Bonjour à vous qui, dans le maelström du net, êtes arrivés, par hasard? lassitude? erreur? sur ce blog. Vous êtes les bienvenus. Vous y lirez des extraits d'articles, de pensées, d'interviews, piochés ça et là, et illustrés de photos et dessins détournés, via un humour de bon aloi. Vous pouvez évidemment réagir avec le même humour, la même ironie que nous mettons, chaque jour, à tenter de respirer un peu plus librement dans une société qui se corsète chaque fois un peu plus.

samedi 31 août 2013

"On me graissa la patte avant de la faire cuire". Jacques Damboise in "Pensées à contre-pet".

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Pensées pour nous-mêmes:

(LES VAGUES ONT-ELLES
UN NOM?"

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(Gênée):
"Heu... Oui... C'est mon nouveau boy-friend... 
Un producteur...
Il aime beaucoup les chapeaux... 
heu... laids..."




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"Qu'ess-t'attends, moule à gaufres?
Viens ici, si t'es pas une tafiole!"


(Ce vieux pirate en faisait toujours un peu trop
pour avoir un verre de rhum à l'oeil)


Pirates : 
A l'abordage !

   (...) Dès que des marins et pêcheurs ont entrepris de gagner leur vie en attaquant leurs collègues d'autres villages, leurs aventures ont inspiré les conteurs. Comme rappelle fort justement l'hebdomadaire ukrainienOukraïnsky Tyjden dans son dossier consacré à la question, L'Iliade et l'Odyssée ne sont après tout rien d'autre qu'un récit embellissant un vaste raid côtier mené par des pirates achéens contre une riche cité d'Asie Mineure.

   Depuis, la tradition ne s'est jamais démentie. A partir du XIXe siècle, les romans de piraterie deviennent des classiques, comme Le Pirate, de Walter Scott (1821), L'Ile au trésor, de Robert Louis Stevenson (1881), ou encore Le Corsaire noir, d'Emilio Salgari (1898). Côté français, Balzac s'y essaie dans une œuvre de jeunesse, Argow le Pirate (1824), et Jules Verne fait la part belle aux écumeurs des mers qui s'en prennent à ses héros, que ce soit dans L'Ile mystérieuse (1874) ou dans Deux ans de vacances (1888).

   Dès son apparition, le cinéma se passionne pour ces aventuriers sans foi ni loi, en puisant justement dans les romans que leur ont consacrés tant d'écrivains de renom. De ces livres, "L'Ile au Trésor" est probablement celui qui a été le plus souvent adapté à l'écran, la première version remontant à 1920 (Maurice Tourneur), la dernière étant un téléfilm britannique en 2012. 

   Outre les ouvrages de Jules Verne cités plus haut, qui ont eux aussi été adaptés à la télévision, d'autres auteurs ont vu leurs pirates imaginaires poursuivre leurs aventures dans les salles obscures ou les salons familiaux, comme "les contrebandiers du Moonfleet" de John Meade Falkner (1898), mis en images en 1955 par Fritz Lang, ou le célèbre "Sandokan", série télévisée européenne de 1976 tirée d'un autre roman d'Emilio Salgari, "Le Tigre de Mompracem" (1900).

   L'idée que l'on se fait de la piraterie doit beaucoup à ces romans et ces films. Le stéréotype du loup de mer borgne, souvent affublé d'une jambe de bois, prêt à tuer père et mère pour préserver le secret de son trésor, ou pour au contraire s'emparer de celui d'un concurrent, vient essentiellement des personnages de ces œuvres. Le récit de piraterie allie aventure et violence sanguinaire facile, un certain érotisme lié à une sauvagerie supposée, et une forme de conte moral, car il est bien rare que les principaux protagonistes ne paient pas leurs forfaits à la fin.

   La réalité du "métier" de pirate était évidemment bien différente. Les frères de la côte ne capturaient pas tous les jours des proies débordant d'un riche butin, et la plupart du temps, les pirates pillaient surtout des vivres, parfois de quoi commercer. Les capitaines de navires marchands qui se faisaient intercepter parvenaient souvent à négocier leur passage, et les combats étaient rares. 

   En fait, il semble que le bandit des mers qui ait le mieux correspondu à la légende postérieure du pirate ait été Edward Teach, le redoutable Barbe-Noire (1680-1718). Véritable force de la nature, cet ancien marin de la flotte britannique terrorisait les ports de Caroline, de Floride et des Caraïbes, à la tête d'une flottille de plusieurs navires. Il accentuait délibérément son aspect terrifiant en glissant dans ses cheveux et sa barbe hirsute des mèches de mousquet allumées. 

