Bonjour à vous qui, dans le maelström du net, êtes arrivés, par hasard? lassitude? erreur? sur ce blog. Vous êtes les bienvenus. Vous y lirez des extraits d'articles, de pensées, d'interviews, piochés ça et là, et illustrés de photos et dessins détournés, via un humour de bon aloi. Vous pouvez évidemment réagir avec le même humour, la même ironie que nous mettons, chaque jour, à tenter de respirer un peu plus librement dans une société qui se corsète chaque fois un peu plus.

lundi 30 juin 2014

"L'Homme qui, noblement, baisait la main des femmes avait une maladie labialement transmissible". Jacques Damboise in "Pensées à contre-pet".

¤¤¤
Pensées pour nous-mêmes:

(SOIS L'AMI
DE TON PLUS FIDÈLE ENNEMI)

¤¤¤

(Le bras et la main qui voyageaient 
de concert attiraient toujours, 
bien malgré eux, l'attention)



¤¤¤

Michel Kichka


Inde: 
Deux jeunes filles retrouvées pendues 
après leur viol collectif

   (...) MONDE - Des proches des deux jeunes filles de 14 et 15 ans avaient porté plainte pour viol en réunion... Deux jeunes adolescentes ont été retrouvées pendues à un arbre dans un village du nord de l'Inde après avoir été violées en réunion par cinq hommes, a indiqué ce jeudi la police.

   Un examen post-mortem suggère que les deux jeunes filles, des intouchables («dalits») de 14 et 15 ans, se seraient pendues mardi soir après avoir été agressées dans un village du district de Budaun, dans l'Etat de l'Uttar Pradesh, selon la police.

   «Le rapport penche pour une pendaison avant la mort, ce qui signifierait que les jeunes filles se sont suicidées. Mais nous allons étudier tous les aspects de l'affaire avant d'en tirer une conclusion», a expliqué Atul Saxena, chef de la police de Budaun. (...)

   (...) Le suspect principal, un homme nommé Pappu, a été arrêté après le dépôt d'une plainte par des proches des deux victimes contre cinq hommes pour viol en réunion, meurtre et agression sexuelle de mineurs, a-t-il ajouté. «Une équipe de 50 policiers est à la recherche des accusés en fuite», a-t-il encore dit. Les familles des victimes et des habitants de villages ont protesté contre l'apathie de la police depuis la découverte des corps mercredi matin. (...)

   (...) Ces violences mettent à nouveau en lumière la difficulté de prévenir les violences sexuelles en Inde en dépit d'un durcissement de la loi et d'efforts pour changer les comportements envers les femmes depuis le viol en réunion et la mort d'une étudiante à Delhi fin 2012 qui avait choqué l'Inde.

   En début d'année, une jeune fille a été violée en réunion dans un village reculé du Bengale occidental (est) sur ordre d'un conseil d'anciens qui s'opposait à sa liaison avec un musulman.


¤¤¤

(Dieu tentait de faire enfin les Hommes à son image)



¤¤¤
Benoît Barvin

dimanche 29 juin 2014

"Ce dépité à la culture donna très vite sa démission". Jacques Damboise in "Dépité ou pas".

°°°
Pensées pour nous-mêmes:

(NE TE MOQUE PAS
DU ROI DES FOUS)

°°°
   JACQUES LAVERGNE 

   Né en 1921, il est décédé en 2008, il était dessinateur de presse. Il avait commencé sa carrière comme caricaturiste dans les années d'après guerre. Ses maîtres étaient Dubout et Parizet.

   Ses premiers dessins avaient comme signature, 2 oiseaux, puis 3 oiseaux etc, suivant le nombre d'enfants qu'il ajoutait à son foyer. Son humour classique est toujours de bon goût, évoquant une France gaullienne où il fait bon vivre. Les "gags" sont en droite ligne avec ceux du siècle précédent.  

LES ALBUMS DE JACQUES LAVERGNE : Editions ROUFF.

Bourreaux de Parents, édité en 1956
Ma tribu, les autres et moi, édité en 1957
La concierge est dans l'escalier, , édité en 1958
Quelle vie qu'on vit. Pretty Communications 1989
L' hopital en délire
Johnny, Tutur et moi , édité en 1965


°°°


°°°


°°°



°°°



°°°
Blanche Baptiste

samedi 28 juin 2014

"Quand ce trader fou devint raisonnable, on l'arrêta". Benoît Barvin in "Pensées pensées".

+++
Pensées pour nous-mêmes:

(LE DISCIPLE DU MAÎTRE
NE PORTE PAS DE COLLIER)

+++

(Le lapin d'Alice était dans cette boîte,
incognito)



+++

(Escadrons de la mort états-z'uniens

se préparant à partir en Afrique)



Afrique :
les États-Unis forment
des escadrons de la mort 

(Black Agenda Report)
Glen FORD

   (...) Militairement, l’Afrique est en train de devenir un continent étasunien. Barack Obama, qui a été le président de tous sauf la première année d’existence de l’AFRICOM, a réussi à intégrer des unités de combat étasuniennes, des bases, à renforcer certains régimes, à équiper et financer les structures militaires de tous les pays africains hormis pour une poignée de pays résistants.

