trop lourds, leurs réflexions trop blessantes. Même les voisins bien intentionnés ne pouvaient pas s’en empêcher, par maladresse, bêtise ou méchanceté, au choix. L’un d’eux lui avait même dit sur un ton qui se voulait conciliant :

   - Pour le bruit, on s’y fait, vous savez. Le chien des Plantu hurle, lui aussi, toute la journée et bien plus fort !

   Elle en avait pleuré, bien que son seuil de tolérance en la matière soit assez élevé.
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(A Suivre)
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"Alors, mon petit, on fait de beaux rêves?
- AAAHHH!!!"

Détail du tableau "La Nuit", de Ferdinand Hodler (1890)

Lire les rêves des gens
 Adalanews

   (...) C’est par le biais du webjournal anglais BBC News que nous apprenons que des chercheurs japonais ont réussi à pénétrer les rêves ! En effet, les chercheurs du ATR Computational Neuroscience Laboratories de Kyoto, dirigé par le professeur Yukiyasu Kamitani, ont réussi à lire 60% des images que les gens ont vu durant leur sommeil léger.

   Objectif de l’étude :
   - Conserver et retranscrire les rêves pour les étudier (interprétations…)
   - Analyser les rêves pour étudier l’impact psychologique sur l’individu

   Étapes du Sommeil (schéma simplifié) :
     - Endormissement: Le cerveau ralentit, le calme s’installe, la respiration devient régulière. Cette phase peut durer quelques secondes à 10 minutes.
   - Sommeil lent léger: L’activité cérébrale ralentit. Cette période marque la perte de conscience.
   - Sommeil lent profond: Les muscles et le cœur sont au repos.
   - Sommeil paradoxal: Les yeux et le visage sont en mouvement. L’activité cérébrale est intense et s’agite (rêves les plus élaborés, fantastiques, riches en émotions et en images, détaillés et précis)

   Les Professeur Yukiyasu Kamitani & le Dr Mark Stokes (Neuroscientifique cognitif de l’université de Oxford) ont toujours cru qu’il était possible de « décoder les rêves ». Cependant, il faudra attendre encore plusieurs années avant d’avoir une machine qui lisent les rêves.

   Etudes : 3 volontaires ont été étudiés et scannés par IRM pendant leur sommeil & leur éveil

   1.) Quand les volontaires commencent à s’endormir (sommeil lent léger), les chercheurs les réveillent et leur demande de décrire ce dont ils étaient en train de rêver.

   2.) Cette procédure a été répétée 200 fois pour chaque volontaire et leurs réponses regroupées en catégorie et mis dans une base de donnée sophistiquée.

   3.) Les volontaires sont une nouvelle fois scannés pendant leur réveil et regardent des images liées à la base de donnée.

   4.) Les chercheurs ont alors pu détecter des modèles spécifiques à leurs activités cérébrales qui correspondaient à certaines images.

   5.) Dans une expérience suivante, les scientifiques ont été capables de prédire 60% de ce qu’on rêvé les volontaires par l’étude de leurs scanners du cerveau en les comparant à la base de donnée.

   Maintenant les scientifiques vont essayer d’explorer ce qui se passe dans un sommeil paradoxal afin de prédire en plus des images de leur rêve, ce qu’il ressentent au cours de ces rêves. Le Dr Mark Stokes prévient qu’il ne sera pas possible de construire un classificateur général qui pourrait lire les rêves de tout le monde.

   Les pensées et rêves de chaque personne sont uniques et spécifiques à l’individu. Donc, pour lire les rêves de quelqu’un, il faudra lui construire une base de donnée qui lui est personnelle.
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"J'aime bien l'ambiance de cette taverne...
Un peu  moins son laisser-aller..."


Gary Cooper, 1932 (by pictosh)

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(Un de ces jeunes gens va bientôt s'emparer d'une part
qui ne lui est pas destinée. Sauras-tu le désigner?"


Hotel Gavarni | Hotel independant
 Ecolabel, Paris » Commerce équitable

Equitable
Thegreenwasher

   (...) Equitable adj. Un terme qui caractérise ce qui est conforme à l’équité, qui garantit un traitement selon le droit et le mérite. L’idée d’équité n’est pas une idée neuve en Europe et dans le monde entier, pourtant une question revient avec toujours plus d’insistance, pour des rapports économiques et sociaux justes non seulement entre pays du Nord et du Sud, mais aussi entre acteurs locaux, nationaux, européens.

   Un terme utilisé dans bien des contextes, vulgarisé dans le domaine de la consommation de biens par Max Havelaar, aux produits issus de contrées lointaines type café, sucre ou chocolat qui entrent dans le cadre d’un cahier des charges strict, assurant juste rémunération et conditions de travail décentes

   On voit fleurir pléthore d’expressions synonymes telles que respect des hommes et de l’environnement, ou soutien aux communautés locales (cf. note précédente). Mais aussi, plus près de nous, des concepts tels que Made in France, économie circulaire, circuits courts. Alter Eco propose d’ailleurs des produits français avec le label équitable.

   Un exemple. La collection Conscious d’H&M, en magasins aujourd’hui, met à l’honneur le coton bio et une mode durable. Le plan com’ est impeccable, l’égérie glamour mais proche des clientes d’H&M, des vêtements pile dans la tendance, une problématique (Mais pourquoi gaspiller la mode ?) digne des marques pionnières bio et/ou équitables. Un message à l’opposé de ceux communiqués dans les autres campagnes, où une collection chasse l’autre, où le prix est l’unique variable d’ajustement ; un message peu compatible avec les méthodes de distribution et de vente du géant du textile. 

   Une opération de ce style, d’une enseigne à forte notoriété est-elle équitable face à celle d’une pme engagée dans le bio qui communique à un public restreint ? Quat’rues a tranché, Youphil aussi.

   Autre exemple. Ekitinfo propose tout au long du mois d’avril et de mai (2013) de voter pour des idées innovantes permettant de faire avancer le recours aux produits issus du commerce équitable au travail. En réfléchissant à cette initiative, j’ai fait le lien – suivez-moi jusqu’au bout, lecteurs – avec l’architecte et designer India Mahdavi, dont les créations d’espaces de travail (restaurants, hôtels…) et son sens du mélange des couleurs/matières/influences me passionnent. L’illustration parfaite des réalisations possibles dans une société sans frontières. Sans forcément arriver à son niveau de sophistication, je m’interroge sur l’origine des matériaux qu’elle utilise. 

   Je voudrais connaître le prix social et humain de ces intérieurs, savoir s’il y a des éléments chinés ou des matériaux recyclés. Je trouverais équitable de lire sur une étiquette le nom de l’artisan qui façonne ce meuble. C’est d’ailleurs la question que je me pose pour une grande partie de mes achats – où est l’artisan, celui qui a le savoir-faire, la connaissance du processus de fabrication de A à Z… équitable, cette foule d’associations d’idées ?

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Luc Desle

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