   Et il a connu un trépas digne du personnage qu'il s'était forgé, abattu de plusieurs coups de pistolet et de sabre lors de son dernier abordage. Ses adversaires ont ensuite attaché sa tête décapitée au mât de leur vaisseau. Il leur fallait une preuve de sa mort pour récupérer la récompense.

   Barbe-Noire, pirate réel mais digne de ses frères de fiction, a évidemment fait l'objet de nombreux romans et de films, dont "Barbe-Noire le pirate" de Raoul Walsh (1952). Preuve de la vivacité de son mythe, il a même trouvé sa place dans le quatrième épisode des "Pirates des Caraïbes" (2011), aux commandes cette fois d'un équipage de ... zombies. (...) 

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"Comment ça on voit mes aisselles?
Vous n'avez rien de mieux à faire, non?"


#JEAN PATCHETT

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Benoît Barvin

vendredi 30 août 2013

"Dans cette ferme expérimentale on élevait des humains en batterie". Benoît Barvin in "Pensées pensées".

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Pensées pour nous-mêmes:

(LES FEUILLES QUI BRUISSENT
A TES OREILLES TE PARLENT
DE LA VIE)

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"Regardez-moi bien dans les yeux
et répétez: je-ne-dois-pas-critiquer-
la-démocratie-qui-est-la-plus-belle-conquête
de-l'homme-moderne-surtout-du-banquier"


Greta Garbo from ‘Mata Hari’
photo by Clarence Sinclair Bull  1931


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"Corriger ce stagiaire qui n'a fait que 69 heures
de boulot? Ok, Boss, comptez sur moi!"


Stages en banque d’affaires : 
« Ici, on ne part pas avant 3 heures du matin »
Ludovic Tomnet 

   (...) L’« Investment Banking » est l’une des filières les plus prestigieuses pour un stagiaire d’école de commerce qui voudrait s’assurer un futur poste avec une forte rémunération à la clé.

   En quelques années, ces emplois – qui s’occupent des introductions en Bourse, émissions de dette ou de fusion/acquisition [voir encadré] – peuvent assurer des salaires astronomiques. En moyenne, il n’est pas rare de gagner un demi-million d’euros par an après une dizaine d’années de carrière.

   Mais avant de parvenir au CDI, les étudiants des grandes écoles de commerce doivent passer par le statut de stagiaire. Dans chaque école, ils ont un an de stage minimum à réaliser, qu’ils répartissent au cours de leur scolarité. Ils sont généralement de six mois en France et dix semaines à Londres lors des « summers », ces stages d’été étant la voie royale pour l’embauche.

   Payés entre 1 300 et 3 000 euros par mois, ils bénéficient d’un salaire honnête quand la loi oblige l’employeur à verser une rémunération mensuelle de 436,05 euros pour les stages de plus de deux mois (une somme que les entreprises dépassent rarement). La partie la moins agréable est celle des horaires de travail.(...)

   « 35 heures par semaine, pas de travail de nuit, ni le week-end. » La convention est claire, en phase avec la législation française, ce qui est obligatoire pour que l’école de commerce donne son aval. Pourtant, en pratique, on est loin des horaires de bureaux : les jeunes banquiers passent en moyenne 70 à 100 heures par semaine dans ces banques.

   Jean-Baptiste prévient d’éventuelles critiques :« Les banques ne sont pas inhumaines, elles remboursent le dîner et le taxi pour rentrer le soir. » Plutôt que de se plaindre, les étudiants ont détourné ces conditions en une véritable fierté. Dans le métier, il est bien vu de dire qu’on a fait une « nocturne » : qu’on est resté toute la nuit au travail.

   Entre stagiaires des différentes banques, ils s’amusent à comptabiliser le nombre d’heures passées au bureau. Celui qui fait exploser les compteurs en tire une certaine reconnaissance.(...) 

   Suite à la publication d’articles relatant la mort de Moritz Erhardt, des témoignages sur des forums attestent d’une justification aveugle des conditions de travail. Sur le forum WallStreetOasis,« Marcus_Halberstram » relativise« Ces horaires sont horribles en comparaison à un travail normal où tu peux boire un verre après le travail, et “bruncher” ou jouer au football le week-end.

   Même si tu fais des semaines de 100 heures, tu as toujours une moyenne de 5-6 heures de sommeil par nuit durant la semaine, et dormir autant que tu veux le week-end. [...] Personne n’est esclave dans une galère. (ahaha)»(...) 

   Dans ce milieu très sélectif, l’employeur veut des stagiaires dévoués, capables de mettre de côté leur vie personnelle pour leur travail. Thomas (prénom d’emprunt), étudiant d’une grande école de commerce française, se souvient d’un entretien de pré-stage dans le service fusion et acquisition d’une banque :

   « Ils m’ont prévenu qu’ici, on ne quittait pas avant 3 heures du matin en moyenne. Ils ont ajouté fièrement qu’il fallait que j’oublie mes week-ends. J’ai aussitôt répondu que je n’en serais pas capable. » Thomas ne sera pas retenu à l’issue de son entretien. Il estime de toute façon avoir besoin d’au moins six heures de sommeil par nuit. (...)
Suite sur:
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"Oui, oui, c'est ça...
Je m'entraîne à recevoir mon ami
toréador, l'ami des traditions..."


Life size pin up design of Lili St Cyr
for a man cave door or wall 1953


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Luc Desle

jeudi 29 août 2013

"Il aimait l'argent, surtout celui qu'il piquait aux autres". Jacques Damboise in "Pensées à contre-pet".

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Pensées pour nous-mêmes:

(LA COLÈRE COULE TON CŒUR
DE MÉTAL EN FUSION)

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"Etre ou ne pas être
enthousiaste... amuseur public...
philosophe... non amateur de boissons fortes...
touché par la c... humaine..."

Kenne Gregoire


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Les retraités, modèles d’une nouvelle 
production de valeur économique
Bernard FRIOT

   (...) Qu’est ce que travailler ? Est ce avoir un emploi sur un marché du travail et produire de la valeur pour un actionnaire dans une entreprise dont on n’est pas propriétaire, ou est ce, comme ces retraités heureux au travail, avoir un salaire à vie et travailler dans des collectifs (une association, une mairie) où l’on décide et dont on ne tire aucun revenu ? L’enjeu du conflit sur la retraite, c’est le devenir du travail : exploité par des propriétaires lucratifs, ou émancipé du marché du travail par le salaire à vie, et des actionnaires par la copropriété d’usage de l’entreprise ? Contre les réformateurs, la démonstration faite à grande échelle par les retraités que nous travaillons mieux sans actionnaire et sans employeur, en étant dotés d’un salaire à vie et de la copropriété d’usage des outils de travail, doit être dite, confirmée et généralisée. (...)

   (...) Trop souvent, nous disons que les retraités sont utiles mais ne travaillent pas, c’est à-dire ne produisent pas de valeur économique. Nous disons que les pensions sont de la solidarité intergénérationnelle, un thème qui a été mis sur la table par Rocard dans son calamiteux Livre blanc de 1991. « Les retraités ont cotisé pour les inactifs quand ils produisaient, ils ont le droit de retrouver dans leur pension, grâce aux cotisations actuelles des actifs, l’équivalent de leurs cotisations d’hier, maintenant qu’ils ne produisent plus » : c’est le fonds de commerce réformateur, qui conduit à faire dépendre les pensions de la durée et du montant des cotisations.

   Or cette propagande lit à l’envers ce qu’ont impulsé Croizat et les militants de la CGT : la pension n’est pas la contrepartie des cotisations passées, c’est la continuation à vie du meilleur salaire (75% du brut, soit 100% du net) obtenue à un âge légal le plus bas possible : 55 ans et 50 ans pour les travaux pénibles. Autrement dit : à 55 ans (mais demain à 50 ans, puis à 45 ans…), nous devons être payés à vie, débarrassés de l’obligation de quémander un emploi à un actionnaire. Alors seulement nous pouvons travailler efficacement, produire de la valeur économique sans être empêchés par des managers qui nous contraignent à un mauvais boulot, sans être mis au chômage par des actionnaires qui veulent 15 à 40% de taux de retour. (...)

   D’abord la pension doit être un vrai salaire : chacun doit avoir 100% de son meilleur salaire net (porté au Smic s’il est inférieur) quelle que soit sa durée dans l’emploi. Les pensions ne sont pas la contrepartie du travail passé des retraités, mais la contrepartie de leur travail actuel : donc les annuités et les points doivent disparaître du calcul, ainsi que toute condition de durée de carrière.

   Ensuite le salaire à vie doit être garanti le plus tôt possible : le retour à la revendication traditionnelle de 55 ans est un minimum.

   Enfin le travail des retraités doit être soutenu : contre la propagande qui raconte qu’on ne produit plus en retraite (et donc qu’il faut prolonger l’emploi avec l’espérance de vie), les retraités doivent obtenir les moyens de travailler, de fonder des entreprises dont ils sont les copropriétaires d’usage (où ils décident de tout sans en tirer de revenu : ils n’en ont pas besoin puisqu’ils sont payés à vie), d’inventer. Non pas en plus de leur pension, comme le veulent les réformateurs avec le pernicieux droit au cumul, mais en tant que pensionnés, montrant ainsi que le salaire à vie est une matrice légitime du travail. (...) 

   (...) Les retraités ne sont pas les seuls à travailler avec un salaire à vie : il y a aussi les fonctionnaires, qui sont payés pour leur grade et non pas pour leur emploi. Leur grade est attaché à leur personne, et c’est donc leur personne, et non pas leur poste, qui est payée. Il faut passer à l’offensive en généralisant cette situation à toute la production. Il s’agit d’enrichir la majorité politique d’un droit nouveau : la qualification universelle. A 18 ans, chacun doit être doté :

   • du premier niveau de qualification et du salaire à vie qui va avec (par ex. 1500 euros net) et d’un droit à carrière salariale, sanctionnée par des épreuves de qualification, dans une échelle par ex. de 1 à 4 (soit pas de salaires supérieurs à 6000 euros par mois) ;

   • de la copropriété d’usage de son outil de travail : c’est à-dire du droit de décider de l’investissement, de la hiérarchie, de ce qui est produit, sans tirer de la copropriété aucun revenu. Généraliser la propriété d’usage suppose la suppression de toute propriété lucrative, avec expropriation de ses actuels titulaires ;

   • de la délibération dans les caisses de salaire et les caisses d’investissement qui, sur le modèle si réussi de la sécurité sociale, collecteront les cotisations des entreprises et mutualiseront ainsi la valeur ajoutée tout en créant la monnaie, pour une politique économique maîtrisée par les citoyens. (...)

Pour consulter l’original :

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(Femme vérifiant la solidité de sa cheville droite)

unknown

(Test... hem... pas vraiment concluant si l'on en croit
le craquement entendu quelques secondes plus tard)

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Luc Desle

mercredi 28 août 2013

"Le vrai supplice de Tantale: avoir la langue coupée". Benoît Barvin in "Pensées pensées".

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Pensées pour nous-mêmes:

(LA LUNE DÉSIGNE-T-ELLE
TON DOIGT?)

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"Je suis contennnnteuh...
- Et pourquoi?
- Parce que je suis vivannnnteuh..."


…danza, danza, danza…

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"Les oligarques menteurs, voleurs 
et donneurs de leçons?
Désolé, je n'en ai jamais rencontrés"



Hervé Kempf : 
« Il est vital pour l’oligarchie de maintenir 
la fiction d’une démocratie » - 

   / Basta ! : Pourquoi affirmez-vous que nous ne sommes plus en démocratie, et pas encore en dictature, mais dans une « oligarchie » ?

   - Hervé Kempf : Dans les pays occidentaux, l’évolution du capitalisme ces 30 dernières années a provoqué une considérable augmentation des inégalités. Elle a conduit à détacher encore plus le groupe des très riches du reste de la société. Ce groupe a acquis un pouvoir énorme, qui lui permet de contrôler les grands choix collectifs. Derrière l’apparence d’une démocratie représentative, le destin de la collectivité est déterminé par un petit groupe de gens, la classe oligarchique.

   Le régime oligarchique actuel se caractérise par une extension du pouvoir des acteurs économiques, bancaires et financiers. Et par un affaiblissement du pouvoir relatif de l’État. L’histoire récente l’illustre clairement, avec les exemples de la Grèce, du Portugal, de l’Irlande : ce sont désormais les spéculateurs, les banques, les fonds de pension qui décident des politiques économiques de ces pays. Le dénouement de la crise financière montre également la disproportion entre le pouvoir des États et celui des agents privés. Le système financier est sauvé fin 2008 par l’engagement des crédits et de l’épargne publics. Éviter l’effondrement du système était nécessaire. 

   Mais on est en droit d’attendre que la puissance publique reprenne le contrôle des agents financiers qui avaient conduit à la crise par leur comportement irresponsable. Cela n’a absolument pas été le cas. L’autonomie de décision du secteur bancaire a été largement préservée. Les tentatives de régulation ne corrigent qu’à la marge les dysfonctionnements et les comportements spéculatifs.

   / L’oligarchie désigne à la fois une réalité sociologique et un système politique. Comment fonctionne cette élite puissante et fortunée ?

   - Une des caractéristiques du régime oligarchique est l’imbrication étroite entre les cercles dirigeants politiques et économiques. Alors que l’un des principes fondamental de la démocratie est la séparation : d’un côté les élus, les hauts-fonctionnaires, les membres des cabinets ministériels et de l’autre les dirigeants des banques et des grandes entreprises. Ils ne doivent pas être adversaires, au contraire, c’est important qu’une société démocratique ait une activité économique prospère. Mais en démocratie, les affaires privées relèvent d’une autre logique que les affaires publiques. 

   Or on observe aujourd’hui une fusion des deux systèmes de gestion. Ceux qui sont en charge des affaires publiques ont beaucoup moins le souci de l’intérêt public. Ou plutôt, ils ont le souci que la gestion des intérêts publics n’entre pas en contradiction avec la préservation des grands intérêts privés. On observe aussi un constant va-et-vient, du point de vue des acteurs, entre les milieux de la haute décision publique et ceux des grandes entreprises ou de la banque.

   / Le glissement de la démocratie vers l’oligarchie ne s’est pas fait brutalement, mais plutôt de manière insidieuse…

   - Cela s’est opéré avec le creusement progressif des inégalités – dont on a véritablement pris la mesure ces dernières années. Tout le discours de l’oligarchie consiste à préserver la fiction de la démocratie. Il est vital pour le maintien d’un système inégalitaire que le peuple continue à croire qu’il est en démocratie, que c’est lui qui décide. Aujourd’hui, une partie de la classe dirigeante est cependant en train d’abandonner l’idéal démocratique et aspire plus ou moins ouvertement à un régime totalitaire. Il n’y a qu’à voir le nombre de capitalistes en admiration devant le régime chinois, parce qu’il atteint des taux de croissance économique records grâce à un gouvernement autoritaire.

   / L’oligarchie témoigne d’une conscience de classe aiguisée, d’une communauté sociologique solidaire. Mais, face à l’oligarchie, pourquoi une telle passivité, une telle apathie collective ? Pourquoi ne se rebelle-t-on pas ?

   - L’évolution du capitalisme s’est accompagnée d’une transformation majeure de la culture collective. L’individualisme s’est exacerbé à un point sans doute jamais vu. Il forme aujourd’hui le fond de notre culture, de notre conscience collective, de notre façon d’être. C’est ce qui cause notre faiblesse et notre incapacité à nous rebeller. L’individualisme fragmente la société. Il nous paralyse et nous handicape face à des gens qui, même s’ils sont peu nombreux, « jouent collectif » et sont très cohérents.

   Pour dépasser cela, il faut nous affranchir d’un conditionnement extrêmement fort des médias, et particulièrement de la télévision. Elle est devenue si quotidienne et banale, on ne se rend même plus compte à quel point elle modèle et diffuse la culture collective. Le système de valeurs qu’elle projette, avec la publicité, est individualiste, axé sur la consommation, et n’invite pas à intervenir dans la sphère publique. (rien que du connu, mais les rappels ne sont jamais vains) (...)

Lire la suite sur:

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"Ma manière yankee d'aplanir les difficultés
que j'ai contribué à faire naître?
Yeah, man! Com'on!!!
Ahahaha!"



oh my bloody god

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Luc Desle

mardi 27 août 2013

"Il était musclé de la tête mais pas du cerveau". Jacques Damboise in "Pensées inconvénientes".

°°°
Pensées pour nous-mêmes:

(LE MAÎTRE NE T'INDIQUERA
QUE SA VOIE)

°°°
(La main qui s'attaque aux plantes de pieds
en pleine action)



°°°
"Et en plus, la roupie,
elle est plus lourde
qu'une simple pomme..."

Gotlib

La crise économique, 
entre rire et larmes

   (...) Certes, l'Inde n'est pas en récession grâce à ses 5 % de croissance annuelle du PIB, mais les Indiens vivent actuellement une crise économique sans précédent depuis quinze ans, après des années de croissance à deux chiffres. La roupie est en chute libre: elle a perdu 15 % de sa valeur depuis le mois de janvier et certains spécialistes prédisent qu'on atteindra bientôt le seuil de 70 roupies pour 1 dollar (contre 55 roupies par dollar il y a encore quelques mois). 

   Les citoyens ressentent durement l'inflation. L'essence est devenue très chère, de même que les oignons, produit de référence – comme le pain en France. Les économistes attribuent cette crise à un contexte mondial défavorable, mais aussi à l'absence de réformes économiques et financières, à la corruption et à une certaine paralysie politique, à moins d'un an des élections législatives. 

   Heureusement, certains ont choisi d'en rire. Le quotidien Livemint remarque justement que "tout le monde a quelque chose à dire sur la roupie qui dégringole et sur l'envol des prix de l'essence et des oignons". Et le journal de citer le comique Tanmay Bhat, le dessinateur de presse Hemant Morparia et les utilisateurs de Twitter qui se déchaînent. Un exemple ? "Si Newton était vivant aujourd'hui, il utiliserait la roupie pour démontrer la gravité : elle chute plus vite qu'une pomme." (...)


°°°
"C'est vous le Monsieur qui allez me tuer?
- Ben... Heu... Oui.
- Chouette! Et vous z'êtes pas un peu sadique
 aussi, non?
- Non.
- Ah, dommage..."


Richard Attenborough as Pinkie in Brighton Rock, 1947.

°°°
Benoît Barvin

lundi 26 août 2013

"Le fait divers, au printemps, fut oublié". Benoît Barvin in "Pensées pensées".

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Pensées pour nous-mêmes:

(LES ETOILES AUSSI
ONT UNE DATE DE PÉREMPTION)

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(Stella faisait rebondir sa mauvaise conscience
sur l'océan de l'oubli)


(Source: vurian, via casuallyweird)

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(Cette tenue "F... corridas" fut interdite
sur les réseaux sociaux car trop violente)


(Source: outofthenest, via daddyfuckedme)

Landes :
 huit manifestants anti-corridas 
blessés dont un grave
Francetv info avec AFP

   (...) "De mémoire de Landais, on n'avait jamais vu quelque chose comme ça par ici", a estimé le chef du groupement de gendarmerie des Landes, le colonel Fabrice Spinetta. Une manifestation d'anti-corridas d'une rare virulence (de la part de qui? des méchants anti, nous supposons, évidemment...) à Rion-des-Landes (Landes) s'est terminée dans la confusion samedi 24 août avec huit manifestants blessés dont un gravement lors de l'évacuation par les forces de l'ordre. Il est tombé d'un camion renfermant des taureaux. Transporté au CHU de Bordeaux (Gironde), il se trouvait samedi soir dans le coma avec un traumatisme crânien.

   A l'appel des association Animaux en péril, du CRAC Europe et la Fondation Brigitte Bardot, une centaine de militants militants, dont une bonne partie venus de Paris en autobus, se sont acquittés d'un ticket d'entrée pour assister à une novillada, une corrida avec mise à mort opposant de jeunes taureaux à de jeunes toreros. Il sont ensuite descendus dans les arènes en formant une chaîne humaine tandis que d'autres allumaient des fumigènes. Les gendarmes sont intervenus pour les déloger. Renvoyés à l'extérieur de l'enceinte, ils se sont ensuite lancés sur le camion qui contenait les jeunes taureaux avant d'être de nouveau repoussés par les forces de l'ordre.
Une enquête ouverte

   "Une ouverture des portes pour libérer quatre taureaux de plus de 500 kg aurait fait prendre des risques énormes à la population", a expliqué le colonel Fabrice Spinetta. Les pompiers ont dénombré huit blessés, dont le blessé grave. "Toutes les blessures sont dues aux membres des forces de l'ordre, il n'y a eu aucun contact avec les aficionados", a assuré à Christophe Marie, porte-parole de la Fondation Brigitte Bardot, qui s'est dit "éberlué par cette violence". Selon lui, le manifestant gravement blessé "a été projeté par les gendarmes". "Nous sommes quasiment certains que ce n'est pas un gendarme qui a projeté cette personne", a déclaré pour sa part le colonel Spinetta. Une enquête judiciaire a été ouverte sous la direction du procureur de Dax. (...)



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(Elle prenait toujours son café bien noir
après une nuit très électrique)



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Benoît Barvin (avec Nadine Estrella aux détournements)

dimanche 25 août 2013

"Ce danseur un peu dingo était australien". Jacques Damboise in "Pensées à contre-pet".

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Pensées pour nous-mêmes:

(LA MONTAGNE N'EST JAMAIS ASSEZ HAUTE
NI LA MER ASSEZ PROFONDE)

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"Devant tant de si belles ruines cyclopéennes...
on se sent petit, si petit...
mais vivant, également...
 super bien vivant!"


Temple Ruins of Baalbek (1882), Gustav Bauernfeind


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"Le s... ! 
Avec tout ce qu'il gagne,
il m'a offert une fausse bague
pour payer mes services..."


Pandora - Thomas Benjamin Kennington
1908
(Source: fleurdulys, via oldpainting)

200 000 euros par mois : 
les bonnes affaires de DSK
François Krug

   (...) La société personnelle de Dominique Strauss-Kahn réaliserait un chiffre d’affaires mensuel équivalent à 200 000 euros. C’est ce que révèlent les comptes que DSK vient de déposer au greffe du tribunal de commerce de Paris, et que Rue89 s’est procurés. Pour ses trois premiers mois d’activité, entre septembre et décembre 2012, sa société de conseil annonce un chiffre d’affaire de 636 000 euros, et un bénéfice de 216 000 euros.

   Comme l’avait raconté Rue89, Dominique Strauss-Kahn a créé sa société de conseil en septembre 2012. Il l’a baptisée Parnasse, en référence peut-être à son nouveau quartier d’adoption, Montparnasse. C’est désormais via cette société qu’il facture ses conseils et ses conférences.

   DSK n’avait pas attendu de créer officiellement sa société pour engager sa reconversion. En décembre 2011, il dissertait déjà sur la crise économique et la croissance chinoise lors d’un colloque à Pékin – sa première apparition publique depuis l’affaire du Sofitel de New York. (...)

   L’affaire suivante, celle du Carlton de Lille, n’a pas fait fuir les clients. L’ancien directeur général du FMI apporterait ainsi son aide à plusieurs pays en voie de développement. Comme le Soudan du Sud, un Etat jeune et fragile, mais très prometteur : en mai dernier, DSK s’y était déplacé en personne pour inaugurer une banque.

   Dominique Strauss-Kahn a aussi séduit en Russie. Fin juillet, on apprenait qu’il siégeait désormais au conseil de surveillance de deux établissements financiers semi-publics, la Banque régionale de développement et le Fonds des investissements directs. En sa qualité, selon leurs sites, de « directeur de la société de conseil Parnasse ». (...)
Suite (édifiante?) sur:
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(Singes observant, en cachette,
la Démocratie toute nue)


The Monkeys, Gabriel Cornelius Ritter von Max


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Luc Desle

samedi 24 août 2013

"Cette pièce fit un four où l'on brûla l'auteur". Benoît Barvin in "Pensées pensées".

°°°
Pensées pour nous-mêmes:

(SI TU VEUX JOUER LES LOUPS
NE BÊLE PAS)

°°°
- Mon Dieu, cachez ce chien
que je ne saurais voir et...
- Non... Pas "chien"... "Sein"!
- Mon Dieu, cachez ce Saint
que je ne saurais voir et...
- Pfff..."

羅生門, Rashōmon (1950)

°°°
"T'es qui toi?
- Ta meuf.
- Qu'est-ce qui me le prouve?
- Ma fiche des RG."


Les RG l’ont rêvé, Facebook l’a fait…
Jean-Marc MANACH

   (...) Le ministère de l’Intérieur a dénombré moins de 1000 fausses cartes d’identité l’an passé. Ce pour quoi, et au motif de lutter contre l’usurpation d’identité, il a décidé de créer une nouvelle carte d’identité biométrique adossée à un fichier de 60 millions de "gens honnêtes".

   Le caractère quelque peu disproportionné de ce projet n’a pas particulièrement choqué le philosophe Raphaël Enthoven et l’écrivain et journaliste Brice Couturier pour qui le problème, c’est l’Internet, cette "idéologie dominante" dont je serais l’incarnation...

   Ce mardi 7 février, Marc Voinchet avait intitulé ses Matins de France Culture "Tous fichés! Y sommes-nous ?", et invité Pierre Piazza, maître de conférence en science politique, et chercheur au CNRS, à venir causer de ce fichier des "gens honnêtes" au sujet duquel j’enquête depuis des mois, tant sur ce blog que sur OWNI, et qui va bientôt être adopté par le Parlement. D’ailleurs, j’étais moi aussi invité à m’exprimer.

   Auteur d’une Histoire de la carte nationale d’identité, d’une magistrale anthologie sur L’identification biométrique que je ne saurais que trop vous inciter de lire, Pierre Piazza est un spécialiste des fichiers policiers et administratifs. Interrogé par Marc Voinchet, il a lui aussi souligné les nombreux problèmes et dangers que posait ce fichier des "gens honnêtes". A contrario, Brice Couturier et Raphaël Enthoven, visiblement peu au fait de ce qu’est l’Internet, de ses usages et de ce qui s’y passe vraiment, ont préféré botter en touche, et relativiser le problème au motif qu’Internet incarnerait le "rêve" des RG... (...)

   (...) Dans sa chronique, Brice Couturier avait d’abord rappelé, comme Piazza et moi l’avions fait, que "la Convention européenne des droits de l’homme a jugé illégale le fait, pour la police, de détenir les identifiants biométriques de personnes innocentes"...

    Quelques minutes plus tard, il m’accusait d’incarner cette "idéologie dominante" qui prônerait la transparence parce que c’est "moderne et qu’il ne faut pas d’interdit", et qui permettrait à des personnes mal-intentionnées "d’utiliser des réseaux WiFi non sécurisés (pour) s’emparer de vos données les plus précieuses comme votre carte bancaire"...

   Raphael Enthoven, lui, a fustigé "la surveillance de chacun par chacun, sur les réseaux sociaux", en mode "Les RG l’ont rêvé, Facebook l’a fait", avant de tenter d’expliquer aux "cuistres" adeptes d’Internet que la "rumeur" était comparable, sinon pire, aux fichiers policiers, et de disserter sur ces types qui se la jouent "Little Brother (et) qui pose son portable à côté de vous et qui vous enregistre et qui met ça en ligne"...

