Bonjour à vous qui, dans le maelström du net, êtes arrivés, par hasard? lassitude? erreur? sur ce blog. Vous êtes les bienvenus. Vous y lirez des extraits d'articles, de pensées, d'interviews, piochés ça et là, et illustrés de photos et dessins détournés, via un humour de bon aloi. Vous pouvez évidemment réagir avec le même humour, la même ironie que nous mettons, chaque jour, à tenter de respirer un peu plus librement dans une société qui se corsète chaque fois un peu plus.

lundi 28 juillet 2014

"C'est à pas cadencés que les robots poètes filent faire la fête afin de se beurrer". Jacques Damboise in "Pensées poétics".

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Pensées pour nous-mêmes:

(UN GRAIN DE RIZ 
EST LE DÉBUT DE TA FORTUNE)

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(Cette Blonde foulait aux pieds la Littérature,
la Vilaine...)



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MOYEN-ORIENT

Le Kurdistan prépare son indépendance

BEN VAN HEUVELEN
THE WASHINGTON POST

   Les forces militaires du Kurdistan, connues sous le nom de peshmergas (“ceux qui bravent la mort”), ont repris la plupart des positions abandonnées par l’armée nationale dans le nord du pays, élargissant ainsi nettement la zone sous contrôle kurde. 

   Les Kurdes viennent également de franchir une étape importante vers l’indépendance économique en renforçant leur partenariat stratégique avec le gouvernement turc. Fin mai, ils ont commencé à exporter du pétrole grâce à un oléoduc traversant la Turquie, dont les recettes devraient atterrir sur un compte bancaire détenu par les Kurdes, et non dans les caisses du Trésor irakien. 

   Depuis le début de l’année, le Premier ministre irakien, Nouri Al-Maliki, a répliqué aux ambitions pétrolières kurdes en supprimant la dotation mensuelle de la région prélevée sur le budget national. L’Etat irakien a également déposé une demande d’arbitrage international à l’encontre de la Turquie pour avoir favorisé ces exportations, considérées par Bagdad comme de la contrebande, et a menacé de poursuivre en justice quiconque se porterait acquéreur de ce pétrole. 

   Dans un tel climat de tension, Arbil, la capitale du Kurdistan, n’a aucune envie d’apporter un soutien militaire, de quelque nature qu’il soit, à Maliki.“L’Etat irakien prend les Kurdes en otages et il serait déraisonnable de sa part d’attendre que ceux-ci lui viennent en aide au vu des circonstances sans accéder à certaines de leurs requêtes”, analyse un conseiller de l’Etat kurde qui préfère garder l’anonymat. Les peshmergas affirment qu’ils n’ont pas essayé d’évincer l’Etat islamique en Irak et au Levant (EIIL) des territoires dont ils ont pris le contrôle. 

   “Dans la plupart des régions, on les laisse tranquille et eux aussi nous laissent tranquilles – ainsi que les civils”, assure le général de corps d’armée Shaukur Zibari, un des chefs peshmergas. Plusieurs années durant, les Etats-Unis ont essayé de négocier des accords visant à rapprocher Erbil et Bagdad, mais ces efforts ont été vains, les deux camps ayant des visions diamétralement opposées de l’avenir du pays. Alors que Maliki a plaidé en faveur d’un contrôle centralisé – notamment sur les ressources pétrolières, qui représentent 95 % des recettes de l’Etat –, les Kurdes ont exigé que la Constitution leur accorde une autonomie quasi totale. (...)

   (...) Le climat est devenu tellement tendu ces derniers temps que des chefs de file kurdes ont laissé entendre que, faute de concessions de la part de Maliki, ils organiseraient un référendum sur l’indépendance – lequel verrait à coup sûr une victoire du “oui” dans un contexte de regain du nationalisme kurde. Les tensions ont également été aggravées par les différends territoriaux. 

   Après la chute du régime de Saddam Hussein, qui avait orchestré des campagnes d’épuration ethnique, plusieurs groupes ethniques ont revendiqué une bande de terre qui s’étend à travers le pays, profitant du non-règlement de la question de la frontière officielle entre le Kurdistan et l’Irak fédéral. L’épicentre symbolique de ces querelles est la ville pétrolière de Kirkouk, que certains ont baptisée la “Jérusalem des Kurdes”. 

   Le 10 juin, après le départ de l’armée nationale, des drapeaux kurdes ont été hissés à la place des drapeaux irakiens, et Jabbar Yawar [porte-parole des peshmergas] a déclaré que les forces kurdes “[contrôlaient] désormais la ville de Kirkouk et sa région”. Des responsables kurdes ont fait savoir que même les sites pétroliers de l’Etat irakien étaient désormais sous la garde des troupes kurdes. 

    (...) A l’heure où ils tentent de consolider leur territoire, les Kurdes, qui n’ont pas d’accès à la mer, ont besoin d’un poumon économique, et se sont pour cela tournés vers la Turquie. L’empressement de la Turquie à faciliter cette autonomie marque un revirement spectaculaire de la part du Premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan, dont l’administration s’est inquiétée autrefois d’un Kurdistan irakien indépendant qui risquait de donner des idées à la minorité kurde de Turquie. Erdogan s’est finalement laissé convaincre, au vu des convergences d’intérêts, et notamment de la demande énergétique croissante de la Turquie. En outre, le Kurdistan irakien sert aujourd’hui de zone tampon entre la Turquie et le Sud, où règne l’anarchie, dans un contexte de montée en puissance de l’EIIL.

Repères: 

   Le Kurdistan d’Irak est autonome depuis les années 1990. Ce statut s’est renforcé dans l’Etat irakien fédéral mis en place après la chute de Saddam Hussein, en 2003. La région possède son propre gouvernement et ses propres institutions. Elle a connu en une décennie un développement économique rapide, notamment en raison de sa stabilité et de sa sécurité en comparaison du reste de l’Irak. 

   La zone pétrolifère de Kirkouk, très disputée, a été récupérée par les peshmergas (l’armée kurde) après la déroute de l’armée irakienne. Environ 5 millions de Kurdes vivent dans cette région, sur les 28 millions de Kurdes disséminés sur quatre pays (Irak, Iran, Turquie, Syrie). Des milliers d’Irakiens cherchent refuge dans la région autonome depuis le début de l’offensive des djihadistes de l’EEIL .


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(La Fille qui fumait trop finit en fumée)



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Benoît Barvin

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