   Le grand rêve panafricaniste et ancien du président ghanéen Kwame Nkrumah d’une Afrique unie militairement n’a pas été réalisé – face aux appétits des Etatsuniens et des Européens. Sous couvert d’une intervention « humanitaire », Obama a considérablement élargi les projets d’expansion de Bill Clinton et de George Bush en Afrique, de sorte que seulement quelques taches sur la carte de l’Afrique restent en dehors de la sphère des opérations de Washington. L’Érythrée et le Zimbabwe sont les exceptions notables – et, par conséquent, les cibles futures.

   L’Afrique est un territoire occupé. L’Union africaine ne prétend même pas être responsable de ses propres missions de maintien de la paix, qui sont devenues en fait des occasions pour les forces armées africaines de se faire payer pour faire le travail de l’Occident. La Chine et le Brésil peuvent recueillir la part substantielle du commerce avec l’Afrique, mais les hommes disposant des armes à feu sont fidèles à l’AFRICOM – le papa gâteau pour la classe militaire africaine. Les troupes étatsuniennes dorment maintenant dans les casernes africaines. Elles sont les frères d’armes des officiers africains et peuvent déterminer les futurs présidents africains.

   Le rythme de la pénétration étatsunienne de l’Afrique de l’Ouest s’est accéléré de façon spectaculaire depuis 2011, quand Obama (Sarkozy et Cameron, ndt) a liquidé le gouvernement libyen de Mouammar Kadhafi, installant un flux de jihadistes et d’armes vers la Syrie et vers le Sud pour déstabiliser les nations du Sahel. Un chaos s’en est suivi – un beau chaos diriez-vous si vous étiez un planificateur militaire des États-Unis à la recherche d’une justification pour des missions de plus en plus importantes. L’agression de l’OTAN contre la Libye a engendré le chaos dans la sous-région subsaharienne qui a justifié l’occupation française et étatsunienne du Mali et du Niger. 

   Les djihadistes d’Afrique du Nord hyperactifs, renforcés par les bombes étatsuniennes (cf. ce qui s’est passé en Libye, ndt), des armes et de l’argent, forment et équipent leurs frères du continent, y compris les éléments de Boko Haram au Nigeria. Les guerriers islamiques de langue yoruba ont légué à l’AFRICOM un cadeau inestimable : près de 300 écolières nécessitant d’être délivrées, prétexte parfait pour une intervention « humanitaire ».(...)


   Les chefs d’Etat du Nigeria, du Tchad, du Niger, du Bénin et du Cameroun ont été convoqués à Paris (prétendant que c’était leur idée) où ils ont déclaré la “guerre totale ” à Boko Haram (...)

   (...) ” Bien sûr, les cinq Etats africains n’ont ni l’argent, ni la formation, ni l’équipement, ni la capacité de collecte de renseignements pour un tel plan. Ce sera un plan euro-étatsunien pour la défense et la sécurité de l’Afrique de l’Ouest – contre d’autres Africains. Immédiatement, les États-Unis ont envoyé 80 soldats au Tchad (pays qui sur le plan militaire a longtemps été un état mercenaire au service de la France) pour ouvrir une nouvelle base de drones, afin de renforcer le parc de drones étatsuniens existants déjà au Niger, au Burkina Faso, en Ethiopie, en Somalie, aux Seychelles, à Djibouti (où il existe une énorme base française et étatsunienne), et les sites de la CIA qui ne doivent pas être divulgués.

   Le nouveau groupe de sécurité en Afrique de l’Ouest est devenue une réplique de l’OTAN, une annexe visant à être façonnée par les planificateurs militaires impérialistes pour affronter les ennemis choisis par Washington et ParisQuel formidable élan humanitaro-militaire ! Les filles sont absentes depuis un mois, et pourraient ne pas être secourues vivantes, mais cinq pays africains voisins – l’un d’eux étant la plus grande économie du continent – ont déjà été embrigadés dans une alliance militaire dominée par l’OTAN avec d’autres Etats africains subordonnés.

   Il est vite apparu que l’AFRICOM avait déjà une relation spéciale avec l’armée nigériane qui n’a été annoncée qu’après l’enlèvement des écolières. AFRICOM va former un bataillon de Rangers du Nigeria dans la contre-insurrection guerrière, ce sera la première fois que ce commandement étatsunien fournira une formation « intégrale » aux Africains à une telle échelle.

   Avec le public étatsunien embrigadé dans l’esprit interventionniste de l’opération “Save our girls”, les opérations secrètes sont soudainement devenues publiques. Le New York Times révèle que les Etats-Unis ont organisé un programme secret pour former des bataillons de lutte contre le terrorisme pour le Niger et la Mauritanie. Les forces spéciales des Bérets verts et les tueurs de la Delta Force instruisent des commandos triés sur le volet dans la contre-insurrection au Mali. Une source du Times, laisse clairement entendre que les opérations secrètes sont conçues pour recouvrir la région d’escadrons de la mort formés par les Etats-Unis. 

   Michael Sheehan était jusqu’à l’année dernière responsable des opérations spéciales au Pentagone – Death Squads Central (Centrale des escadrons de la mort) – où il a poussé à plus de formateurs pour des Opérations Spéciales pour les armées africaines. Sheehan détient désormais la “présidence prestigieuse” de la West Point’s Combating Terrorism Center (du Centre de West Point de Lutte contre le Terrorisme). Dans les années 1980, il était le commandant des forces spéciales de l’Amérique latine – ce qui signifiait en langage à peine codé : escadrons de la mort. (...)