   Je ne me permettrai jamais de faire la leçon, en matière de philosophie, à Raphaël Enthoven. Je ne sais quel est le domaine d’expertise de Brice Couturier, mais ce que je sais, c’est que leurs propos, pour le coup, ne sont pas dignes d’un philosophe, non plus que d’un journaliste : ce genre de propos est du niveau de la brève de comptoir, de ceux qui parlent sans savoir, se bornant à répéter des lieux communs, sans être drôle.

   Pire : ils valident, de façon démagogique, l’aveuglement de ceux qui sont censés nous gouverner. Sans chercher à comprendre, ni vérifier, la pertinence des mesures de surveillance qu’ils cherchent à nous imposer. Un peu à la manière de ceux qui avaient tenté de justifier le fichier Edvige au motif que les internautes "balançaient tout" sur Facebook...

   M’accuser de faire le lit de ceux qui pourraient espionner vos propos et communications est d’autant plus ridicule que, non content d’être à l’origine du scandale Amesys, et d’avoir contribué aux SpyFiles de WikiLeaks, qui visaient précisément à dénoncer les marchands d’armes de surveillance des télécommunications, cela fait 10 ans maintenant que j’explique aux journalistes comment protéger leurs sources, internautes comment sécuriser leurs ordinateurs, et protéger leur vie privée.

   M’accuser d’aider ceux qui pourraient pirater des n° de carte bancaire via des réseaux WiFi non sécurisés est encore plus ridicule : les internautes ne confient leurs n° de CB qu’en mode https, protocole conçu, précisément, pour sécuriser les transactions électroniques et, donc, éviter que quiconque ne vienne "s’emparer de vos données les plus précieuses".

   Comparer Facebook au fichier des RG témoigne, par ailleurs, d’une conception particulièrement biaisée, borgne, et élitiste, de la démocratie : la liberté d’expression n’est pas réservée aux journalistes, non plus qu’à ceux qui ont le privilège de pouvoir s’exprimer dans les médias dit "grand public", et c’est précisément ce que l’Internet révolutionne, comme l’avait très bien expliqué Daniel Kaplan.

   Les fichiers de police et de renseignement ont pour objet de surveiller des "suspects". L’Internet a pour objet, tout comme la démocratie, de permettre à tout un chacun de s’exprimer. Ce qui n’a strictement rien à voir, comme j’avais tenté de l’expliquer dans "Les internautes sont la nouvelle chienlit" :

   "De même que le port d’une mini-jupe ou le fait de bronzer les seins nus ne sont pas des incitations au viol, l’exposition ou l’affirmation de soi sur les réseaux ne saurait justifier l’espionnage ni les atteintes à la vie privée. (ni les blacklistages)"

   Avant, les gens avaient le droit de voter. Aujourd’hui, ils ont aussi la possibilité de s’en expliquer. Et ça change tout. Et apparemment, ça fait peur à certains, aussi.

   Pour le coup, Brice Couturier et Raphaël Enthoven ont aussi et surtout démontré qu’ils ne connaissent rien de ce dont ils ont été amené à discuter. J’y suis habitué, et je l’ai déjà écrit : le problème de l’Internet, c’est ceux qui n’y sont pas, mais qui n’en cherchent pas moins à vouloir régenter ce que l’on y fait, ou pas.

   Interrogé par Marc Voinchet qui voulait savoir pourquoi, à mes yeux, le débat ne prenait pas, j’ai répondu que c’était probablement parce que les gens ne savent pas que plus de la moitié des Français apparaissent dans les fichiers de police et que le STIC, a lui tout seul, fiche 44,5 millions d’individus, que les gens ne savent pas que 75% des gens dont l’ADN a été fiché ont certes été un jour suspectés, mais jamais condamnés, certains ayant même été blanchis depuis, qu’ils ne savent pas que 45% des fichiers de police utilisés sont hors la loi, ni qu’ils sont truffés d’erreurs, ni qu’un million de personnes, blanchies par la Justice, y figurent toujours comme "suspects" (les fameux "défavorablement connus des services de police")...

   Ou alors ils s’en foutent. Mais ils auraient tort : le vrai danger, dans cette société de surveillance, ce n’est pas Orwell, c’est Kafka, c’est ce renversement de la charge de la preuve qui fait de tout citoyen un présumé suspect, au mépris de la présomption d’innocence, et à qui l’on demande de prouver qu’il est innocent... ou comment, et pourquoi, ficher les "gens honnêtes" pour les protéger des malhonnêtes. On marche sur la tête. (...)
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"Pas la langue! Pas la langue!"



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Luc Desle