Bonjour à vous qui, dans le maelström du net, êtes arrivés, par hasard? lassitude? erreur? sur ce blog. Vous êtes les bienvenus. Vous y lirez des extraits d'articles, de pensées, d'interviews, piochés ça et là, et illustrés de photos et dessins détournés, via un humour de bon aloi. Vous pouvez évidemment réagir avec le même humour, la même ironie que nous mettons, chaque jour, à tenter de respirer un peu plus librement dans une société qui se corsète chaque fois un peu plus.

mardi 6 août 2013

"Il but tout son soûl pour l'être et il le fut". Jacques Damboise in "Pensées émollientes".

°°°
Pensées pour nous-mêmes:

(L'OISEAU DANS SON NID
NE VOIT PAS LA CAGE)

°°°
"Grrr... Maîtresse... Je me ferais bien
un bon guerrier bien musclé...
- Moi aussi, Panthera"



Frazetta
http://olderoticart.tumblr.com/image/55860605662

°°°
"Ton cerveau entièrement soumis 
à la gourmandise sera...
- Merci.. chomp, chomp...
 Maître Yoda"



La Fabrique du Consentement : 
Plaidoyer pour une décroissance de l’éphémère
Chems Eddine CHITOUR
Deshazkundea - Flickr

   « Pour qu’un message publicitaire soit perçu, il faut que le cerveau du téléspectateur soit disponible. Nos émissions ont pour vocation de le rendre disponible : c’est-à-dire de le divertir, de le détendre pour le préparer entre deux messages. Ce que nous vendons à Coca-Cola, c’est du temps de cerveau humain disponible. » - Patrick Le Lay, Directeur de TF1

   Il est devenu d’usage d’admettre dans la plus pure tradition de la fatalité, que la civilisation est ce qu’elle est et qu’il faut s’adapter ou périr. Il en va ainsi de tous les ismes qui ont malmené la condition humaine à travers le siècle, notamment précédent et l’espace. En son temps, Jean-François Léotard avait fait l’inventaire de tous les récits de légitimité (communisme, stalinisme, nazisme... libéralisme) et comme épouvantail islamisme imposés par les puissants aux peuples. Parmi tous ces «ismes » le capitalisme triomphant après la chute du communisme pensait pouvoir formater la planète pour mille ans. Souvenons-nous de « La fin de l’histoire » de Francis Fukuyama pour qui le modèle américain de néolibéralisme devait amener la prospérité et la démocratie « aéroporté e » et les lumières droits de l’homme au reste du monde au besoin éclairée par le napalm... On le sait, le Programme américain pour un nouveau siècle (Pnac) théorisé par les néoconservateurs avait justement, pour objectif de réaffirmer le leadership définitif de l’hyperpuissance américaine d’un Satan de rechange. 

   Ce sera l’Islam(isme) et à bien des égards, l’attaque des tours jumelles, symbole du capitalisme triomphant, fut du pain bénit. Rien ne s’opposera ni à l’intérieur ni à l’extérieur à la tentation d’Empire et à la nouvelle religion le money-theïsme. Le capitalisme le néolibéralisme, la mondialisation ont besoin de mécanismes pour formater durablement le monde. Des institutions seront mises en place pour gouverner le monde, à la place des anciennes. D’abord, ce seront les deux grandes banques, celle qui « ajuste, structurellement les économies vulnérables le FMI, et la Banque mondiale ». C’est ensuite le commerce confié à l’OMC. Il faut aussi mettre au pas les récalcitrants, soit par le soft power de la Cour pénale internationales pour juger les faibles, ou la force brutale avec l’Otan et enfin la surveillance le formatage des esprits, qui est confié à Internet, et à l’addiction volontaire aux nouveaux médias. Nous allons justement traiter dans ce qui suit de la fabrique du consentement par les médias et la publicité sur tous les supports au premier rang desquels la télévision joue un rôle capital dans la « panurgisation » du monde. (...)

   (...) Dans les pays dits développés, le marché, dans l’euphorie des « trente glorieuses » en Europe a permis le développement spectaculaire de la consommation débridée sous toutes ses formes. A titre d’exemple, l’installation des grandes surfaces qui a laminé définitivement les petits commerces s’est imposée au début des années 1960 et en mutant chaque fois pour serrer au plus près le consommateur. On apprend qu’en France : « Le premier hyper est né le 15 juin 1963 en région parisienne sous la bannière Carrefour.. Dans les années 1970, les nouvelles technologies changent les modalités d’achat. L’apparition du code-barre, puis la naissance de la carte à puces et des cartes bancaires modifient. En 1976, Carrefour lance les « produits libres ». En 2012, Carrefour teste un magasin virtuel à Lyon et à Paris. Il permet au consommateur de commander ses produits via son smartphone depuis un lieu de passage, une gare par exemple, et de se faire livrer à son domicile ou au point « drive » de son choix. » (1) (...) 