   (...) Les Forces spéciales de l’armée des États-Unis ont toujours été des tueurs politiques, fonctionnant le plus souvent avec la CIA. Le Phoenix Program, au Vietnam, qui a tué entre 26 000 et 41 000 personnes et torturé beaucoup d’autres, était un crime de guerre de la CIA allié aux forces spéciales. De 1975 jusque dans les années 80, la CIA et ses forces spéciales ont apporté un soutien technique et des armes à des tueurs pour l’Opération Condor, les escadrons de la mort dirigés par un consortium de juntes militaires en Argentine, au Chili, en Uruguay, au Paraguay, en Bolivie et au Brésil, probablement responsable de 60 000 meurtres. Sheehan a probablement été impliqué dans l’Operation Condor et sa composante d’Amérique centrale, l’Opération Charly, et depuis a perfectionné l’art des assassinats politiques. S’il est chanceux et se sent justifié par les événements en Afrique, alors les escadrons de la mort formés par les Etats-Unis sont sur le point de proliférer dans cette partie du monde.

   Il n’y a pas de doute qu’Obama apprécie les Opérations Spéciales, car ces opérations de petites unités de meurtriers dirigés par des tueurs professionnels intervenant de nuit ne s’apparentent par à une guerre – et peuvent, si nécessaire, être imputées à d’autres “terroristes”. Cependant, l’histoire – l’histoire récente – prouve que les États-Unis peuvent parvenir à leurs fins avec des carnages de grande ampleur (et sans limites) en Afrique. En 2006, l’invasion de l’Ethiopie par la Somalie, soutenue par les forces étatsuniennes au sol, dans les airs et par la mer, a donné lieu à l’époque à “la pire crise humanitaire en Afrique”, “pire que le Darfour”, selon les observateurs de l’ONU, avec des centaines de milliers de morts. Les États-Unis ont alors refusé l’aide alimentaire pour affamer les combattants somaliens Shabaab, conduisant à une perte encore plus catastrophique de vies humaines. Mais, la plupart des Etatsuniens ne sont pas conscients de ces crimes contre l’humanité à l’encontre des Africains (“crimes again Black Humanity”).

   Les alliés éthiopiens des Etats-Unis ont commis un génocide contre l’ethnie Somali dans la région de l’Ogaden en toute impunité et ont interdit aux médias internationaux l’accès de la région. Les Présidents Clinton, Bush et Obama – chacun d’entre eux aidés par Susan Rice – ont collectivement tué six millions de Congolais depuis 1996. Le plus grand génocide depuis la Seconde Guerre mondiale a été le résultat prémédité du chaos délibérément imposé par les Etats-Unis au Congo (RDC, ndt) riche en minéraux et par ses sbires du Rwanda et de l’Ouganda voisin. Paul Kagame, l’actuel leader du Rwanda, a abattu un avion avec deux présidents à bord en 1994, déclenchant les massacres qui ont amené Kagame au pouvoir et envoyé par la suite le Congo voisin sur la route de l’enfer. Les Etats-Unis célèbrent Kagame comme un héros, bien que le dictateur tribal Tutsi envoie des escadrons de la mort partout dans le monde pour étouffer ceux qui s’opposent à lui. (...)

   (...) Le Président ougandais Yoweri Museveni, un ami des États-Unis depuis l’époque de Ronald Reagan, a commis des actes de génocide contre ses rivaux de la tribu Acholi, les jetant dans des camps de concentration. Joseph Kony a été l’un de ces Acholi, qui apparemment est devenu fou. Depuis des années, Kony n’est plus une menace pour l’Ouganda ou pour tout autre pays de la région, mais le président Obama a utilisé une prétendue observation d’une hypothétique présence de bribes de son Armée de Résistance du Seigneur en RDC pour envoyer 100 Bérets verts en République démocratique du Congo, en Ouganda, au Rwanda, en République centrafricaine et au Soudan du Sud. Le mois dernier, Obama a envoyé 150 soldats et plus de quatre avions pour l’Afrique centrale, affirmant à nouveau que Kony se cachait quelque part.

   En fait, les troupes étatsuniennes ont été déployées près du sud Soudan, que les États-Unis, la Grande-Bretagne et Israël ont déstabilisé depuis des décennies dans le but de diviser la nation du Soudan. Le Soudan du Sud est devenu indépendant, mais il est resté instable et est loin d’être une nation, il s’agit plutôt d’un endroit riche en pétrole convoité par les États-Unis. Des dizaines de milliers d’autres personnes sont certains de mourir en combattant dans le Soudan du Sud, mais peu d’Etatsuniens blâmeront leur propre pays.

   Comme le montre le carnage au Congo, des populations entières peuvent être rayées de la carte en Afrique sans que la plupart des gens en Occident s’en aperçoivent. Les escadrons de la mort entraînés par les Etats-Unis au Nigeria, au Niger, en Mauritanie et au Mali, et ceux qui traqueront bientôt les victimes au Cameroun et au Bénin, ne se limiteront pas à la chasse à Boko Haram. Les escadrons de la mort sont, par définition, déstabilisant ; ils empoisonnent l’environnement politique et social au-delà de toute limite, comme l’Amérique centrale des années 80 peut en témoigner.

   Pourtant, c’est la méthode de conquête préférée de l’impérialisme étatsunien dans le monde non-blanc. C’est ce que les Etatsuniens font réellement, quand les gens demandent à ce qu’ils “fassent quelque chose”.


Traduction : Le blog de SLT

+++
Benoît Barvin

vendredi 27 juin 2014

"C'est avec classe qu'il devint instituteur". Benoît Barvin in "Pensées pensées".

¤¤¤
Pensées pour nous-mêmes:

(LES CAILLOUX LAVÉS PAR
LA RIVIÈRE RESTENT DES CAILLOUX)

¤¤¤

(Avec inquiétude, cette femme voilée
se demandait ce qu'allait penser son mari
de sa nouvelle tenue)


sirobtepa rebloguémorakimou 

¤¤¤

(Le Police Montée et son retour vers les valeurs
traditionnelles était surprenante)




CANADA
Le Québec essaie de débrancher

EMILIE FOLIE-BOIVIN

   (...) Un animateur que tout le monde ici surnommait Fanal nous a demandé de fabriquer un radeau de fortune. Les neuf coéquipiers ont échangé un de ces regards remplis de points d'interrogation devant l'amas de rondins. "Bon, alors... On a une ex-jeannette dans le groupe ? Une ingénieure ?", a demandé Raphaël. Nous avions 30 minutes pour réussir à le faire flotter et le démonter, tout ça sans plan ni Google.

    Si ce n'était de notre orgueil qui souhaitait à tout prix gagner ses Olympiades, la moitié de l'équipe serait allée boire de la Black Label en canette [marque de bière canadienne] au bout du quai. À la place, nous errions autour du squelette du bateau pendant que trois filles essayaient de se rappeler si Télé-Pirate ou Les débrouillards nous avaient un jour enseigné ça.

    Cette épreuve (qui comptait pour 20 points, c'est pas rien) incarnait ce pour quoi 70 adultes avaient choisi de passer la fin de semaine à chanter des chansons à répondre et à se priver de leurs gadgets technos pendant 48 heures. Nous voulions sortir de notre zone de confort. Reconnecter avec notre enfant intérieur et réapprendre à trouver des solutions en travaillant en équipe plutôt qu'en sollicitant l'intelligence virtuelle. (...)

   (...) Quand j'ai vu la proposition de la base de plein air Le P'tit Bonheur, dans la région de Sainte-Agathe-des-Monts, j'étais sceptique et j'anticipais le malaise. La partie du sevrage techno, ça allait. J'appréhendais surtout de me retrouver obligée à choisir un nom de camp comme "Luzerne", "Zipper" ou "Paprika", à faire des chasses au trésor et à devoir chanter "Dans mon pays d'Espagne".

   Mon enfant intérieur n'est pas mort, il trouve seulement que, tout comme les McCroquettes [Nuggets au poulet] et les popsicles [glaces] aux bananes, certains souvenirs gagnent à justement rester des souvenirs. J'avais tout faux. L'équipe du Centre Père Sablon avait gardé l'essentiel de Camp Grounded, une colonie de vacances pour adultes lancée l'année dernière à l'initiative de Digital Detox, aux États-Unis. Et elle avait même fait mieux.

   Alors qu'en Californie, Camp Grounded interdit les cellulaires, les montres, l'alcool, les dortoirs mixtes, qu'il organise des ateliers de méditation et alimente ses participants de repas végés [végétariens], sans gluten - et sans fun -, le retour aux souches du P'tit Bonheur, lui, propose d'inutiles mais ô combien palpitants tournois d'empilage de verres de plastique et ne nous prive d'aucun plaisir (sauf se géolocaliser, s'égoportraitiser [prendre un selfie], se snapchater et nager au bout du quai sans veste de sauvetage).

   Le tout avec la participation d'une équipe d'animateurs de qualité AAA, impayables et spontanés, qui m'ont rappelé que des bons moniteurs, c'est aussi inspirant pour des préados que pour des adultes. Les nôtres nous ont gavés de saucisses cocktail et de guimauves, et l'imposante équipe du camp en a rajouté avec un bar à bonbons en collation du soir et un choix de quatre menus pour le souper. Pas de concession, on avait le droit de tout prendre. On ne nous traitait justement pas comme des enfants, mais comme des gens qui ont besoin de lâcher leur fou et de sortir de la routine carrée de leur vie d'adulte. (...)

   (...) On venait d'ailleurs de s'asseoir à la table de pique-nique et de se verser un verre de rouge quand Éric - le genre de coéquipier qu'on s'arrache lors d'un match de Docte-Rat [jeu de société] - a eu une révélation. "En temps normal, quelqu'un aurait sorti son téléphone pour prendre en photo ce qu'on mange et le partager avec ses amis sur Instagram. Vous savez, le genre d'amis qui sont toujours là pour "liker" une photo mais qui ne viennent jamais t'aider à peinturer ton appart? Alors qu'on se connaît depuis, quoi, même pas 12 heures, on est tous attentifs aux conversations des autres. On est "toute là". Avouez que c'est spécial."

   On s'est tous arrêtés net. En effet, ici, on ne s'imaginait pas qu'il y avait quelque chose de mieux qui se passait ailleurs, car il n'y avait rien de mieux à faire que de faire ce qu'on était justement en train de faire. Offrir des pots-de-vin en Muskol [marque de répulsif anti-moustiques] aux animateurs pour gagner un point de plus à la chasse au chevreuil. Tisonner les braises. Regarder une mascotte de loup et une mascotte de tortue nous inviter à danser sur du MC Hammer. (Prenez des notes, les DJ : jamais je n'ai vu un party lever [une fête démarrer] aussi rapidement. En 12 secondes, le plancher était en feu et en sueur.)

   Le fameux FOMO (symptôme du web appelé Fear of Missing Out, ou la "peur de rater quelque chose") ne s'est fait ressentir qu'une seule fois, pendant l'hébertisme [parcours athlétique], quand je me suis mise à me demander si les gars qui avaient opté pour le disc-golf [discipline qui mélange le Golf et le Frisbee] en forêt avaient plus de fun que nous. Ils avaient sûrement moins d'échardes. Sinon, c'est tout.

   Le monde réel ne rivalisait pas avec le monde virtuel, l'un n'était pas plus authentique ni meilleur que l'autre. Si on est capable de tweeter dans le fin fond du pôle Sud et bientôt dans les havres de tranquillité que sont les parcs nationaux, la vie dans ce Moonrise Kingdom [allusion au film du réalisateur américain Wes Anderson] n'avait qu'une seule dimension. Et c'était suffisant à gérer. (...) 

   (...) Évidemment, c'est toujours en son absence qu'on réalise combien un gadget a réussi à se tailler une place aussi importante dans notre vie. Les réflexes du quotidien nous l'ont vite fait comprendre. Tu t'en rends compte en te réveillant le matin. En réalisant que tu n'as pas ton application "lampe de poche" quand tu veux te rendre aux toilettes sans réveiller tout le dortoir.

   Au feu de camp, quand personne ne se rappelle les paroles de Toune d'automne des Cowboys fringants [groupe de rock québécois] et qu'on se replie par dépit sur Noir Silence [autre célèbre groupe de rock du Québec]. Pourtant, ce n'est pas ce que la gang [le groupe], composée surtout de professionnels dans la mi-trentaine et venue de Montréal, d'Ottawa ou de Québec, était venue constater. Pour plusieurs, l'esprit stimulant des camps de vacances leur manquait, tout simplement. "Hey, Renaud, tu as fait des sciences avancées, non ? Tu dois être capable de lire l'heure en regardant la position du soleil ?", que je lui ai demandé, en espérant que quelqu'un puisse me l'enseigner.

   "Euh. Non. Ben attends..." On a donc scruté le ciel pour essayer de comprendre. À ce moment-là, il n'y avait vraiment rien de mieux à faire.


¤¤¤

(La poésie échappant, de peu, à la Mort.
Allégorie)



¤¤¤
Benoît Barvin

jeudi 26 juin 2014

"Cette pomme bio était empoisonnée par le manque d'engrais chimique". Jacques Damboise in "Pensées à contre-pied".

£££
Pensées pour nous-mêmes:

(LA VIE ATTEND DE TOI
QUE TU VIVES)

£££

(La femme à la tête coupée, je lui avais coupé la chique)


(via lotusgurl)

£££

(Ami américain montrant sa sollicitude
envers un de ses alliés collabos)



Et l’Amérique dit à l’Europe : 
mes caprices seront vos désordres !


   (...) L’animadversion des Américains pour la France est ancienne et revendiquée, les manuels d’outre-Atlantique la datent de l’assassinat en 1754, sur la Frontière, du comte de Jumonville par un colonel des milices de Virginie du nom de George Washington. 270 ans plus tard l’offensive se poursuit, étendue à cette Europe prétendue kantienne dont les Américains ne comprennent pas qu’elle ait exclu la guerre de son horizon. Concomitamment au sacrifice ukrainien demandé par le président américain à nos Marie-Louise de l’OTAN, nous voilà sommés de rembourser le duché de Moscovie pour deux navires vendus, par celui-là même qui, ayant exigé hier que nous quittions le marché perse, s’est empressé de nous y remplacer. Son vice-président n’a t-il pas déjà placé son fiston dans le gaz ukrainien ? 

   Car l’Amérique est prête à combattre jusqu’au dernier Légionnaire et au dernier contrat de la dernière entreprise française, il faut que les choses soient claires au Kremlin comme à Téhéran, sur ce point, elle ne transigera pas. Un de nos établissements financiers est d’ailleurs menacé d’une amende de plusieurs milliards pour avoir violé les lois d’embargo votées par le Congrès. Before they ask us to pay the bill…

   Mais de leur côté les Etats-Unis ont confirmé l’achat d’hélicoptères russes pour l’entrainement de ce qu’ils appellent sans rire l’armée afghane, et ne peuvent se passer ni des lanceurs russes pour monter dans l’ISS, ni des moteurs russes pour leur seul lanceur depuis la mise au musée des navettes spatiales. That’s why the Lady is a tramp ! Mais faites ce que je dis et surtout pas ce que je fais !

   Et on va faire ce qu’ils nous disent de faire. Cet American Komintern, dont il faut taire le nom, n’aura pas placé pour rien au sommet de l’Etat, Château compris, une demi-douzaine de ses anciens pensionnés devenus ses redevables. Mais l’ancien président de la République n’avait-il pas montré l’exemple, et renvoyé l’ascenseur après la nomination de son demi-frère Olivier dans l’équipe dirigeante du groupe Carlyle, en envoyant l’armée française dans le merdier afghan et en réintégrant l’OTAN ? Ne rigolez pas, disait Coluche, c’est encore avec votre argent ! Comme ironisait un dessin de presse paru il y a quelques mois, si chaque nouveau président nous fait regretter le précédent, on n’ose imaginer à quoi ressemblera le prochain.

   Hier donc, c’était Sedan, aujourd’hui c’est Rethondes, sauf que cette fois-ci les Allemands, qui ont quelque réflexe de survie, n’iront pas s’assoir du même côté de la table que nous dans le wagon de la capitulation. Et si on devait mesurer notre vassalisation à l’absence de sens du ridicule de ces barons d’une République redevenue IVe, petits marquis dont le seul horizon intellectuel consiste, pour reprendre un mot d’Engels, à ériger leur propre impatience en argument théorique, on pourrait dire que c’est déjà demain : Montoire.


£££

(Cette nouvelle religion, au moins, ne vous
bourrait pas le mou)


(Source: kamasitra, via aventure-digitale)

£££
Benoît Barvin

mercredi 25 juin 2014

"Cet homme branché n'était pourtant pas électricien". Jacques Damboise in "Pensées à contre-pet".

¤¤¤
Pensées pour nous-mêmes:

(L’ARAIGNÉE QUE TU AS
AU PLAFOND, NOURRIS-LA BIEN)

¤¤

André Harvec, 

    de son vrai nom André Hervé, (né le 3 juillet 1918 à Saint-Nicolas-de-Redon, en Loire-Atlantique) est un dessinateur humoriste et auteur de bande dessinée français. Ses dessins ont paru dans de nombreux journaux, tant en France (France Soir, France Dimanche, Ici Paris, Le Hérisson, Marius, Jours de France…) que dans le reste de l'Europe (Daily Mirror, Die Welt, Le Soir…). Il est également l'auteur des bandes dessinées « Freluquet » et « Bob Flapi, athlète complet » qui ont paru dans l'hebdomadaire "O.K l'hebdomadaire de la jeunesse".

    Un des signes particulièrement distinctifs de ses dessins correspond à sa signature « a. harvec » écrite en caractères manuscrits et prolongée par une toile d'où est suspendue une petite araignée.

   Son humour est bon enfant, jamais graveleux, son dessin est toujours précis et l'ensemble fleure bon les années 60/70.


¤¤¤


¤¤¤


¤¤¤


¤¤¤




¤¤¤
Blanche Baptiste

mardi 24 juin 2014

"Pendant la nuit, les cordes vocales de la Soprano fredonnaient du rap". Jacques Damboise in "Pensées inconvénientes".

@@@
Pensées pour nous-mêmes:

(LA MORT DU MAÎTRE N'EST QU'UN ENVOL)

@@@

(Miss Glenda avait retrouvé son âme d'enfant)

@@@

(Vol de jolies punaises en chambre)


Punaises de lit : 
c’est l’homme qu’il faut épingler !




   (...) « C’est un vampire qui vient vous piquer la nuit, quand vous êtes au repos. Et il vous pique longtemps, quinze minutes environ. Alors, très vite, vous ne lisez plus, ne regardez plus la télé, ne dormez plus. Vous n’osez plus rien faire. » Angoissant film d’horreur. Et pourtant si réel : le professeur Pascal Delaunay, parasitologue au CHU de Nice, ne fait que décrire le calvaire enduré par tous ceux qui préfèreraient être fakirs plutôt que de passer leurs nuits avec des punaises dans le lit. Et la fin du scénario est bien cruelle, car l’homme est au final responsable du come-back de cette bébête qui était pourtant à deux doigts d’être éradiquée il y a quelques années.

   Entre Homo sapiens et Cimex lectularius, c’est une très longue histoire. La punaise de lit est l’un des plus vieux parasites avec lequel l’homme partage, à son corps défendant, sa couche. Cette bestiole de 6 mm ne se nourrit que d’hémoglobine. Bien tapie dans les recoins difficiles d’accès de nos maisons, elle sort de sa tanière tous les trois ou cinq jours pour s’en abreuver. Sur nos dos, bras, cuisses, ça se traduit par des piqûres rouges, souvent gonflées, qui disparaissent généralement au bout de quelques jours. Heureusement, la punaise de lit n’est le vecteur d’aucune maladie infectieuse. Mais, en plus des lésions dermatologiques visibles – dans certains cas très douloureuses –, ce nuisible peut être à l’origine « d’angoisses parfois profondes », explique Pascal Delaunay.(...)

   « Autrefois, on vivait en équilibre avec la punaise, rappelle-t-il. Des images du XVe siècle représentent des personnes dans leur lit, avec des poux sur la tête, des punaises sur le corps, et des cafards sur le mur. » Sans regretter ce temps où on ne cessait de se gratter, il constate que la chimie est venue remettre en cause cette « symbiose » toute relative. Au début de la Seconde guerre mondiale, le DDT, un puissant insecticide, fait ses preuves sur le champ de bataille (pour lutter contre les poux et les insectes). On a ensuite utilisé ce traitement anti-bestioles dans les maisons, contre les moustiques, mites, cafards, etc. Les punaises en ont aussi été les victimes. De plus, l’hygiène de l’habitat s’est nettement améliorée. Car si leur apparition dans les maisons n’est en rien liée à la saleté, leur prolifération est facilitée par un ménage un peu trop rapide.(...)

   Entre 1950 et les années 2000, les punaises ont donc presque disparu. Depuis quelques années, elles font leur grand come-back. Notamment parce que les transports internationaux ont explosé et les punaises – ou leurs œufs – sont des passagers clandestins très discrets dans nos valises. Elles peuvent y rester six mois à jeûner, et les œufs peuvent éclore un an après...

   Par ailleurs, le DDT est désormais interdit, de même qu’une série d’autres insecticides très efficaces mais neurotoxiques et nuisibles à bien d’autres petites bêtes ailées (coccinelles, abeilles, etc.). Ajoutez à cela « des exterminators, puisque c’est comme ça qu’on appelle les désinsectiseurs aux Etats-Unis, qui n’ont pas bien fait leur travail de manière assez minutieuse. Résultat, certaines ont développé des résistances », explique David Sanigou, responsable de la société K3D qui gère le site Punaises.fr (il revendique un million de visiteurs par an !). (...)

   (...) L’Amérique du Nord a connu une flambée en 2009-2010, suivie par l’Asie puis l’Europe. La France a subi « sa pointe d’infestation à l’hiver 2012 », explique-t-il. Les sociétés de désinsectisation interviennent au moins trois fois plus souvent aujourd’hui qu’en 2005 contre ce parasite. « Un hôtel sur quatre à Paris a au moins une chambre infestée dans l’année. Un gîte sur deux l’est sur le chemin de Compostelle et le GR20 en Corse. Personne n’est à l’abri », poursuit David Sanigou.

   Pour éviter d’être infesté, des gestes simples existent : commencer par bien repérer les nids (fentes du plancher, cordon du matelas, structure du lit, cadre d’un tableau, papier peint décollé, etc.), aspirer ces endroits, utiliser une machine à vapeur car ces bêtes meurent au delà de 60°C, etc. Jeter sa literie ne sert à rien, car la source peut aussi bien être dans les plinthes ! En tout cas, il ne faut jamais mettre de mobilier infesté dans la rue, au risque de propager ce fléau. De même, il est déconseillé d’acheter de la literie sur des sites de vente entre particuliers ou dans des brocantes. Quand on dort dans un hôtel ou un gîte, il faut laisser son bagage le plus loin possible du lit afin que la punaise repue n’aille pas s’y réfugier pour digérer. « Le mettre à trois mètres divise par 100 le risque de ramener des punaises chez soi », poursuit David Sanigou.

   Si ces moyens mécaniques ne suffisent pas, des traitements chimiques à base de retardateurs de croissance peuvent compléter l’arsenal. Ils empêchent les larves de muer et les adultes de se reproduire. Mais cela prend quatre à six semaines avant d’en être débarrassé. Ce qui laisse largement le temps de ne plus dormir... (...)

   (...) Des draps tachés de sang peuvent être le signe qu’une punaise en train de se nourrir a été écrasée quand on a bougé dans son sommeil. On peut également détecter la présence des punaises en pliant un bout de carton en deux, qui constitue une cache naturelle pour ces bestioles, ou faire appel à des chiens renifleurs (il n’en existe que trois en France !), qui reconnaissent l’odeur âcre caractéristique de l’insecte et s’arrêtent devant les foyers d’infestation. Il existe aussi des pièges attractifs à base de gaz carbonique ou de chaleur.

http://www.terraeco.net/Punaises-de-lit-c-est-l-homme-qu,55585.html

@@@

(Ces nouvelles tondeuses à dents n'eurent qu'un faible succès)


Help! (1965) dir. Richard Lester

@@@
Luc Desle

lundi 23 juin 2014

"Ses voisins Morts-Vivants étaient quand même mortellement ennuyeux". Jacques Damboise in "Pensées à contre-pet".

@@@
Pensées par nous-mêmes:

(L'HARMONIE DU MONDE
EST-ELLE DANS LA TOILE DE L’ARAIGNÉE?)

@@@

(L'Espionne travaillant pour les anti-tabacs avait plus
d'un tour dans son sac pour piéger ses victimes)



@@@

(Modernité de l'EIIIL)



La toute fin des chrétiens d’Irak 

Bachir El Khoury


   (...) Après la prise de Mossoul par l’EIIL, Georges Casmoussa, ancien archevêque syriaque catholique craint que cette ville, comme d’autres dans le pays, ne se vide définitivement de ses fidèles.

   Ils représentent 2% de l’ensemble de la population irakienne, contre 20% en 1932 et 5% à la veille de l’invasion américaine en 2003. Depuis la chute de Saddam Hussein, et l’enlisement du pays dans la spirale de la violence et du terrorisme, leur nombre n’a cessé de diminuer. Aujourd’hui, les chrétiens, dont le nombre est déjà en nette réduction dans tout le Moyen-Orient, risquent de disparaître d’un des plus vieux berceaux du christianisme.

   A Mossoul, tombée aux mains des djihadistes de l’Etat islamique d’Irak et du Levant (EIIL) dans la nuit du lundi 9 juin, ils étaient 30.000, sur une population totale de deux millions d’habitants majoritairement musulmans, à résider encore dans cette ville-clé de la présence chrétienne en Irak. «Aujourd’hui, il ne reste plus qu’une cinquantaine de familles chrétiennes, tout au plus», assure Monseigneur Georges Casmoussa, ancien archevêque syriaque catholique de cette ville, dans laquelle il avait été lui-même enlevé par un groupe islamiste en 2005.

   A pied ou en voitures, ils ont tout laissé derrière eux, à l’annonce de la chute de la ville, certains fuyant vers les zones les plus proches, notamment à Qaraqosh, la plus importante ville chrétienne de la province de Ninive, d’autres prenant le chemin d’Erbil et de Duhok, au Kurdistan, pour s’éloigner le plus du danger qui les guette. «L’accès à ces deux villes étant rigoureusement contrôlé par les forces de sécurité kurdes, un camp de fortune a été aménagé à la hâte aux abords de ces localités pour accueillir les réfugiés», raconte Mgr Casmoussa.

   D’autres enfin ont trouvé refuge dans le couvent de Mar Matta, situé non loin de la province kurde. «Ce n’est pas la première fois que le monastère accueille des chrétiens, nous avons déjà vécu ce scénario au moins à deux reprises, mais les fois précédentes ils étaient moins nombreux. Cette fois-ci, le couvent était submergé», souligne le responsable religieux, auteur de «Jusqu’au bout», un livre témoignage sur les chrétiens d’Irak. (...)

   (...) Depuis Beyrouth, où il réside actuellement, l’ancien archevêque de Mossoul, évoque un nouveau coup dur pour les fidèles chaldéens, syriaques, nestoriens et arméniens, qui constituent les principales communautés chrétiennes en Irak. «Chaque épisode de violence appauvrit un peu plus la force morale des chrétiens, et accroît leur incertitude dans le futur», assure le responsable religieux.

   Aujourd’hui, à Mossoul, qui compte une trentaine d’églises, dont certaine datent du VIIe siècle, un séminaire et une poignée d’écoles chrétiennes, il n’y a plus aucun prêtre«Un de mes amis, le père Pio a quitté les lieux à la hâte avec sa chemise et son pantalon, sans rien d’autre. Pourtant il fait partie des plus optimistes, il était engagé jusqu’au bout. Quand je l’ai eu au téléphone il m’a dit: «à chaque fois je vous disais qu’il n’y avait rien, mais maintenant on peut s’attendre à tout”», relate l’homme d’Eglise. (...) 

   (...) Les fuyards ont tous à l’esprit les taxes imposées aux chrétiens par l’EIIL à Raqqa en Syrie, comme une réinstauration de la jezzia, impôt historiquement prélevé par les conquérants musulmans auprès des populations non-mahométanes. Dans cette ville conquise par le groupe djihadiste, des codes vestimentaires ont également été imposés aux femmes par la Commission de la Charia, l’aile juridique de l’EIIL qui veille à l’application d’une interprétation stricte du code islamique.

   A Mossoul, où d’après Mgr Casmoussa, «l’Etat islamique avait une certaine influence depuis quelques temps», aucune agression ou restriction à caractère confessionnelle vis à vis des chrétiens n’a encore été recensée. «Pour l’instant, ce qui nous rassure, c’est la conduite des “envahisseurs” vis-à-vis des civils. Lorsqu’ils sont arrivés, ils ont demandé par haut parleur aux gens de regagner leur travail. Ils gardent les institutions, il n’y a pas beaucoup d’hommes armés dans la ville et les églises sont intactes», relate le responsable qui s’interroge sur la visée des insurgés et la signification de cette offensive.

   «Si l’on considère que l’objectif de l’EIIL est d’envahir tout le territoire, et d’instaurer un califat musulman, alors les chrétiens sont directement menacés. En revanche, s’il s’agit d’une bataille politique entre chiites et sunnites, entre le gouvernement central et des fractions opposées, dans ce cas là nous serons moins en danger», analyse Mgr Casmoussa. Le ton grave, il espère que ce départ soit provisoire et que les habitants finissent par rentrer chez eux. «Il ne faut pas croire que dans la conscience des chrétiens qui ont quitté la ville, c’est pour toujours. La route est ouverte, ils viennent voir leurs maisons et repartent».

   Quand bien même les chrétiens ne seraient pas l’objet de persécutions ciblées, ils restent, à l’instar de tous les Irakiens, soumis à une forte insécurité. Si la majorité des attaques terroriste vers les lieux de culte ont eu dans des mosquées, rappelle Mgr Casmoussa, les chrétiens subissent une pression supplémentaire du fait de leur position minoritaire.

   Rares sont les chrétiens ayant eu accès à des postes clés au sein de l’administration publique ; ils sont systématiquement subordonné par un responsable musulman. «Il y a des pressions pour changer le pourcentage démographique dans les villes et villages chrétiens au nord de l’Irak, au Kurdistan et du cote de Mossoul. Certaines lois ont été votées pour établir des quartiers, construire des mosquées ou distribuer des terrains à des musulmans venus d’ailleurs», affirme le responsable religieux. 

   Les gouvernements en place n’ont rien fait pour rassurer les chrétiens, dit Mgr Casmoussa : «On assiste à beaucoup de discours de bonne volonté, mais concrètement aucune loi antidiscriminatoire n’a été votée.» L’entrée en jeu de l’EIIL est un nouvel ingrédient explosif dans le contexte irakien. Un embrasement sécuritaire signifierait une accélération de l’exode des chrétiens: «Quelle garantie puis-je offrir aux jeunes qui viennent de fonder une famille? Ceux qui n’ont pas déjà subi des agressions physiques ou des menaces d’assassinat se demandent quand viendra leur tour.»


@@@
Luc Desle