Bonjour à vous qui, dans le maelström du net, êtes arrivés, par hasard? lassitude? erreur? sur ce blog. Vous êtes les bienvenus. Vous y lirez des extraits d'articles, de pensées, d'interviews, piochés ça et là, et illustrés de photos et dessins détournés, via un humour de bon aloi. Vous pouvez évidemment réagir avec le même humour, la même ironie que nous mettons, chaque jour, à tenter de respirer un peu plus librement dans une société qui se corsète chaque fois un peu plus.

lundi 5 mai 2014

"Il filait un mauvais coton, made in China". Jacques Damboise in "Pensées inconvénientes".

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Pensées pour nous-mêmes:

(L'INFINI DE L’OCÉAN
EST DANS TON ÂME)

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(Le bourre-idées, invention moderne
pour rendre les femmes intelligentes
fit un four)



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(Agriculteur moldave fuyant à toute
allure l'influence russe)



La Moldavie, Etat schizophrène

VITALIE CIOBANU
REVISTA 22

   (...) “Le fouet royal est plus rude que le bâton de l’ancien tsar !” C’est la phrase que j’ai retenue d’un film de mon enfance, si marquée par la propagande soviétique. La réplique sortait de la bouche d’un officier roumain, lancée de manière méprisante à un prisonnier bolchevique d’un village de Bugeac [région située jadis entre la Moldavie et la mer Noire, elle est aujourd’hui partie intégrante de l’Ukraine] où, en 1924, les Soviétiques avaient orchestré un “soulèvement spontané” des paysans contre l’odieux régime “bourgeois latifundiaire” roumain. Le film avait été tourné en russe, puis traduit en “moldave”, pour que la population de la Moldavie soviétique interprète l’histoire comme il convenait.

   Si j’évoque ce simulacre cinématographique, peuplé d’acteurs russes et moldaves, c’est parce que j’éprouve une sensation de déjà-vu. Moscou applique dans les régions de l’est de l’Ukraine, comme elle l’a fait en Crimée, les méthodes déjà employées dans l’entre-deux-guerres pour tenter de déstabiliser la Roumanie, organisant toutes sortes d’émeutes par le biais d’agents déguisés qui ont pour mission de soulever la population locale contre les autorités légitimes, pour invoquer par la suite le prétexte de l’envoi de troupes “libératrices”. (...)

   (...) Heureusement, il n’y a pas que de mauvaises nouvelles. A partir du 28 avril 2014, les Moldaves détenteurs de passeports biométriques pourront voyager sans visa dans les pays de l’Union européenne. L’actuel gouvernement proeuropéen de Chisinau se présentera aux élections parlementaires de novembre en ayant ainsi respecté une grande promesse. En juin, ce palmarès sera complété par la signature de l’accord d’association et de celui de libre-échange.

   Avec le temps, les bénéfices de ce spectaculaire changement de statut international seront perceptibles, mais les Moldaves ne sont pas habitués à considérer l’histoire à long terme, ils sont toujours esclaves de la conjoncture. Si la coalition proeuropéenne n’avait pas pu se rétablir en 2013 aux commandes du pays par l’investiture du gouvernement de Iurie Leanca, on serait aujourd’hui dans une situation… inénarrable. Les élections anticipées auraient porté au pouvoir le Parti communiste, la Moldavie n’aurait rien signé au sommet du Partenariat oriental de Vilnius [en novembre 2013], et la Russie aurait disposé à Chisinau d’un allié précieux qui l’aurait aidée à légitimer sa politique en Ukraine. (...)

   (...) Le danger, cependant, reste bien réel. Le gouvernement n’a réussi ni à augmenter les salaires et les retraites, ni à élever le niveau de vie. Serons-nous capables d’éviter une escalade des tensions en Transdniestrie, où tant de russophones tournent des regards impatients vers Moscou ? Les Gagaouzes [turcophones moldaves, chrétiens] se seront-ils “calmés” à temps ? Incommodés par l’agression russe en Ukraine mais aussi par les succès en politique étrangère de l’actuel pouvoir, les communistes de Voronin sont en déroute : ils plaident pour une adhésion de la Moldavie à l’Union douanière russe préservant toutefois les “normes européennes” en matière d’Etat de droit.

   Le problème n’est pas tant la “confusion doctrinale” du Parti communiste que la schizophrénie que traduit le choix offert à l’électorat de base, soumis à un martèlement médiatique par les chaînes de télévision russes et toujours privé des programmes de la télévision roumaine, relégués sur d’obscurs réseaux câblés auxquels seul le public de Chisinau peut avoir accès.

   De toute manière, quoi qu’il advienne, j’espère ne plus jamais revoir ces vieux films où les Soviets sont présentés comme les prophètes d’un monde meilleur, pellicules qui moisissent quelque part dans les archives de la télévision publique de Chisinau dans l’attente d’une improbable restauration. Il importe de ne pas restaurer le passé.


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(Cette nouvelle drogue faisait effet rapidement)


Marian van Tyl and Group - Out of One Happening (by Haggerty Museum)

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Benoît Barvin

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