   (...) Dans cette lutte féroce pour vendre à tout prix, les firmes multinationales ne manquent pas d’imagination. Elles faisaient appel aux techniques antédiluviennes de la réclame puis de la publicité classique. Elles s’attaquent maintenant au cerveau et créent un besoin. Pierre Barthélemy rapporte l’expérience singulière - pour nous, mais rentrée dans les moeurs ailleurs - de mainmise sur le cerveau. Expérience qui montre que rien n’est définitivement acquis et qu’on peut être trompé tout le temps. Nous le suivons : « Comment les grandes marques influent sur nos cerveaux. Tellement brutale mais tellement vraie, la sortie de Patrick Le Lay, alors P-DG de TF1, avait fait grand bruit : il n’imaginait sûrement pas, c’est à quel point ce rapprochement entre cerveau et grandes enseignes commerciales était pertinent et profond. 

   Une étude remontant au début des années 1980 a ainsi montré que des femmes souffrant de maux de tête se sentaient plus soulagées en prenant le cachet d’aspirine d’un groupe pharmaceutique très connu plutôt que celui d’une société moins célèbre, ce alors que la formulation et la présentation du médicament étaient exactement les mêmes. » (2)

   Pierre Barthélémy cite une étude singulière : « Dans un article publié il y a quelques semaines par PLoS ONE, deux psychologues allemands se sont demandé si cet effet « grande marque » pouvait être transposé dans l’univers de l’alimentation et influencer une dégustation. Pour le déterminer, ils ont mis au point l’expérience suivante : des volontaires, allongés dans un appareil à IRM (imagerie par résonance magnétique) allaient goûter quatre sodas gazeux et les noter pendant qu’on observerait les zones de leur cerveau excitées par cette dégustation. (...) Les deux premières se passent de présentation. River Cola est la marque générique d’une chaîne de supermarchés allemands tandis que le T-Cola avait été présenté aux participants comme une boisson tout juste mise au point et pas encore sur le marché. » (2)

   En fait, T-Cola n’était qu’une invention : l’idée consistait à proposer une boisson totalement inconnue, d’une marque non identifiable. Les quatre échantillons servis étaient en réalité rigoureusement identiques, un cocktail de Coca, de Pepsi et de River Cola. Un tiers de chaque. Pour rendre le scénario encore plus crédible, les expérimentateurs montraient avant le test quatre récipients dont le contenu était soigneusement étiqueté. Les quinze participants ont tous eu l’impression qu’il s’agissait de quatre sodas différents (avant qu’on leur dévoile le pot aux roses). 

   Les échantillons estampillés Coca et Pepsi, les deux grandes marques, ont obtenu des notes significativement meilleures à celles des deux autres, un résultat pas très surprenant. Le plus intrigant n’est, en effet, pas là. Il réside dans ce qui est apparu à l’IRM. La dégustation de ce qui était présenté comme des marques peu ou pas connues a donné lieu à plus d’activité dans le cortex orbitofrontal, montrant que le sujet cherchait davantage à assigner une valeur au produit qu’il était en train de goûter, à décider s’il le trouvait bon ou pas, ce qui était moins le cas avec les pseudo-Coca et Pepsi. Comme si, dans le cas du River Cola et du T-Cola, la marque n’était pas un indicateur suffisant pour déterminer si la boisson plaisait ou ne plaisait pas. Pour les boissons connues, cette zone se révélait moins active, sans doute parce que, pour les avoir déjà goûtées auparavant ou en avoir vu les sujets savaient déjà plus ou moins à quoi s’en tenir. (...) 

   Croyez-le ou pas, mais elles suivent de près la science du cerveau, au point qu’elles utilisent, elles aussi, l’IRM ou l’électroencéphalogramme pour... tester les réactions de consommateurs à de nouveaux produits ou comprendre comment ils prennent une décision d’achat. Cela s’appelle le neuromarketing. » (2) (...)

1. Du chariot à la caisse automatique, un demi-siècle d’hypermarchés Le Monde 14.06.2013

Lire la suite sur:


°°°

"Sylvia, tu m'avais dit qu'on ne resterait qu'une demi-heure..."


°°°
Luc Desle (et Jacques Damboise)

Aucun commentaire: